if we'd go again all the way from the start.
i would try to change the things that killed our love.

L’ambiance qui les entourait était tendue. Presque comme à leur habitude. C’est plongé dans un silence pesant que le cadet prit la main non blessée de son ex et le guida jusqu’à l’entrée de chez lui où il mit un certain temps à trouver les clés dans sa poche de pantalon, faute d’avoir toujours un peu la tremblote et d’avoir l’autre main occupé par une cigarette entamée. Il fit mine de rien, leur ouvrit la porte et s’assura de bien la refermer derrière lui, prit d’une certaine psychose où tout ce qu’il désirait présentement était la sécurité. Noah n’avait pas besoin d’indiquer à Meilan où aller, il connaissait la maison. Peut-être même trop bien pour quelqu’un de considéré comme un ex. Le cadet le laissa prendre place sur le canapé tandis qu’il cherchait de son côté sa trousse de secours, un bandage et du désinfectant. Une fois qu’il mit la main sur le tout réunit, il le rejoint, toujours silencieusement. Ses gestes étaient délicats, soignés, attentionnés presque, traitant sa main comme un trésor qu’on aurait osé abimer. Au fond de son estomac résidait de la douleur, de la peine, des regrets, mais surtout beaucoup de culpabilité. L’ainé aurait bien pu tenter de le rassurer à nouveau, lui dire que ce n’est pas grave et qu’il n’est pas responsable de ce qui est arrivé, mais le cadet ne l’écouterait pas de doute manière. Pas qu’il soit forcément têtu, simplement, malgré son tempérament dit enfantin, Noah sait reconnaitre quand certaines choses arrivent par sa faute ; tout comme ce qui s’est produit cette nuit-là. C’était définitivement de sa faute. Il ne savait pas quoi dire, ou quoi faire pour apaiser Meilan, ni même s’apaiser lui-même. Tout semblait si impossible entre eux. Un sourire amer se glissa sur ses lèvres tandis qu'il avalait une nouvelle fois le poison de la cigarette. Sa drogue s’épuisait, mourrait presque de la même manière que le cadet se sentait mourir intérieurement. Il se sentait lentement mais surement perdre la volonté de se battre, d’être heureux. C’était comme si cette soirée lui avait ouvert les yeux sur oh combien vivre n’avait plus la même signification qu’auparavant. Le jeune rayon de soleil qu’il représentait ne brillait plus autant sans lui. Ses rayons perdaient en puissance, en énergie. Et Noah se demandait si au final, il finirait par s’éteindre, comme le soleil finira un jour par cesser de briller. Évacuant une dernière fois la fumée de ses poumons, il gardait sur son visage ce sourire amer, blessé. Sa main vint lui caresser doucement la joue alors qu’il tentait désespérément de retrouver sa voix. « Je suis désolé, je n’aurais pas dû te demander de rester. Pardonne-moi. » Il lui fit dos et s'éloigna, lentement, dans un silence pesant. Ses pas le guidèrent jusqu’à sa chambre où il se laissa tomber vulgairement sur le siège qui faisait face à la grande baie vitrée qui donnait sur le sombre paysage de l’extérieur. Son corps se sentait engourdit. Son esprit également. Une once de douleur et de vide aussi présents. Ils étaient malades. Malades de leur amour. L'addiction était puissante, trop puissante. Tellement puissante que les sentiments qui naissaient auparavant avaient certainement mutés avec les mois, les semaines, les jours, en sentiments encore plus intenses. Tels que... la nécessité, le besoin. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Peu importe combien ils tentaient de se l’interdire. Seulement, leur union, leur amour n'était qu'un poison. Né d'une possessivité fulgurante et d'une colère bouillonnante dont Noah n’était pas sûr de pouvoir combattre. Tel le drogué qu’il est, il aurait désiré continuer de consommer ce doux poison, mais il semblait qu’il ne lui était pas destiné.

