Boudinée, grassouillette, gonflée sont les adjectifs qui décrivent le mieux ton physique ces derniers jours. En même temps quand je vois que tu passes ton temps à manger, à boire ou à te goinfrer de cochonneries sans lever le petit doigt, il ne faut pas s'attendre à un miracle. Devant ton miroir, tu traines en sous vêtements, pinçant les quelques bourrelets que tu trouves et te plaignant que tu vas devenir comme Loana ou pire. Quand tu vois tous ces gens à la silhouette parfaite qui sont devenus en quelques mois des personnes obèses et mal dans leur peau, ça te fait peur. Tu hausses les épaules tandis qu'un deuxième soupir quitte tes lèvres siliconées. Tu tournes sur toi même avant d'enfoncer un tshirt oversized et une casquette sur ton crâne et d'enfiler un short tant que tu rentres encore dedans. Cet après-midi : training à la salle de danse, sport que tu as commencé depuis peu et que tu espères t'aidera à perdre du poids. Ta motivation ? Rester la plus séduisante possible pour les garçons, et pour Mei en particulier, priant pour qu'il n'ai d'yeux que pour toi. Pauvre gosse. Tu attrapes un sac et un chewing-gum par la même occasion, et sors de ton lieu de vie en fermant la porte à clef, trousseau que tu enfonces dans une des poches de ton mini short que l'on distingue à peine sous ton haut : on pourrait croire que tu n'as rien en dessous, mais ce n'est pas grave : plus c'est court, plus c'est beau. Tu marches à vifs pas, posant un casque imposant sur ta tête juste au dessus de la casquette que tu as enfilée à l'envers et mets une musique motivante : Pitbull Terrier te semble parfait, c'est un morceau qui a du peps. Tu avances donc de plus en plus vers la salle de danse et une fois arrivée là-bas tu entres et te diriges droit vers les vestiaires te remémorant la chorégraphie que tu as apprises depuis peu, à savoir : Mr.Mr de SNSD, une danse assez sophistiqué pour ton ... niveau. Ahem. Tu sors de ta cabine, crachant vulgairement ton chewing-gum dans une poubelle avant de t'attacher les cheveux en une espèce de masse informe, enroulée et pliée dans tous les sens. Alors que tu allais déposer tes enceintes Boses sur un des bancs histoire de mettre la musique à fond sachant que de toute façon, tu finiras la séance de sport en te faisant les ongles, tu vis à ta mauvaise surprise que la salle était déjà occupée, par quelqu'un : une fille en plus. Tu hausses les sourcils et prends un air hautain et un regard de peste. Tu t'avances alors d'un pas certain et enclenches le morceau aussi fort que tu peux mais pas trop pour ne pas exploser tes tympans. Tu fis alors mine d'ignorer la présence de cette demoiselle et tu te mis à danser comme une soupe malgré ton assurance et tes efforts. Damned.

J’avais eu quelques cours dans la matinée mais rien de bien intéressant en comparaison avec ce qui m’attendait l’après-midi. J’avais une folle envie de me défouler. Je voulais tout lâchait et courir à la salle de danse, brancher mon Ipod sur mes enceintes et ne plus voir le monde que par ce miroir qui reflétait mon corps se mouvant au rythme de la musique. Je ne pensais qu’à ça. J’avais l’impression que c’était devenu une addiction et plus les jours passaient et plus je passais de temps à la salle danse. C’était hallucinant comme le court de mes journées était si évident. Cours, danse, appartement de Sang. Les premières heures étant les plus éprouvantes, j’étais pourtant maintenant libérée et pouvais enfin me libérer. Ce jour-là, la salle était libre, les cours de danse n’avaient pas lieu et, de ce fait, je pouvais pleinement profiter de tout cet espace pour me faire plaisir. Un tour aux vestiaires et me voilà en jogging accompagné d’un débardeur et de baskets. Au plus à l’aise pour mes mouvements, je me sentais si bien dans cette tenue.

