☥ NOM COMPLET - katō amélie. ☥ SURNOM - pour votre sécurité, mieux vaut ne pas lui en donner. Le seul qu'elle tolère est Lily. ☥ ÂGE, DATE ET LIEU DE NAISSANCE - 23 ans, née le 18 juillet 1990 à Marseille, France. ☥ SITUATION AMOUREUSE - célibataire. ☥ ORIENTATION SEXUELLE - hétérosexuelle. ☥ ETUDES OU METIER - inspectrice principale au NRIPS (National Research Institute of Police Science). ☥ CLASSE SOCIALE - aisée. ☥ ORIGINES : franco-japonaise. ☥ MOT REPRÉSENTATIF - détermination. ☥ JE SUIS UN - civil. ☥ T'ES QUOI ? personnage inventé.

   
   Annyeonghaseyo, je ileum-eun gato amellia ibnida. Jeoneun nyuyog eseo balo jegongdoebnida. Milaee nal dolbwa juseyo! Les autres membres de la brigade de snipers du NRIPS la dévisagent avec des yeux ronds. La jeune femme aux traits nippons qui se tient fièrement devant eux s’est présentée entièrement en coréen avec un infime accent étranger. Et ils n’ont encore rien vu. Quand elle commence à converser dans un coréen parfait avec leur ancien chef dont ils fêteront sous peu le départ à la retraite, ils en restent tous bouche-bée.

Amélie Katō est née à Marseille. Pourtant, elle n’a pas l’air marseillaise, ni même française. Et pour cause. Son père est purement japonais et sa mère française. Nous ne nous attarderons certainement pas sur le passé de la famille qui est loin d’être passionnant. Tout ce qu’il est nécessaire de savoir est que la jeune femme est née dans une famille plus qu’aisée. Très tôt, Amélie a montré des différences. Elle faisait tout plus tôt que les autres. Marcher, parler, lire, compter. Tout. Elle était différente et cela s’est très vite ressenti, surtout dans les petites classes. On le sait tous, quand ils sont petits, les enfants ont tendances à dire des choses qui ne sont pas toujours très agréables. La vérité sort de la bouche des enfants, paraît-il. Amélie, cependant, en a beaucoup souffert. Brimée et moquée, elle se réfugiait dans la première chose qui lui passait sous la main, les devoirs et les études. C’est à neuf ans que la petite fille est diagnostiquée avec un QI de 145. C’est un résultat extrêmement étonnant pour une fillette de son âge. Mais cela expliquera plus tard bien des détails, comme les deux classes sautées. Elle est passée directement de la sixième à la quatrième sans passer par la case départ. Il y avait aussi son habilité à apprendre et parler plusieurs langues. Entre le français, le japonais, l’anglais, l’italien et le coréen, elle en a surpris plus d’un. La petite fille est surdouée, cela ne fait aucun doute.

Plus tard, elle décide de suivre des études d’économie. Elle veut rendre les gens heureux en les aidant à gagner de l’argent. C’est un but un peu illusoire et onirique, mais cela fait sourire ses parents. Pour eux, c’est une belle carrière, encore plus si elle plait à leur fille. La jeune femme est brillante. Elle réussit tout ce qu’elle entreprend. Elle est souriante, belle et douce. Bref, elle n’est pas loin de la femme parfaite. Elle est allée au lycée à New York et s’est inscrite dans la section économie de l’université de Tokyo. Toute sa vie a changé deux mois après son arrivée. A l’université, elle a retrouvé son meilleur ami Saito, celui avec qui elle a passé toute son enfance en France avant de partir aux États-Unis. Ils ne suivent pas le même cursus mais passent le reste de leur temps collés l’un à l’autre. Et puis, il y a eu le 5 mai 2011. Amélie et son ami avaient décidé d’aller faire des courses au centre commercial de Shibuya, la tour 191. Cela devait être un après-midi comme un autre. Ils rigolaient, s’amusaient à essayer des habits du sexe opposé, et puis une multitude de coups de feu ont retenti, les grilles du rez-de-chaussée et du premier étage se sont fermées sur les clients. Ils étaient quinze. Sans doute pas assez pour dompter la foule et pourtant. Ils ont isolé un petit groupe, les ont entraînés dans une boutique qu’ils ont proprement barricadée avant de relever les grilles principales. Amélie et son ami étaient de ce groupe. Ils étaient de ceux enfermés dans la boutique. Des terroristes, disaient-ils. Et ils osaient s’en vanter en plus. Et que voulaient-ils ? Le chaos. Tout simplement. Et assez d’argent et l’immunité pour pouvoir quitter le pays. Ils voulaient tout cela au bout d’une heure. A chaque heure de retard, ils tuaient un otage.

