☥ NOM COMPLET - Byun Nam Soon, t'en a pas marre de me poser cette question ?☥ SURNOM - à ma connaissance, j'en ai pas et les trucs débiles genre Namie, Soonie, fin savez les trucs casse-couille quoi, c'est pas franchement mon truc. ☥ ÂGE, DATE ET LIEU DE NAISSANCE - 22 ans né le 7 novembre à Séoul ☥ SITUATION AMOUREUSE - célibataire ☥ ORIENTATION SEXUELLE -  de l'autre bord ☥ ETUDES OU METIER - étudiant en infographie prépresse le jour et barman la nuit ☥ CLASSE SOCIALE - ancien pauvre qui a une tante trop cool qui l'a propulsé chez les gens de la classe moyenne ☥ ORIGINES : coréen de chez coréen ☥ MOT REPRÉSENTATIF - écorché vif ☥ JE SUIS UN - bluing ☥ T'ES QUOI ? personnage inventé.

   
« L’ascenseur est assez vieux et souvent en dérangement alors, comme je suis un peu claustrophobe, j'ai pris l'habitude de prendre les escaliers. J'habite à l'étage juste au-dessus, donc je passe au moins deux fois tous les jours devant la porte des Byun et il y avait cette odeur répugnante. C'était vraiment étrange et plus j'approchais de la porte plus c'était fort. J'ai sonné plusieurs fois, mais personne ne répondait. La porte était ouverte alors je suis entrée. J'ai trouvé Mr. Byun allongé sur la moquette du salon, raide et les yeux vides. J'ai tout de suite appelé les secours, mais il était déjà mort. Et cette odeur ! » « D'après les légistes, il semblerait que Byun Han Guk soit mort depuis presque une semaine déjà. Est-ce chose commune qu'il disparaisse de longs laps de temps que personne ne s'en est inquiété plus tôt ? » « A vrai dire, il ne sort pas souvent de chez lui. J'habite dans l'immeuble depuis un peu plus de deux ans et je dois l'avoir vu une dizaine de fois à tout cassé. Il ne répond pas à la porte la plupart du temps et je dois dire que personne ne vient jamais le voir non plus. Il n'est pas très apprécié dans l'immeuble. » « Comment cela ? » « Et bien, les rares fois où il sortait de chez lui, c'était pour faire un tour à la supérette plus loin et y acheter de l'alcool pour un régiment. C'était un ivrogne et du genre violent alors on préférait tous l'éviter. » « Violent ? S'est-il déjà emporté devant ou contre l'un des autres résidents ? » « Non je ne pense, pas ou alors je n'en ai jamais rien su, mais les murs sont fins vous savez. La plupart du temps, on l'entendait jouer de la guitare, hurler et faire valser le mobilier. Peut-être que ça aurait du m'alerter plus tôt, ça n'avait rien de normal ce calme, mais on était tous plutôt soulagés en fait. » « On a retrouvé des affaires d'enfant en fouillant l'appartement, vous saviez s'il en avait ? » « Oui bien sur, il a un fils. Byun Nam Soon qu'il s'appelle. Il a douze ou treize ans il me semble. Malgré ce que les gens racontent parfois à son sujet, c'est un chouette gosse. » « Et il vivait avec son père ? Ont-ils toujours vécu ici ? » « Non, il me semble qu'ils sont arrivés il y a une petite dizaine d'années, ils venaient de Séoul si je me rappelle ce qu'on m'avait raconté. Mais oui, Nam Soon habite avec son père, malheureusement.  » « Alors comment se fait-il qu'on ne l'ait pas retrouvé ou qu'il n'ait pas appelé les urgences ou la police plus tôt ? Ou du moins demandé de l'aide à un adulte ? » « A vrai dire ça fait déjà un moment qu'on ne l'a plus vu. Mais ce n'est pas anormal, il lui arrive de disparaître pendant quelques jours. En été, il disparaît même parfois des semaines entières. Il n'aime pas être chez lui. Ça peut se comprendre. » « A-t-il un autre endroit où aller ? Des parents peut-être ? » « Je n'en sais rien, je dirais que non. Sinon je suppose qu'il ne reviendrait plus. » « Quand l'avez-vous vu la dernière fois ? » « Eum... et bien il me semble que c'était il y a une bonne douzaine de jours. Je l'ai vu sortir de