Pour ne pas vous mentir, Meilan avait toujours cet étrange pincement au cœur lorsqu’il entrait dans la nouvelle maison de son cadet. Car il y a encore un an, les seules habitations du garçon était sa maison familiale et l’appartement où ils vivaient tous les deux. Alors, voir que maintenant il vivait dans cette immense et belle demeure, tout seul, lui rappelait tel un coup de poignard violent qu’ils n’étaient plus un couple. Qu’il avait désormais son petit monde, où notre sino-coréen n’avait plus sa place. Et cela lui déchirait véritablement le cœur. Pourtant, dans cette maison, on ne peut pas dire que les deux étudiants y passaient de mauvais moments, si vous voyez ce que nous voulons dire. Mais tout de même. Se mordant la lèvre inférieure, il se dirigea dans le salon après avoir retiré ses chaussures, ayant étrangement prit ses aises dans cet endroit qui ne lui appartient pas. Arrivant vers le sofa, il allait proposer son aide à son cadet mais une boule de poil l’en empêcha, venant littéralement foncer sur lui. Nolan, son adorable petit bébé. Il ressemblait toujours à un tout petit chiot, avec sa taille minuscule et sa bouille terriblement craquante. Décidant donc de s’asseoir sur le canapé en attendant son ex, Meilan se mit à papouiller son petit trésor qui le léchait et se frottait à lui avec plaisir, visiblement tout aussi heureux de retrouver son maître. Néanmoins le chiot quitta ses cuisses lorsque Noah s’approcha pour commencer à soigner la main blessée de notre sino-coréen. Celui-ci se mit à observer le plus jeune faire. Il avait toujours énormément aimé cette douceur et délicatesse qu’avait le fils Kwon. Tandis qu’un tendre sourire se formait sur son visage, ses yeux vinrent se perdre un instant sur les lèvres rosées du garçon. Elles lui manquaient tant…

Faisant une grimace face à cette énième et dernière fumée de cigarette, le jeune Hwang allait dire à son hôte de faire attention à sa santé mais il en fut empêché par ce dernier qui prit la parole tout en lui caressant la joue. Aish. Voulant le rassurer sur le fait que tout allait bien, et qu’il était même flatté que Noah lui ait proposé de resté, le sino-coréen fut une nouvelle coupé dans son élan et se retrouva seul dans le salon, avec Nolan qui revenait à la charge pour de nouveaux câlins. Lui grattant la tête un court instant, il finit par se lever et se diriger vers la chambre de son cadet après s’être excusé auprès du chiot qui retourna dormir. Allant discrètement à la porte, il vit le garçon de dos, et décida de s’en approcher tout aussi discrètement, pour finalement venir enlacer doucement son cou et lui déposer un léger baiser dans la nuque, comme il avait l’habitude de lui faire à chaque backhug. « Arrêtes de t’excuser Noah. Tu ne me déranges en rien, tu devrais le savoir. Ne me fuis pas… S’il te plait… ». Ayant prononcé à voix basse ses deux dernières demandes, Meilan vint ensuite faire le tour du fauteuil et s’installer à genoux en face du plus jeune, venant glisser ses mains sur les siennes, presque timidement. Ses yeux venant se plonger dans ceux du fils Kwon, il lui adressa un sourire remplit de tendresse et d’affection, se voulant rassurant pour celui dont il ne supportait pas voir mal. Presque par reflexe, ses doigts s’enlacèrent à ceux de son cadet, et il posa sa tête sur le genou de ce dernier, fermant les yeux pour profiter simplement de cet instant avec lui, sans conflit.

