when you drink enough vodka, it tastes like love

i know you don't believe me ; i can swear that's not a lie ; so, we'd better try and see for ourselves

it's jeopardize style Quelle journée de merde, songea Min Hwan sortant de la faculté, l'air fatigué. Il avait beau s'être engagé dans la voie du commerce pour récupérer les affaires de son père, et le concurrencer si possible, il ne pensait pas que ce serait aussi compliqué que cela. Quand il était petit, il allait souvent au marché de poissons avec sa mère, et bon dieu ce que ça avait l'air facile à ce moment-là, de crier pour que les gens viennent vous acheter vos produits. Maintenant qu'il avait grandi, et qu'il était entré dans le véritable commerce intérieur, avec tous ses chiffres et ses bénéfices, il comprenait que ce n'était pas aussi facile qu'il ne l'avait cru au début. Il avait rencontré plusieurs soucis de taille aujourd'hui, et sincèrement, il en avait marre. Comme il n'en avait jamais eu marre autrefois. Tellement qu'il sentait qu'il aurait pu tout abandonner, encore une fois. Tout foutre en l'air, partir loin, et crever dans un coin couvert de merde et de poussière. Mais il avait fait un tel chemin pour arriver ici aujourd'hui, il savait qu'il ne pouvait pas juste baisser les bras comme un perdant. Il ne pouvait pas, c'était presque interdit pour lui. Abandonner était à bannir de son dictionnaire. Seulement, déjà deux erreurs dans la même journée, ça faisait trop pour lui, et il commençait déjà à revoir sa journée au ralenti dans sa tête. Tout s'était bien déroulé au début : il avait pris son petit-déjeuner frugal du matin, il était parti à la fac et avait pris son premier cours. Puis, à la pause, il avait reçu un appel d'un de ses employés pour son marché de drogue, qui s'était fait attraper alors qu'il livrait quelques kilos à un habitué. Min Hwan lui avait demandé de garder son nom secret quoi qu'il en coûte, mais son interlocuteur, à l'autre bout du fil, semblait pleurer et gémir plaintivement, et ces bruits dégoûtants suffisaient à couvrir sa voix. Il avait raccroché sans savoir ce que le brave homme ferait, et avait passé le reste de l'heure à ronger son frein dans son coin, en faisant la gueule. Il ne pouvait pas risquer d'être emprisonné maintenant bon sang, pas avant qu'il ne descende son père et son demi-frère, ainsi que la femme de son père et toute leur descendance. Du coup, il avait enchaîné erreur sur erreur pendant tout le cours, au point ou son professeur lui avait crié dessus. Cela l'avait choqué, parce que d'habitude, non seulement il ne criait jamais, mais il le félicitait bien au contraire. Du coup, il sortait de la fac avec un sacré poids de fatigue et de frustration sur les épaules, le dos courbé et l'allure lente. Il devrait normalement rentrer chez lui, se préparer un bon chocolat chaud comme seuls les enfants aiment, et se mater un drama à l'eau de rose allongé dans son lit pour se consoler. Oui, parce qu'en dehors de l'image de salaud qu'il affichait tous les jours, il y avait encore quelqu'un de sensible et d'humain. Il arrêta un taxi qui prit la direction du quartier ou il habitait, et alors qu'il préparait déjà les billets pour la course, il reçut un sms. Ce qui s'afficha sur son portable fut loin de lui plaire : son père allait faire un voyage en Corée prochainement. « Excusez-moi monsieur. Est-ce que vous connaissez le Trocadéro? Oui? Emmenez-moi là-bas alors. » Il se rassit confortablement dans son siège, les sourcils froncés. Il avait beau essayer d'effacer les rides à son front, elles revenaient toujours. Que n'aurait-il pas donné pour vivre une vie tranquille au bord de la mer, avec des chats par centaines. Des...chats. Il claqua sa langue contre son palais en se rappelant que Calvin, son chat, devait l'attendre à la maison. Heureusement qu'il vivait seul et que son chat était le seul à le supporter, sinon, il aurait bien des soucis. Lui qui oubliait un chat, imaginez un petit ami ou même des enfants. Quelle horreur pour eux. Il envoya un sms à une de ses connaissances pour lui demander de passer chez lui et de nourrir Calvin. Il laissait toujours un double de ses clés à ses rares amis, ceux en qui il avait assez confiance pour les laisser entrer chez lui comme dans un moulin. Et puis, si jamais il se faisait voler quelque chose, il n'aurait qu'à le remplacer. Quelques minutes plus tard, le taxi s'arrêtait devant le trocadéro ; même avec les vitres fermés, il entendait très distinctement la musique lourde qui s'échappait de la bâtisse. Il se demandait des fois comment les voisins pouvaient supporter un tel établissement. Lui, ça ferait longtemps qu'il l'aurait fait fermé, surtout avec les spécimens qui y traînaient. Mais quand il avait des journées comme ça, ça lui faisait du bien de venir ici, dans ce refuge de sales gosses, pour se lâcher, boire plus que son estomac ne pouvait le supporter, et finir la nuit avec un homme ou une femme sorti de nul part. Il n'avait jamais aucune honte à laisser des étrangers entrer son lit. Il n'y avait jamais rien entre eux et lui de toute façon, à quoi bon essayer de se juger là-dessus. Il donna les billets au chauffeur, avant de sortir du taxi, prenant soin de lisser ses vêtements froissés lors du trajet avant. Jeopardize un jour, Jeopardize toujours. Il évita des tsebes bien défoncés qui titubaient en se marrant devant l'entrée, roulant des yeux d'une manière dramatique face à un tel spectacle, avant d'entrer dans le bar. La musique était bel et bien forte, comme d'habitude ; on ne faisait pas dans la dentelle ici, c'était le cas de le dire. Il se dirigea vers le bar pour commander un petit verre de vodka, s'asseyant sur un des tabourets vides. Encore une longue soirée devant lui.