l'immeuble les yeux rivés sur ses baskets, sa guitare sur le dos et sauter sur son skateboard. » « Et rien d'anormal ? » « Non pas vraiment. Enfin, il ne m'a pas dit bonjour. Je ne sais pas d'où ça lui vient, mais c'est un gamin poli, il dit toujours bonjour. Cela dit, il ne devait pas être particulièrement bien luné ce jour là, il avait encore un de ces hématomes énormes sur la pommette. Mais ça, ça n'avait rien d'anormal. » « Il frappait son fils ? » « Oh oui, il le frappait et régulièrement ! Les commérages circulent vite dans ce quartier, même si tout le monde fait semblant de ne rien voir et de ne rien entendre. Personne ne veut avoir quoi que ce soit à faire avec Byun Han Guk et encore moins avec la police. Mais une de mes voisines habite ici depuis plus de dix ans et elle dit souvent que le gamin avait toujours eu des bleus partout d'aussi loin qu'elle se souvienne de lui. » « Vous dites qu'il ne faut pas se fier aux commérages et que c'est un bon garçon ? Il ne s'est jamais montré violent comme son père ? » « Quoi ? Non, jamais. Il traîne dans la rue la moitié de son temps et je suppose qu'il doit se créer des ennuis assez régulièrement pour ce que les gens deviennent médisants à son sujet, mais ce n'est vraiment pas un mauvais garçon. Il ne parle pas beaucoup, mais il est très serviable. Il aide toujours la petite vieille de l'étage du dessous à monter ses courses. Il bricole un peu aussi, quand c'est dans ses cordes. Il est déjà venu poser des étagères dans mon appartement et m'a aidé à monter un meuble récemment. Il a aidé ma voisine à repeindre sa cuisine aussi. Je crois que c'est un moyen de se faire un peu d'argent de poche, mais c'est surtout une bonne excuse pour ne pas être chez lui. Il est assez effacé, on a jamais eu à se plaindre de lui. »  « Vous ne savez vraiment pas où il pourrait être allé ? Il est important qu'on le retrouve. » « Non vraiment pas, mais c'est pas la peine de chercher, c'est lui qui arrive là-bas. Le gamin avec la guitare. »


« Nam Soon ? C'est bien ça hein ? Tu es Nam Soon. » Sur son visage d'enfant usé, une moue à la fois surprise et méfiante s'installe et il semble sur le point de tourner les talons alors elle continue frénétiquement. « N'aie pas peur, je ne te veux aucun mal, vraiment. Je sais que c'est un peu soudain et je m'en excuse, mais je suis ta tante. Ta maman... ta maman était ma petite sœur. Elle m'a donné ça, regarde. » Il se fige et son visage s'assombrit d'un seul coup, néanmoins une lueur de curiosité se baigne dans ses grands yeux foncés alors qu'il fixe le petit papier que l'inconnue, prétendant être sa tante, lui tend. Il hésite un instant avant de finalement prendre le papier sans la moindre délicatesse. Dessus rien d'intéressant, juste quelques mots griffonnés à la va vite et probablement d'une main tremblante.  ''Retrouve Nam Soon, retrouve mon petit garçon.'' Il ne sait trop quoi en faire à vrai dire, ça n'avait aucun foutu sens. « Ça n'a pas été facile de te retrouver tu sais. »


« Quel âge as-tu ? » Sa voix est douce et se veut réconfortante, mais le jeune garçon reste loin d'elle, loin de la table et loin de son assiette, l'air indécis et méfiant. On en serait à moins. Il y a plus d'un an, son père meurt, seul famille qu'il pensait avoir et un beau jour, une inconnue lui tombe dessus en prétendant être sa tante et lui offre à bouffer. Y a de quoi être médusé. Malgré tout, il lui répond, sur un ton froid, mais il lui répond. « Quatorze ans. » Elle semble étonnée, mais lorsque la surprise passe, c'est pour revenir à cette air d'extrême douceur, une sorte de tendresse maternelle lui suintant par tous les pores. Ça n'a rien de familier pour lui, mais c'est étrangement rassurant et, petit à petit, le jeune garçon se