Je commençais quelques échauffements, travaillant mes adducteurs, mon dos, mes articulations et chaque muscle minutieusement. Enchaînant quelques flexions et après avoir travaillé ma respiration, je mis en place mon attirail, posant mes enceintes au sol, près du miroir. Ma playlist allait maintenant résonner dans toute la pièce, mon corps s’enivrant déjà du rythme. Quelques mouvements pour commencer, je devais me vider l’esprit. J’avais besoin de faire le vide, de partir d’ici, d’avoir une vision autre sur ce monde. La danse n’était qu’un refuge, une sorte de barrière face à tout ce qui m’entourait. L’armure qui me protégeait, celle qui me tenait encore debout en ce jour. Cette même armure qui m’a permise de m’en sortir quand je crus que ma vie avait volé en éclats. Une libération, une échappatoire, une porte vers le bien-être. Je n’avais aucune envie que cela s’arrête, je voulais pouvoir danser jusqu’à ce que mon corps ne puisse plus suivre aucun de mes mouvements. Je voulais danser jusqu’à saturation. Je voulais que ce soit mon dernier souffle et que je parte dans une plénitude totale. Je ne pensais plus à rien, la seule qui trottait dans ma tête était les beats de la musique. J’étais si bien.

Ce fut pourtant bien court du moins, pour moi. Ce n’était pas prévu mais une fille arriva dans la salle de danse et, au départ, je ne l’avais pas remarqué, c’est elle mit sa musique par-dessus la mienne que je me suis rendu compte que le mix des deux n’était pas normal. Je m’arrêtai alors, coupant le son de mes enceintes avant de me tourner vers la nouvelle arrivante. Je la regardais qui commençait à danser, les mains posées sur les hanches. J’étais déjà recouverte d’une fine pellicule de sueur, j’avais besoin de m’hydrater mais là, j’étais plutôt surprise et curieuse de cette fille qui essayait tant bien que mal de se débrouiller dans ses pas. J’attendais donc sagement qu’elle finisse, ne comprenant toujours pas pourquoi elle était arrivée si soudainement et qu’elle avait fait comme si je n’existais pas. « Je peux vous aider ? » Aimablement, je pris la parole en première. Je me doutais de sa réponse mais il fallait commencer par quelque chose.

Tu enchaînais les mouvements que tu avais appris par cœur avec peine. Quelque chose ne te satisfaisait pas dans la manière dont tu dansais et ça devait sûrement être dû au manque de souplesse dans tes mouvements. Parfois tu te disais : pourquoi ne pas avoir commencer la danse quand tu étais petite ? Mais ça n'était qu'une lubie ; dans trois semaines plus ou moins tu lâcheras ce sport pour chanter ou pour jouer au football. Tu devrais passer dans les émissions qui décrivent le portrait de personnes spéciales dans le mauvais sens du terme : tu te comportes vraiment comme une princesse et pour le coup comme une égoïste. Tu ne fais guère attention à la demoiselle qui était là avant et qui semblait être une danseuse dans l'âme vu la manière dont elle accordait ses mouvements avec sa musique et vu que le style qu'elle avait choisi pour cette séance. Mais tu ne comptais pas lui parler, seulement continuer de te dépenser jusqu'à ce que tu n'en puisses plus et que tu te découvres une douleur dans le dos car porter une poitrine silliconée si imposante, ça donne des courbatures. Peut-être arriverais-tu à la faire partir ? Ne sois pas si méchante, la pauvre elle ne t'a rien fait. Tu continuais de danser donc, jusqu'à ce que l'inconnue vienne t'interrompre pour te demander si tu voulais de l'aide. Tu lui jetas un regard désintéressé et arquas un sourcil avant d'agiter la main. " Non ça va, je n'ai pas besoin d'aide. " réponds-tu d'une manière assez froide avant d'éteindre ta musique. Tu es assez rancunière, et tu t'es vite rendue compte que tu n'avais pas été très aimable avec la demoiselle alors qu'elle s'était montrée gentille envers ton sale caractère. Tu te dirigeas vers ton sac et attrapas une bouteille d'eau avant de tapoter ton front avec une serviette. Tu adressas un regard plus clément à l'inconnue avant de te diriger vers lui pour lui tendre ta main. [/b]" Je m'appelle Heran et toi ? "[/b] Tu fis une pause pour reprendre ton souffle avant de reprendre. " Tu sembles être une bonne danseuse, tu fais ça depuis combien de temps ? " Quitte à pouvoir profiter de son aide, autant prendre en note certains topics ou certaines techniques pour mieux danser non ? Tu pourras sûrement améliorer ta technique ou alors lui paraître totalement ridicule à voir. Mais tu n'es pas du genre timide, la preuve quand tu es arrivée tout à l'heure et que tu t'es imposée avec ton morceau sans tenir compte de la jeune femme en face de toi. Tu regardes avec un peu plus d'intention son visage, il ne t'est pas inconnu, pourtant tu serais presque incapable de dire où tu as pu croiser cette tête. " Mmh, on ne se serait pas déjà vu quelque part ? " Peut-être que son nom éclairera ta lanterne.