On dit bien souvent que les apparences sont trompeuses, que ce n’est jamais bon de juger un livre à sa couverture. Il est presque normal dans la nature humaine de faire confiance aux détails superficiels, du moins, c’est ce que la majorité de la population se permet de faire chaque jour, sans aucun remord, sans aucun doute. Beaucoup se laissent duper, beaucoup se laissent tromper, tout comme Noah dupe et trompe la plupart des personnes qui l’entourent, inconsciemment. Ce n’est pas parce que son visage orne quotidiennement un de ses plus beaux sourires qu’il dissimule forcément derrière lui l’être humain le plus heureux qui soit. Car cet individu, fait désormais parti du passé. Le bonheur c’était quand Meilan le tenait dans ses bras, lui murmurait de douces paroles au creux de son cou, avait simplement une place dans sa vie. Depuis le jour de leur séparation, le cadet ne faisait que suivre un chemin brumeux, abstrait, dénué de sens qui lui semblait infini. Les éléments qu’il avait durement assemblé tout au long de sa vie s’étaient soudainement séparés et éparpillés en minuscules morceaux qui ne pouvaient se réunir à nouveaux. La vie perdu tout simplement tout signe de signification.  Et Noah en est toujours convaincu aujourd’hui. Si auparavant un moindre arrivait à extorquer un sourire au jeune artiste, ce n’est désormais plus le cas.   Tout semble plus fade, plus monotone, depuis que l’ainé a franchi le seuil de leur cocon, et s’en est allé de sa vie. Appelez-le de la manière qui vous plait, dépressif, faible, cucul, ce qui est néanmoins certain, c’est que le cadet ne demande, ne prie qu’une seule chose : qu’on lui accorde une seconde chance. Une chance de rebâtir et de consolider les piliers de leur couple, une chance d’entretenir et de nourrir la flamme de leur union, de manière à ce que les braises qui s’en échappent soient encore plus brulantes qu’auparavant. Son plus grand désir ? Avoir de nouveau droit à goûter à ces lèvres qui ne devraient qu’être siennes, entremêler leurs doigts ensemble et ne jamais les laisser aller, se blottir contre lui malgré les chaleurs de l’été. Ce n’est pas beaucoup, pourtant, il semblerait que ce ne soit déjà que trop demandé. Et malgré les interdits que le cadet s’était imposé pour son propre bien, il décida, cette nuit-là, d’en briser les règles, même si ça lui coûterait les ailes. La sensation qu’il ressentit lorsque les mains de sa moitié rentrèrent en contact avec les siennes lui semblait toujours aussi nouvelle. Le jeune artiste n’était pas tout à fait sûr, si son cœur avait réellement loupé un battement, mais ce qui était cependant certain c’est que Meilan ne lui mentait pas à travers ses gestes. Ils étaient tous sincères et il le sentait. Bien vite, ses propres mains se renfermèrent autour de celles de l’ainé, tandis que son regard s’abaissa sur ces dernières. Un sourire se glissa sur ses lèvres, un honnête et véritable sourire, alors que son pouce caressait tendrement sa peau. Devrait-il lui dire ? Devrait-il lui admettre son mal-être et le supplier de revenir ? Ses yeux revinrent se plonger dans ceux de Meilan, sentant son rythme cardiaque accélérer et mordant sa lèvre inférieure. « Je me sens seul, tellement seul. Seul, sale et mal aimé. » De nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues, sans qu’il ne puisse les contrôler ; et sans réellement réfléchir, il entraina l’ainé dans ses bras, dans une emprise serrée bien qu’infiniment chaleureuse.  « Please. Make me feel loved. Only you know how to do it. I need you. » Ses mots ne mentaient pas, il avait réellement besoin de lui, et même si cette nuit-là il n’était probablement pas encore prêt à lui demander de lui accorder une seconde chance, de lui demander pardon, de le supplier de venir combler l'espace vide dans ses bras, il se sentait cependant prêt à venir clamer ce qui lui revenait de droit. Ce qu’il fit après s’être retiré de ses bras en entremêlant leurs doigts ensemble et en connectant ses lèvres à son cou. Le cadet l’entraina doucement et lentement jusqu’à son lit où ils s’y assirent, puis, malgré l’hésitation, l’appréhension et la peur du rejet, ses lèvres rentrèrent en contact avec les siennes.