décrispe et se rapproche, lançant des regards un peu plus insistant à l'assiette lui faisant de l'oeil. Lorsqu'il attrape finalement une paire de baguettes et se jette sur son bol, sa prétendue tante laisse échapper un soupir soulagé et un léger sourire. De toute évidence, il mourrait de faim et elle en avait le cœur serré. Elle l'observa en silence un long moment, déjà amoureuse de son visage lui rappelant tellement sa sœur. Pas de doute à avoir, c'était son fils. « Quatorze ans. Tu vas encore à l'école alors ? » Son ton était plus celui de la constatation que de la question et elle fut un peu surprise lorsqu'il lui répondit par un simple hochement de tête négatif, la moue moqueuse. « Comment cela se fait-il ? » Il ne lui répond pas tout de suite et préfère se jeter goulûment sur son verre de soda avant de reprendre son repas un peu plus posément, mâchouillant gaiement un bout de viande. Lorsqu'enfin il n'a plus la bouche pleine, il lui répond avec un simple haussement des épaules et une voix blanche de toute intonation. « Han Guk disait que ça ne servait à rien de toute façon parce que les gens des mauvais quartiers n'en sortaient jamais, même en faisant des études. Il disait que c'était de l'argent jeté pas les fenêtres et que de toute façon il n'en avait plus assez pour payer les frais de scolarité. » Il reprit son repas sous le regard peiné de sa toute nouvelle tante. Elle avait espéré en retrouvant la trace de son neveux que toutes les histoires qu'on lui avait raconté sur son père n'étaient que de mauvais cancans de quartiers, des rumeurs et des ragots sans fondement particulier. Un homme alcoolique et violent, un musicien raté incapable de garder un emploi très longtemps, une brute épaisse vivant dans un taudis. Un père abusif, maltraitant jusqu'à la chaire de sa chaire. Ce qu'on lui avait dit de Byun Han Guk lui glaçait le sang et si le fait que son fils mettait une distance infranchissable entre lui et son géniteur en refusant de l'appeler papa n'était pas un indice quant à la vie qu'il avait vécu, son gabarit rachitique, ses traits tirés et sa peau malmenée en étaient des preuves largement suffisantes. Si seulement sa sœur avait su à quoi elle le livrait en l'abandonnant ce soir là... « Que fais-tu de tes journées alors ? » Demanda-t-elle la voix légèrement tremblotante alors qu'il terminait finalement son assiette. Il sembla un instant gêné par la question et lorsqu'il releva les yeux vers elle, l'ombre d'un sourire timide s'étirait sur ses lèvres. « L'abonnement à la bibliothèque coûte deux fois rien alors je joue un peu de guitare dans la rue pour me le payer et puis le reste du temps je suis là-bas et j'apprends, comme les autres... » Décidément ce gamin était vraiment surprenant ! Les jeunes laissés à eux-même traînent dans les rues, finissent dans des gangs, ne tournent à rien de bon en s'attirant le plus d'ennuis possible, s'ils ne finissent pas mort d'overdose sous un pont. Lui, il lisait. Là où les trois quarts des gosses normalement scolarisés n'étaient même pas foutus d'ouvrir un bouquin, lui il faisait tout ce qu'il pouvait pour pouvoir lire. Pour apprendre. Elle en perdait presque ses mots et ses yeux se plongèrent dans les siens. Les orbes presque noires du jeune garçon étaient un spectacle tout à fait fascinant. Elles semblaient éteintes, froides et vidées de toute vie au premier regard et pourtant, à bien y regarder, elle y voyait tant de choses. De la malice, les particules d'un peu de courage, de la curiosité, l'éclat d'une intelligence vive et libre, les couleurs de tout un tas de tourments. Elle finit par regarder ailleurs, déstabilisée. Si son gabarit le laissait croire plus jeune qu'il ne l'était ses yeux, eux, le faisaient paraître bien plus