Visiblement le pauvre n’avait pas l’air de savoir de quoi Charlie était en train de lui parler enfin plus exactement de quoi il l’accusait de façon plutôt indirecte. Il se pencha en arrière quand il s’approcha pour l’embrasser. Voilà quelque chose dont il n’avait pas envie. En plus il avait véritablement l’impression que Ko An le prenait pour un imbécile et il ne supportait pas ça. Il ne comprenait pas pourquoi aucun mec ne pouvait se retenir. Il y arrivait bien lui alors pourquoi pas les autres. C’était si tentant d’aller voir ailleurs ? Il ne croyait pas le coréen une seule seconde. Pour lui il était clairement allé retrouver son mec pour le sauter. « Arrête de me prendre pour un crétin putain ! » Cette fois il lui hurla littéralement dessus. Il lui colla l’écran du téléphone sous le nez. Il voulait des explications même si pour lui il avait déjà découvert le poteau rose. Il ne voyait pas ce que ça pouvait être d’autre. Ce mec là était un plan cul dont visiblement il ne s’était pas débarrassé.  Il n’était pas allé en cours. Il en était persuadé. Il était allé chez ce type. Ils avaient couché ensemble cette nuit et le lendemain il baisait avec quelqu’un d’autre. Charlie refusait d’y croire et aimerait se tromper mais il était persuadé que Ko An l’avait trompé. Ils n’étaient pas vraiment ensemble mais pour lui c’était tout comme alors il s’agissait bien de tromperie. « C’est qui ? » Demanda-t-il une première fois plutôt calmement. « C’est qui ce salaud que t’as baisé ? » Il leva encore une fois la voix. Il agitait le téléphone sous ses yeux. « Parce que t’y étais hein ? Pas la peine de mentir. » A cet instant Charlie était surtout incapable de réfléchir et de penser raisonnablement. Il était aveuglé par la colère mais surtout par la peur qui l’empêchait de voir les choses sous un autre angle.

Le problème ? Charlie ne voulait rien entendre. Sa colère prenait le dessus et l’empêchait de réfléchir de façon posée. Donc impossible pour lui d’envisager les choses autrement. Il ne voyait que ça comme explication. D’autant plus que comme ça lui était déjà arrivé il était persuadé que ça ne pouvait être que ça. Le scénario était sensiblement le même. A la différence que Charlie avait pris plusieurs mois pour découvrir que son ex le trompait. Alors cette fois il n’avait pas envie d’être le dindon de la farce une deuxième fois. Il voulait à tout prix éviter ça. Pas question de se laisser faire cette fois et surtout pas question d’être cocu jusqu’au bout. « Mais vas-y ! Fous-toi de ma gueule en plus. Pourquoi vous me prenez tous pour un idiot ? » Il ne parlait. Il hurlait à chaque fois et sa voix déraillait parce qu’il tentait en même temps de retenir ses larmes. Il ne comptait pas pleurer devant lui. Il se tourna et donna un grand coup dans un de ses chevalet faisant ainsi valser son tableau mais aussi plusieurs pots de peinture dont un qu’il avait oublié de fermer et qui se répandit sur le parquet. Il s’en fichait complètement. Il ne le croyait. Il n’était pas allé en cours. Il en était sur. Il refusait d’envisager la possibilité qu’il était en train de l’accuser injustement. Il avait raison. Ko An était allé voir ailleurs. Il se retourna vers lui et recommença encore à crier incapable de se calmer. « Et alors ? Tu l’as peut être encore sauté avant de venir ici ? J’espère que c’était bon hein. » Il passa ses mains dans ses cheveux qu’il avait envie de s’arracher. Il ne pouvait pas croire que Ko An faisait partie de ses mecs là, qu’il osait lui faire ça après tout ce qu’il lui avait dit. Les dernières paroles du coréen finirent par le faire réellement craquer. Charlie renifla mais les premières larmes coulaient déjà suivies par bien d’autres. Il avait l’impression de faire un horrible retour en arrière. « Arrête de mentir ! Tu t’en fous ! T’es comme un autre. Tu t’es dit c’est bon c’mec là il captera jamais il est trop con j’peux faire ce que je veux, j’peux baiser qui je veux. » Injuste, il était plus qu’injuste envers lui. Il ne lui laissait aucune chance de s’expliquer. Il se battait avec ses sanglots pour continuer à lui crier dessus parce qu’il n’acceptait pas tout ça. « Alors quoi ? Est-ce que j’ai la tête à ça ? Est-ce que quand on me voit on se dit c’est bon c’pas grave c’est qu’une pute ? » Il essuya ses larmes qui n’arrêtaient pas de couler. « C’est quoi c’qui va pas ? Je suffis pas ? » Sa voix se brisa. Il n’arrivait pas à comprendre. Il essayait pourtant. «  Est-ce que c’est ça ? Je vaux pas le coup ? » Il allait finir par vraiment se dire que c’était le cas. Peut être qu’il ne valait pas le coup. Peut être que personne ne voulait finir sa vie avec lui.

Il n’y avait rien à faire. Charlie se trouvait dans un tel état, dans une telle rage qu’il devenait impossible à raisonner. Il ne voulait rien entendre. Il n’écoutait même pas ce que Ko An tentait vainement de lui dire. Il ne pensait qu’à lui. Il revivait la scène en projetant l’image de son ex sur le coréen qui pourtant n’avait rien fait de mal. Il n’arrivait pas  le croire. Il se sentait incapable de lui faire confiance. « Et je vérifie comment que tu me mens pas ? Je fais quoi ? C’est toi qui me disais que tu ne pouvais pas t’empêcher de regarder les autres. Fais pas comme si t’avais changé ! » Il refusait d’admettre qu’il était en tort. Il se montrait plus qu’injuste envers lui. Ko An avait totalement raison en disant qu’il était dégueulasse. Le problème c’est qu’il flippait tellement à l’idée d’être abandonné encore une fois qu’il ne comprenait même pas que Ko An ne veuille pas le laisser. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui trouver de plus qu’à une autre personne ? Les épaules de Charlie étaient secouées par les sanglots qu’il tentait de dissimuler. Il ne cessait de s’essuyer les joues et les yeux. Ces derniers étaient devenus rouges à force. Il n’arrivait pas à se calmer. « Et alors ? Peut être bien que tu voulais les deux en même temps. Te poser et continuer à sauter tout ce qui bouge. » Il l’accusait à tort et le pire c’est qu’il en avait conscience. Il se rendait bien compte que l’imbécile de l’histoire c’était lui. Mais aveuglé par la colère, par la peur, par sa peine, il ne voulait rien savoir. « Non on va pas en reparler ! Je suis le bouffon de l’histoire. Je t’emmène en Europe tout frais payé et tu vas baiser le premier venu. Je veux que tu dégages ! J’en ai assez que tu te foutes de ma gueule. » Et le pauvre Ko An ne faisait rien de tout ça. Charlie se mettait dans un état pas possible sans raison valable. Il était juste une petite chose fragile si apeuré à l’idée de souffrir encore une fois qu’il n’acceptait pas l’idée que ça puisse se passer différemment. Il ne voyait pas que Ko An tenait véritablement à lui. Il était tellement persuadé qu’il allait lui aussi lui faire du mal qu’il se réfugiait derrière ses barrières.