Et Saito a décidé de jouer aux héros. Quinze contre un, comme s’il allait avoir une chance. Malgré les hurlements terrifiés d’Amélie qui luttait pour se libérer de ses propres tours de scotch enroulés autour de ses poignets, il a réussi à se délivrer des siens et s’est rué sur un des terroristes. Celui-ci n’a pas hésité une seule seconde à lui loger une balle entre les deux yeux, l’abattant sur le coup, avant de vider son chargeur sur lui. Amélie ne se souvient plus de rien à partir de là. En réalité, elle hurlait tellement qu’un autre homme est arrivé derrière elle et l’a assommée d’un coup de crosse, sa tempe opposée heurtant le coin d’un bureau. Quand elle a ouvert les yeux, tout était blanc autour d’elle. Mais ce n’était pas le blanc apaisant d’un paradis où elle aurait pu retrouver son ami. A la place, c’était le blanc aveuglant d’une chambre d’hôpital. Ce qu’il s’était passé entre le moment où elle a été assommée et le moment où elle s’est réveillée lui a été raconté quatre jours plus tard, par un inspecteur de police. Si Saito n’avait pas fait de vague, tous auraient été sauvés à temps. La police avait réussi par miracle à faire un raid à l’intérieur de la boutique au bout de quarante-neuf minutes, à sauver tout le monde et à tuer les coupables. Amélie était effondrée. Effondrée et dégoûtée. Pourquoi tuer les coupables et les libérer d’une vie en prison alors qu’ils auraient pu être incarcérés et regretter leurs actes toute leur vie, vivant avec la mort d’un homme sur la conscience ? Pourquoi s’abaisser au niveau de ces types en les tuant plutôt que leur faire regretter d’avoir fait cela ? Ce genre de vengeance ne lui convenait pas du tout.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Amélie n’en a pas voulu à la police. Après tout, ils étaient arrivés à temps. Saito est le seul à pouvoir être blâmé. Foutu hero. C’est pour cette simple raison que la jeune femme a décidé de changer de voie. Parce qu’à cause de ces types, un homme est mort et sa disparition a rendu des dizaines de personnes tristes. Voir la famille de son meilleur ami triste l’a rendue folle de rage. Sans trop attendre ni réfléchir, elle a complètement changé de cursus pour s’engager à l’Ecole Nationale Supérieure de Police. Deux ans d’études au Japon puis la dernière année aux Etats-Unis. C’est une soirée lors de ses premiers mois là-bas qu’elle est devenue la femme impulsive et manipulatrice qu’elle est aujourd’hui. Il était tard. Elle avait étudié tard à la bibliothèque de l’université qui, par force des choses, était située à plusieurs centaines de mètres de l’université elle-même. Une voiture arrivait derrière elle. La musique à fond malgré la nuit tombée depuis longtemps, cinq types à l’intérieur qui hurlaient et riaient tous en même temps. Dès que j’ai entendu la musique à fond, j’ai compris qu’il n’était pas bon pour moi d’être toute seule dans cette rue. C’est ce qu’elle s’est dit, quatre semaines plus tard, en fixant son docteur droit dans les yeux avec un regard impassible. Elle lui a immédiatement demandé de prendre un rendez-vous pour elle à l’hôpital au service de gynécologie. Quand elle en est ressortie, son expression n’avait pas changé. Impassible. Personne n’a jamais eu vent de cette histoire. Elle n’en a parlé à aucun, n’a raté aucun cours, n’a fait aucune vague.

Amélie a terminé brillamment son année, ayant déjà obtenu un poste au NRIPS de Séoul avant d’être diplômée. Personne n’a jamais eu vent de son passée. On ne pourrait pas s’en douter en la voyant se tenir droite devant une équipe composée uniquement d’hommes. Elle soutient leur regard jusqu’à ce qu’ils baissent le leur. Un petit sourire satisfait se forme sur ses lèvres. Et cela restera ainsi.
   

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