Les bras croisés sur ma poitrine, je te regardais danser sans grande conviction. Que tu sois ici ne me dérangeait aucunement, loin de là, ce qui me dérangeait, par ailleurs, c’était la façon dont tu avais de prendre possession des lieux. Pas un regard, tu t’étais installée comme si la salle était à toi, comme si je n’avais rien à faire ici. Mais soit, je ne t’en tenais pas rigueur, tu avais plutôt l’air de galérer. Non pas que je voulais me moquer de ta façon de danser mais tu manquais certainement d’entraînements. Etant présidente du club de danse, j’en avais vu de tous les niveaux et je ne pouvais me permettre une remarque dérisoire pour toi sur ta façon de te mouvoir. Je pensais alors que tu avais peut-être besoin d’un coup de main. Si tu avais besoin de cours ou l’envie de t’améliorer, autant en profiter pour user de mon âme généreuse et du seul talent que je possédais. Enfin, talent… je me démenais simplement chaque jour pour m’améliorer. Ce n’était pas tant un talent pour moi mais un plaisir, une passion. Je n’étais pas la meilleure danseuse, ça, c’en était certain mais autant je pouvais être modeste, je savais aussi reconnaître que je pouvais me débrouiller. Sinon, je n’en serais pas là aujourd’hui, n’est-ce pas ?

Un sourcil arqué et je te regardais sans bien comprendre. Tu pris cet air désabusé, cet air que je ne supportais pas. Je savais me montrer gentille et aimable lorsqu’il le fallait mais je bouillonnais de l’intérieur à ta réaction. Je levai les yeux au ciel, ta réponse ne m’étonnait pas finalement. Et ce n’était pas le fait que tu refuses qui me braqua mais surtout ton attitude. « d’accord, comme tu veux. » Je prenais sur moi et je ne cherchais même pas à insister. Mon regard était toujours fixé sur toi jusqu’à ce que tu ouvres ton sac, il fallait que je fasse de même. J’avais de besoin de m’hydrater sinon, j’en connaissais les risques. Je pris alors ma bouteille posée sur le banc pour en boire plusieurs gorgées à mon tour. A ce moment, je me demandai s’il n’était pas préférable que je parte de cette salle et te laisser danser comme tu le souhaites car je savais que je n’aurais pas supporté cette pression plus longtemps. Mais tu te décidas à m’adresser de nouveau la parole et cette fois avec plus de sympathie, ce qui me fit doucement sourire. « Je suis Nam Soo, enchantée. » Je t’adressai un sourire aimable et te serrai la main pour me présenter. Tu n’avais pas l’air si désagréable au final, malgré ton apparence si… superficielle ? « Eh bien, dire que je danse depuis que je tiens sur mes deux jambes serait peut-être un peu prétentieux mais c’en est presque le cas. Et je te remercie. Tu en fais depuis longtemps, toi ? » Un nouveau sourire et j’essuyais de mon poignet mon front légèrement humide. Ma question aurait pu paraître ironique et pourtant, j’étais très sérieuse. Bien que tu semblais avoir quelques difficultés sur le peu que j’avais pu voir, cela ne voulait pas forcément dire que tu étais mauvaise danseuse ou que tu venais à peine de commencer, si ?

Soit, ce n’était pas le plus important du moins, jusqu’à ce que tu me poses cette question. Si nous nous étions déjà vues ? Avais-tu l’impression que ce soit le cas ? J’haussais les épaules et pinçai mes lèvres avant de répondre. « je n’en sais rien… peut-être ? mais je suis désolée, ton visage ne me dit rien… »