vieux qu'il ne l'était réellement. C'était presque triste. Ses yeux se posèrent sur la guitare qu'il semblait trimbaler partout avec lui et la question lui échappa avant même qu'elle ne se rende compte de sa stupidité. « Tu joues de la guitare ? » « Non. J'avais 160 000 wons à perdre alors je me suis dit qu'une guitare ça donnait un chouette look et c'était pas trop encombrant quand on vit dans la rue. » Ironisa-t-il du tac au tac avec une moue moqueuse bien que sa voix, soit une fois encore, blanche de toute émotion. En fait, il semblait presque blasé, mais elle ne s'en offusqua pas. Au contraire, un rire léger lui échappa. Ils ne se connaissaient pas et apparemment la seule méthode de communication qu'il ait connu fut celle des coups. Pas étonnant qu'il ait du mal à communiquer avec une parfaite étrangère. Il semblait déjà moins sur ces gardes cependant et peut-être devrait elle s'estimer heureuse rien que de ça. Et puis derrière son allure de petit con, elle sentait bien qu'il n'avait pas voulu se montrer désagréable alors elle tenta une petite approche. Se penchant légèrement sur la table comme pour lui faire une confidence, elle décora son visage d'une moue malicieuse, une lueur ressemblant presque à du défi dans le regard « Et t'es doué ? » Son neveu paru déstabilisé l'espace d'une seconde, presque gêné et elle crut qu'il ne lui répondrait pas. Mais il finit par se pencher à son tour, rapprochant leur deux visages ornant désormais la même espièglerie. « Carrément ! » Déclara-t-il très sérieusement avant de se reculer pour reprendre sa place initiale avec un léger sourire. Cette fois c'était un vrai sourire, un sourire qui lui fit comprendre que, comme elle, il jouait et qu'il était probablement plus humble que ses paroles ne le laissaient penser. C'était leur premier instant de complicité et elle s'en rappellerait certainement toute sa vie.


Quelles délectations que ces typiques effluves d'humidité, de pollution, de moisi, d'urine et d'égouts lui chatouillant les narines. Ici plus personne ne semble en être incommodé, c'est à cela qu'on s'attend dans les ruelles sombres des mauvais quartiers à deux pas d'une boite de nuit malfamée. Les basses à peine étouffées par les murs lui parviennent encore et n'ajoutent qu'à son malaise. Sa tête bourdonne et un nœud le prend à la gorge l'empêchant de respirer normalement. Les murs sont crasseux et dans son état normal probablement qu'il ne s'en serait jamais approché, mais il a besoin de quelque chose de solide sur quoi s'appuyer car son monde entier flanche. Le froid lui mord la moindre parcelle de peau dénudée et pourtant il se sent fiévreux. Il est vrai qu'il a un peu abusé sur la boisson ce soir, mais pas au point d'en être malade. Et pourtant. Dans des spasmes presque douloureux, il rend jusqu'à son déjeuner. D'autres sont déjà passés par là alors un peu plus un peu moins. Lorsqu'il s'écroule finalement au sol, ce n'est que par chance qu'il n'atterrit pas directement dans l'ancien contenu de son estomac et pour tout dire il s'en fiche un peu aussi. Il est sous le choc, vanné et elle, elle s'en fiche. « Tu penses pas que t'en fais un peu beaucoup, tu t'en remettras, t'inquiète pas. » Sa voix est froide et tranchante, sa moue mauvaise alors qu'elle met un point d'honneur à rester aussi loin de lui qu'elle le peut, le toisant avec dédain. Une attitude qui lui passe dès qu'il releva ses yeux noirs de haine vers elle. Elle connaissait ce regard et s'était jusque là sentie chanceuse de n'en avoir jamais été la cible. Désormais elle semblait sur ses gardes et il y avait de quoi car avant même qu'elle ait le temps d'enregistrer ce qu'il se passait, il s'était relevé, l'avait saisie fermement par les épaules et l'avait coincée brutalement