Aujourd'hui j'avais envie de faire quelque chose de mal. Quelque chose de répréhensible mais avant tout quelque chose pour ma frat' ou quelqu'un de ma frat' ! Assise dans le salon du QG des bluings, je me triturais les méninges comme une folle. Il devait bien y avoir quelque chose à faire non ?
Me levant tout à coup de mon siège, je faisais le tour de la pièce, tombant par hasard sur une caisse remplie de bombe de peinture. En prenant une dans ma main, j'entendais bientôt la voix de Bok' s'élever derrière moi. Le capitaine n'avait pas l'air très zen. « AH CETTE BOYUNG.. -censure- » Le regardant avec de grands yeux, un sourire étira bientôt mes lèvres. Apparemment j'avais trouvé ce que je pouvais faire. Pauvre Bo Yung.. on ne se connaissait pas du tout mais s'attaquer au président, c'était ajouter son nom sur ma liste de victime. J'étais après tout une disciple zélée des bluings et tout le monde commençait à la savoir maintenant sur le campus. J'avais une bonne petite réputation..
Glissant donc la bombe de peinture dans mon sac, je saluais d'un air enjoué Bok' et d'un pas léger je filais dans les jardins du campus. Il allait falloir faire preuve d'imagination et de discrétion. C'est que je n'avais pas envie de finir encore une fois en colle et bien qu'avec Hansol ça se soit passé sans problème, ce n'était pas à refaire. Je m'étais quand même fait royalement chier et j'avais eu le temps de repeindre mes ongles de toute les couleurs. Bref, le sujet n'était pas là. Arrivée devant un panneau d'affichage décoré d'un tas d'affiches inutiles, je posais mon sac à mes pieds et pianotant sur mon portable, il ne suffit que de quelques minutes avant d’obtenir le numéro de Bo Yung. Information utile pour la suite des opérations. M'emparant alors de la bombe de peinture après avoir jeté un coup d'oeil de droite à gauche, histoire de m'assurer qu'on ne m'épiait pas, je commençais à écrire avec application le fameux numéro de la jeune femme. Une fois cela fait, je vérifiais toujours qu'on ne m'épiais pas, remontant mon tee shirt sur mon nez, vissant mieux ma casquette sur la tête et j'ajoutais là une petite phrase de mon cru. « Je suce gratis, appelle moi~ » Un sourire se dessinant déjà sous mon tee shirt, je rangeais rapidement la bombe dans mon sac et m'essuyais les mains sur mon jean troué. Le résultat n'était pas mal. Le rouge ressortait vraiment bien sur toutes ces affiches blanches. On ne pouvait vraiment pas loupé ce petit message perso et prenant rapidement une photo de mon forfait, je l'envoyais à Bok' par mms.
Ma petite plaisanterie étant terminée, je repartais en direction du QG des bluings pour aller annoncer à qui voulait l'entendre qu'il y avait des choses à voir dans le jardin à présent !
Il faisait chaud et beau, le jour parfait pour un remake d'un indien dans la ville. Manshik traînait de nouveau près des buissons, dans le jardin du campus et les gens autour de lui ne semblaient pas le moindre du monde choqués de le voir déguisé en indien. Des jumelles qui pendaient autour de son cou, il semblait guetter les alentours en s'immobilisant, se redressant tantôt parfois trop brusquement, ou trop lentement, il observait les environs, une main sur son front. Ensuite, il repartait vers les fougères et était même tombé dedans à maintes reprises à cause de son petit manège. À sa ceinture de guerrier était accroché une gameboy et un téléphone nokia 3310 où divers autocollants de Jabba décoraient la coque. Quand il partait en mission comme aujourd'hui, il préférait ne pas prendre de risque en emmenant un téléphone couteux qui pouvait se casser. Et avec sa brique, il ne risquait rien en cas de course ou de cascade parce que Manshik était sûr et certain d'être la version asiatique de Rambo mixé à James Bond. D'ailleurs il tâtait ses muscles en tentant vainement de les faire sortir en pliant son bras quand il entendit un bruit de bombe de peintures. Relevant la tête, il aperçut un semblant de courbes féminines devant le panneaux d'affichages qui semblait écrire quelque chose avec sa bombe de couleur rouge. Il pencha la tête et finit par tilter. « NOM D'UN PETIT BONHOMME. » Il tâta sa ceinture précipitamment, les sueurs froides déjà présentes. Il ne trouvait pas son talkie-walkie, il l'aurait oublié ?! Se tapant le front avec la paume de sa main, il attrapa son téléphone portable en dernier recours et composa l'un des premiers numéros. Il chuchota : « ALLÔ ? Y A UNE MEUF LE TEE-SHIRT RELEVÉ DANS LES JARDINS ON VOIT TOUT, CODE BLANC CODE BLANC JE RÉPÈTE. NOUS AVONS DE LA DENTELLE. » Il fit une galipette à même le sol, maintenant son portable contre l'oreille tandis qu'il essayait de s'approcher le plus discrètement possible. « J'ESSAIE DE M'APPROCHER DE LA CIBLE. JE DEMANDE DES RENFORTS. JE N'AI PAS D'APPAREIL PHOTO ALORS JE VAIS TÂCHER D'OCCUPER LA CIBLE. JE VOUS ATTEND. » Et il raccrocha précipitamment. Manshik releva la tête après s'être planqué dans un buisson mais eut la désagréable surprise de ne plus trouver la fille qui avait disparue. Diantre ! Il s'avança vers le panneau dégoûté d'avoir laissé passer une telle occasion... Son regard fut attiré par des écritures rouges. L'asperge s'approcha un peu plus près, stupéfait par ce qu'il lisait. Il utilisa une nouvelle fois son téléphone et composa cette fois-ci le numéro d'inscrit. Tout ce qui lui répondit ne fut pas une douce voix digne de plus chauds téléphones roses mais juste une tonalité occupée. Ce n'était décidément pas son jour.
Quand j'ai vu l'annonce, j'étais putain d'heureux. Je me suis dis qu'enfin je pourrais faire quelque chose de bien, partager ma passion de la turlute et faire ma BA de l'année. Mais non, l'autre, elle a pas voulu. Je lui ai envoyé un message tout gentil et tout, je me suis même soucié de sa santé et elle me rembarre comme une grosse merde. Ok. Et elle m'a tapé sur les nerfs, a m'insulter de singe et pédé avec Bok là. Du coup, je me suis débrouillé pour trouver son nom, pour faire de petites recherches sur elle...
Et me voilà à nouveau en face du panneau d'affichage, des rouleaux de papier sous le bras et un pot de colle dans une main. Et un collant, que j'ai piqué à Ha Na, sur la tête aussi, histoire de passer incognito. Je jette un coup d'oeil autour de moi, histoire de m'assurer qu'il n'y a personne dans les environs. Et une fois rassuré, je m’attelle à ma tâche. Un peu de colle par-ci, un peu de colle par-là, je mets les affiches un peu partout autour du tag. Au bout de quelques minutes, je me recule pour admirer mon oeuvre d'un regard critique. Finalement je me mets à sourire comme un débile, fier de moi et de ma connerie. Un rire diabolique s'échappe de ma bouche, pour donner un peu plus de drame à mon plan foireux, comme font les méchants dans les films.
Je jette un dernier regard autour de moi puis m'éclipse rapidement en courant, ne laissant aucune trace de mon passage derrière moi. Mises à part mes jolies photos.