Journée fatigante, du moins de mon point de vue. Après une matinée où j'ai dû convaincre un élève qu'une foulure au petit doigt ne me permettait pas de le dispenser de cours de sport, je me suis rendu au lycée pour donner un cours de prévention sur la sexualité. Je peux vous dire que ces gamins sont mineurs mais pas innocents ! Il est rare d'entendre autant de question, sans doute est-ce la nouvelle génération mais lorsque moi j'étais étudiante, personne n'aurait osé poser autant de questions si personnelles. Je crois qu'en vérité, ils ont surtout voulu me tester, me faire rougir ou me mettre mal à l'aise, mais c'était peine perdue. Je n'ai absolument aucune gêne à parler de cela, que ce soit avec des lycées ou d'autres personnes. La sexualité n'est absolument pas quelque chose de tabou pour moi et heureusement me direz-vous, parce que j'aurais sinon bien du mal à survivre avec mon addiction.

Une fois dans la salle des professeurs, j'ai fais mon rapport à leur magnifique proviseur. Une barbe de quelques jours, brun grisonnant, la mâchoire carré, une musculature peu discrète sous cette chemise blanche bien trop serrée. Il n'en a pas fallut plus pour réveiller mon envie, peu satisfaite depuis la veille. Un rapport toute les deux heures en moyenne, c'est ce qu'il me faut pour que je sois calme, pour que je n'y pense pas en permanence et ne devienne insupportable. La réunion avec les élèves a durée trois heures et désormais, je veux ce proviseur. D'un geste, je relève ma jupe, croisant les jambes en lui offrant mon plus beau sourire. Je me penche légèrement en avant, dévoilant mon décolleté avantageux sans trop de vulgarité. Quelques mots, un léger rentre-dedans et le bureau sera seul témoin de notre péché. J'ai vu l'alliance mais je n'en ai rien à faire, après tout, sa femme ne saura jamais.

Je me recoiffe, rajuste mes vêtements et passe la porte, comme si de rien n'était. Mon bâton de rouge à lèvre dans une main, un miroir de poche dans l'autre, je remet en place le dernier détail, rougissant mes lèvres. Une fois le tout rangé dans mon sac à main, je pose sur mon nez mes lunettes de soleil rondes et passe la porte de l'établissement.  À l'instant même où j'allais annoncer la destination au chauffeur de taxi, je reçois un message de Li Wei et souris, demandant alors au jeune homme qu'il m'emmène vers ma nouvelle destination.

Elle va encore me dit que je sens la lubricité à plein nez mais tant pis, elle n'a qu'à me laisser le temps de prendre une douche avant de me donner des rendez-vous comme ça. En moins de quinze minutes, je me trouve devant le karaoké où j'ai mes petites habitudes, Li Wei n'est pas encore là. J'espère qu'elle ne s'est pas perdue, elle n'est pas venue ici souvent, du moins je ne le crois pas. Lorsqu'enfin je la vois, je lui fais de large signe de main et ris à son enthousiasme. « Li Wei ! Tu as trouvé toute seule, comme une grande ? » Je sais que ce genre de phrase pourrait apparaître comme de la moquerie, surtout que je ne connais pas la chinoise depuis si longtemps mais je sais qu'elle ne le prendra pas mal, elle comprend mon humour.

Elle paye, je suis ravie, je n'ai pas encore reçu mon salaire et cela devient compliqué. Sans doute devrais-je prendre les transports en communs plutôt que le bus mais j'ai du mal, beaucoup de mal, avec ce genre d'endroit. Les couloirs sont sombres et je n'ai pas écouté le numéro de notre salle alors je me contente de suivre ma nouvelle amie. Soudain, elle se prend un homme de plein fouet et me fais m'arrêter. J'ai bien envie de rire, sauf que mes yeux remontent au visage de l'inconnu et qu'il n'est pas si inconnu, justement. Il m'a déjà dragué, il était lourd, très, très lourd. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais refusé ses avances mais lui n'a pas apprécié. J'ai même eut peur qu'il me frappe mais Li Wei est intervenue et lui a mit la dérouillée de sa vie. Je ne savais même pas qu'un si petit corps pouvait frapper si fort. C'est d'ailleurs depuis lors qu'elle est mon amie. Je ne veux pas que notre soirée soit gâchée à nouveau à cause de lui alors je me fais discrète, je n'aimerais pas qu'il me reconnaisse. Seulement je comprends que c'est peine perdue lorsqu'il sourit et lance un « Mais c'est la petite pute de l'autre soir ! » avant de se tourner vers Li Wei. « Tu m'as eut par surprise, alors ouais, t'as gagnée. Cette fois ça ne sera pas la même chose, je suis avec des potes et l'un d'eux est flic. Je devrais peut-être même porter plainte, là, maintenant, pour l'agression de la dernière fois. » Toujours aussi con. Je sais que mon amie a le sang chaud alors j'attrape son bras et lui chuchote. « Fais pas attention, viens on y va. »

Tenue

Spoiler:

Je le savais. Il était tout simplement impossible à cette femme de rester calme. J'aspirais à une soirée détente, confidence, rires et chansons mais je crois que je me suis grandement fourvoyée. Je ne la connais pas si bien, je ne suis sortie avec elle que quelques fois et même si le courant passe très bien entre nous, si on me demandait certain de ses secrets je serais bien incapable de répondre. Cela dit si je devais la décrire, le premier mot que je donnerais serais impulsive. Après tout, elle arrive à se battre avec des inconnus plus souvent que les grosses brutes du quartier chaud. Elle s'emporte, elle le cherche et évidemment il ne tarde pas à répondre, sa fierté de mâle est en jeu. Elle s'en va, je la suis, serrant sa main dans la mienne sauf que bien entendu, tout ne se finira pas ainsi, ce serait trop simple. Une large main se referme sur mon bras et me retient, me faisant crier. Li Wei se retourne, ses yeux reflètent la colère et je sais que la soirée va prendre un nouveau tournant.