contre un mur poisseux. Il ne s'était jamais montré violent avec elle, jamais. Quand bien même elle savait parfaitement qu'il en avait eu envie plus d'une fois. Peut-être avait-elle un peu trop poussé sa chance. Après tout c'était une nouvelle assez... Enceinte. Elle était enceinte et cette situation était d'autant plus ridicule que c'était de lui, son meilleur ami. « Tu sais ce qu'il te reste à faire dans ce cas. » crache t-il avec un air mauvais ne laissant aucun doute quant à ce qu'il sous entendait. Il lui faut malgré tout un temps pour saisir le message et ses grands yeux de jeune adolescente deviennent de véritable soucoupes. Il ne pense quand même pas qu'elle va s'en débarrasser ? Entre stupeur et désespoir, elle bégaye et le regard noir de Nam Soon ne l'a toujours pas lâchée. Au contraire, il renforce sa poigne sur son bras délicat et la pousse un peu plus contre le mur. Les larmes lui monte aux yeux, mais il n'en a rien à faire, il fulmine, la rage lui débordant par tous les pores. « Qu...quoi ? Je... je... non. » Ce n'était pas la réponse qu'il attendait et cette fois elle le vit venir lorsqu'il leva son poing. Impuissante elle ne put que fermer les yeux, mais rien ne vint, aucune douleur. Par contre, juste à côté de son oreille, un affreux bruit de craquement et, avant même d'ouvrir à nouveau les yeux, elle sait qu'il a frappé le mur tellement fort qu'il s'en est probablement brisé une ou deux phalanges. Ça n'a pas l'air de le perturber, ça ne le perturbe jamais lorsqu'il est dans cet état en fait. « Tu te fous de moi !?! Tu comptes réellement le garder !?! » hurle-t-il, alertant à peine les fêtards saouls ayant aussi trouvé refuge dans la ruelle. Elle ne répond rien et il sait qu'il a vu juste, elle comptait probablement déjà le garder avant même de lui en parler. Lorsqu'il reprend, sa voix n'est qu'un sifflement mauvais et son ton suinte l'animosité, le dédain et l'amertume. « T'es vraiment inconsciente ma pauvre. Tu te vois déjà élever un enfant ? Sérieux, tu crois que t'as ce qu'il faut ? T'es même pas capable de t'occuper de toi-même, t'es qu'une gamine pourrie gâtée, une gosse de riche qui pense pouvoir faire un nouveau caprice sans que ça n'ait aucune conséquence. T'es complètement à côté de la plaque ma grande. Tu la vois la vie que tu vas lui donner à ce môme ? Au début tu vas trouver ça marrant, c'est comme jouer à la poupée, c'est nouveau, comme ton dernier Iphone et puis pour finir tu vas te lasser comme tu te lasses toujours de tout parce que tu as déjà trop. Et c'est qui qui s'en occupera alors du gosse ? Papa, maman ? Ah bah oui c'est à eux de le faire ça, c'est normal ! En tout cas ce ne sera pas moi, t'es prévenue ! Et tu vas lui dire quoi le jour où il voudra savoir qui il est et d'où il vient ? Écoute chéri, un jour maman et papa étaient complètement bourrés et ils ont couché ensemble, c'est sur cette connerie monumentale que tu es arrivé. Génial l'histoire ! Et je suppose qu'il vaut mieux que j'évite le sujet de "oh et papa est pas vraiment hétéro en plus" ? Bah oui effaçons ce détail, comme si on avait pas déjà essayé. La joue pas plus conne que tu l'es déjà, débarrasse-toi en ! » Les larmes coulaient abondamment sur ses joues désormais et son corps frêle, toujours malmené par la poigne d'acier de son meilleur ami, est secoué de sanglot. Elle connaissait le Nam Soon cruel, à vrai dire elle était des rares personnes pouvant se venter de connaitre toutes les parcelles de la personnalité de Nam Soon. Ils se connaissaient depuis l'enfance et leur amitié atypique avait vécu les bons comme les pires moments. Mais elle n'avait jamais vraiment fait les frais de toute cette rage sommeilant en lui et qu'il défoulait souvent en se bagarrant pour un oui ou