Couché sur mon lit, plongé dans le noir et les yeux perdus dans le vague, j’essaye de deviner les formes qui se dessinent autour de moi. Je tente de tromper l’ennui, de passer le temps. Mais rien n’y fait. Je me redresse lentement pour m’asseoir en tailleur et je cherche, à tâtons, l’interrupteur pour rallumer ma chambre/cuisine/bureau/salle de séjour/salle à manger. La lumière fait alors jour sur… pas grand-chose. Je ne roule pas sur l’or alors avoir un appartement en plutôt bon état est déjà pas mal en soi. Mais, même si je ne vais pas me plaindre, il est vrai que parfois voir cet appartement presque vide me démoralise un peu. Je souffle. On se plaint quand on a cours qu’on voudrait se reposer tranquille chez soi mais, finalement, c’est chiant.  Je soupire. Mon regard s’arrête sur la télévision. Je souris un instant, avant de me souvenir que j’ai perdu la télécommande. Je n’ai pas la foi de soulever mon lit, parce qu’elle est sûrement dessous. Fatigué de ne rien faire, je me lève en me grattant le torse et le dirige vers les toilettes. Heureusement, cette pièce-là est à part. Assis sur le trône, je dégaine mon téléphone et fais défiler mon répertoire sous mes yeux. Mon doigt s’arrête sur le nom de Meilan et, alors que je m’apprête à l’appeler, je me souviens de l’endroit où je me trouve et de l’affaire que je suis en train de traiter. Un message est plus approprié dans cette situation.

« Je vais commander des pizzas et j’ai de la bière dans le frigo, ça te tente de passer la soirée chez moi ? »
Je n’ai pas besoin d’attendre très longtemps pour recevoir une réponse, une réponse positive en plus. Un sourire se dessine sur mon visage. J’ai plusieurs raisons de le faire se déplacer : d’une, il me tiendra compagnie et de deux, il pourra m’aider à soulever mon lit pour retrouver ma télécommande fugueuse. Je me lave les mains rapidement avant de passer ma commande de pizzas et me jeter une nouvelle fois sur mon lit. En attendant que le livreur fasse son boulot, je me permets de faire une petite sieste. …. Le bruit de l’interphone me réveille en sursaut et je me précipite dessus, trébuchant dans mes draps. Le livreur. Il a été rapide le bougre. J’enfile une robe de chambre pour descendre chercher ma pitance, mon argent à la main, m’attirant les regards étonnés et pour certains blasés de mes voisins. Une fois de retour dans mon appartement, je regarde l’heure. Il prend vraiment son temps là Meilan ou il s’est perdu en chemin ?