Je ne m'étais pas trompée. Je n'ai pas tout compris mais désormais, l'homme est à terre et visiblement, il a mal. Je suis face à elle, la chinoise est satisfaite et moi, je panique. Derrière elle, trois policiers en uniforme. Cet homme était-il vraiment ici avec eux ? Ont-ils appelés des renforts en ne voyant pas revenir leur ami ? Li Wei ne peut pas les voir puisqu'ils se trouvent dans son dos alors je les pointes discrètement et enfin, elle les voit. Je pensais qu'elle allait rester calme pour une fois, qu'elle allait s'expliquer mais c'était avoir un peu trop d'espoir. Je cours derrière elle, seulement ma jupe est serrée et mes talons hauts. Je m'essouffle vite et au détour d'un couloir, je m'arrête, la forçant à faire de même. « Non mais t'es pas bien à courir comme ça ?! On est de parfaites suspectes maintenant ! ». Je reprend difficilement ma respiration, mon souffle est saccadé. « Je ne vous le fait pas dire mademoiselle. » Dans un sursaut je me retourne, ils sont là, face à nous et on ne peut plus vraiment s'enfuir. « On peut vous expliquer ! C'était de la légitime défense ! » Ils ne semblent pas me croire une seconde. « Et bien vous allez nous raconter tout ça au poste, hm ? » Quoi ?! Ah non mais non ! Je ne peux pas finir en prison moi, je n'ai jamais eut de problème. Attendez... Si j'ai un casier judiciaire, je peux être renvoyée au Japon ?!

Li Wei prend ma défense, elle n'a pas l'air apeurée une seconde alors que moi, je panique déjà. Peut-être s'est-elle déjà fait arrêter pour le même problème, après tout ce ne serait pas si étonnant aux vues de son tempérament électrique. Je soupire, me laissant entraîner. J'ai de la peine à marcher, l'homme qui me guide semble oublier que je ne fais ni sa taille, ni son poids. Si bien que j'en viens à me plaindre. Je me fais déjà arrêter en étant victime alors si en plus ils sont désagréables, je vais perdre mon calme à mon tour. On me force à entrer dans la voiture de police et je m'installe sur le siège arrière alors que mon amie est emmenée de l'autre côté du véhicule, prenant place de l'autre côté de la banquette. Les menottes, ce n'est pas confortable, je suis forcée de garder mes mains dans mon dos et la position n'est pas des plus pratiques avec talons aiguilles et minijupe. Un soupir passe à nouveau la barrière de mes lèvres alors que la voiture démarre et mon regard se pose sur l'extérieur. Si l'on m'avait dit qu'en prévoyant une soirée amusant je terminerais au poste, je ne l'aurais pas cru et pourtant, me voilà.

On pousse mes épaules pour que je m'installe sur une chaise face au bureau de l'officier. « C'est bon, je m'assois, vous n'avez pas besoin d'être violent. On ne se comporte pas comme ça avec les femmes ! » Il fallait bien que tout ceci finisse à m'énerver. Li Wei n'a fait que me défendre d'un pervers et dans ce monde machiste, en toute logique, c'est nous que l'on accuse. Elle s'inquiète pour moi, elle est mignonne. Je ne peux m'empêcher de sourire, elle nous a mises dans une position fâcheuse mais je sais que c'est une amie sur qui je pourrais toujours compter et ça, au moins, c'est une bonne nouvelle. Les mots de mon amie me parviennent alors aux oreilles et me font sourire. Faire du charme à l'officier ? Ce n'est pas une si mauvaise idée, il n'est pas trop âgé et il est plutôt bel homme dans son uniforme. Je souris et croise mes jambes, me penchant légèrement en avant pour que ma chemise dévoile un décolleté un peu plus remarquable. « Excusez-moi mais... Nous ne risquons pas de partir d'ici puisque le bâtiment est empli de policiers alors, serait-il possible de défaire nos menottes ? Je vous promets d'être sage. Enfin... Si c'est ce que vous désirez. » Je lui souris, bloquant ma lèvre inférieure entre mes dents un très bref instant. Seulement, il frappe son bureau, me faisant sursauter. Il rit. Il me ferait sans doute peur si je n'avais pas vu bien pire.

Il nous explique que nous avons blessé un homme sans raison apparente et qu'il n'en saura plus que lorsque ses hommes auront pu interroger l'homme violenté, soit demain matin. Je prends un air paniqué, je travaille demain, je ne peux pas passer la nuit ici. Avant même que je n'ai eu le temps de protester, les policiers viennent nous chercher à nouveau et nous accompagnent en cellule de dégrisement, nous retirant enfin les menottes. Je m'accroche alors aux barreaux, criant alors qu'ils quittent la pièce. « Non mais ce n'est pas possible ! On ne peut pas rester ici ! J'ai un travail, moi ! » Je soupire, ils ont refermé la lourde porte donnant sur l'espace principal et nous nous retrouvons ici, entourés d'autres cellules pleines de gens bien plus terrifiants que nous ne pouvons l'être. « On fait quoi maintenant ? Avec un chef misogyne... Je n'arrive pas à croire que mon décolleté n'est pas aidé ! » Je regarde autour de nous mais n'ai même pas envie de m'asseoir sur ce banc en béton, ce qui me fait soupirer à nouveau, lançant un regard de détresse à Li Wei.