pour un non. Elle aurait peut-être préféré qu'il la frappe, peut-être aurait-ce été moins douloureux. Elle sanglote et si ça le touche, il n'en montre rien. Néanmoins, il finit par la lâcher et s'écarter d'un pas ou deux, toujours dans sa transe haineuse. A son tour, elle s'échoue au sol et sanglote de plus belle. Que s'était-elle imaginé après tout ? Il avait raison. Ils ne formeraient jamais une petite famille parfaite quand bien même ils l'avaient souvent souhaité. Un silence pesant s'étend entre eux et lorsqu'elle relève ses yeux baignés de larmes et gonflés vers lui, il n'a pas bougé. Ses traits sont toujours durs, ses yeux froids et féroces, son visage fermé. Il lui lance un dernier regard et finit par soupirer et tourner les talons. Une voix familière s'élève alors et elle reconnait l'un des amis de Nam Soon, apparemment un peu pompette, mais il tente malgré tout de rattraper le jeune homme. Il n'a rien raté de l'éclat entre les deux amis et il s'inquiète, ça se voit dans son regard voilé. « Nam Soon ! Nam ! Nam Soon déconne pas, tu vas pas la laisser là comme ça ? Revient mec, t'es con ou quoi ? » Il s’époumone, mais l'interpelé trace sa route, alors il lui court après et l'attrape par l'épaule. Ça l'arrête à peine. « Va te faire foutre ! » crache le jeune homme sans se retourner. Mais il en faut plus pour décourager son assaillant qui, cette fois-ci, lui agrippe l'épaule et tire de toutes ses maigres forces pour l'obliger à se retourner. Mauvaise idée. L'esprit embrumé par l'alcool enregistre à peine le genoux percutant ses côtes et le poing s'écrasant sur le coin de son visage et l'envoyant au sol avec une force presque bestiale. Le souffle court et l'esprit court-circuité par la douleur, il ne peut que regarder Nam Soon s'éloigner pour finalement disparaitre dans la nuit et sa mer de fêtards.


Des rires joyeux et des clapotis frénétiques résonnent sur les murs de la salle d'eau. Salle de bain qui apparemment avait connu au moins un tsunami et deux grosses moussons aux vues de la couche d'eau sur le carrelage. Mais ils s'en foutent et lorsque la petite fille dans la baignoire bats à nouveau joyeusement des bras pour éclabousser un peu plus ses parents, tout deux à genoux à côté du bain, ils rient tous de bon cœur. Aujourd'hui, l'ambiance est au beau fixe dans la petite maison. Ce n'est pas toujours le cas. En fait les murs de ce petit appartement en auront vu des vertes et des pas mûres. Des crises de colère dévastatrice aux câlins complices sur le canap en passant par une froide indifférence, les pleurs, les excuses, les réconciliation. La vie n'est pas vraiment simple lorsqu'on est un ancien enfant des rues habitué à la violence et qu'on se retrouve père à 18 ans. C'est pas simple non plus quand la maman est la fille chérie d'une famille croyante et friquée et qu'elle n'a jamais qu'un an de plus que vous. Mais d'une manière ou d'une autre ils s'en sortent, des jours mieux que d'autres. Chacun de leur côté, mais ensemble malgré tout. Liés jusqu'à la mort à la fois pour leur plus grand malheur et leur plus grand bonheur. La petite fille, Na Young de son joli prénom, chantonne gaiment accompagné par son père et se laisse faire lorsqu'il la sort de la baignoire et l'emmitoufle affectueusement dans une serviette bien chaude. Lorsqu'il en arrive à lui brosser ses longs cheveux, il le fait avec toute la délicatesse qu'il possède, un sourire tendre au coin des lèvres. Et elle, elle les regarde amoureusement et sourit doucement lorsqu'il la surprend dans ses rêveries. « Tu as beaucoup changé tu sais. » il a l'air surpris le temps d'une seconde et puis finalement il lui adresse un doux sourire à son tour. « J'espère. »

   

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