Des filles, de l’alcool, un bon joint dans le nez. Installé confortablement sur une des banquettes du club, le nez entre deux poitrines délicieuses, deux charmantes demoiselles essayaient de me faire avaler encore un verre. Sauf que moi l’alcool, comme vous le savez, ce n’est pas mon trip. Et , mazette, à chaque fois que je leur disais d’arrêter, les deux filles gloussaient comme des poulettes en chaleur et ne me lâchais pas. Je tentais vainement de fumer mon joint. L’une d’elle commençait à en avoir marre, je ne savais pas pourquoi d’ailleurs, et me retira Marie la douce pour ensuite la piétiner. Puis, les deux partaient, comme ça, sous mon regard incrédule. Ceci restera un épisode de ma vie que je ne comprendrais jamais.


Mais j’étais bien remonté : le seul joint que j’aurais pu fumer était parti…en fumée. « En matière de chieuse, y’a pas pire. » Ouais, sauf qu’on va dire que j’ai peut-être parlé trop vite. Lorsque je me levais pour me rapprocher du bar, et draguer d’autres midinettes, on me fonçait droit dedans. Et la jolie chemise que j’avais pris la peine de mettre pour le coup, se retrouva tâché d’un liquide non identifié mais alcoolisé à coup sûr. « Mais c’est pas vrai ! vous pouvez pas faire attention ?! Si vous ne savez pas marcher avec des talons, n’en mettez pas… mais j’y crois pas là j’ai vraiment la poisse…oui c’est ça, ne dites r-… » J’avais croisé son regard. Non. Elle. Ici. Comment était-ce possible… « Hea Jung… »

Il n'y avait que très peu de soirées auxquelles ne participait pas Hea Jung. Voyons, elle était l'une des plus jolies filles de l'université, l'une des plus riches aussi ( dans la croyante populaire évidemment, en réalité elle n'avait pas un sou ), l'une des plus famous... Des plus sexy, des plus tout ! Sa présence était tel un sésame à avoir à tous pris pour certains jeopardize voire tsebe, et... Rien d'étonnant donc à ce qu'elle soit à cette énième soirée organisée par on ne sait qui et en réalité, elle s'en foutait pas mal tant qu'elle pouvait prendre du bon temps, s'éclater et consommer gratos. Dans les bras d'une de ses connaissances, un jeune homme plutôt pas mal sur le plan physique comme financier, elle dansait tout en sirotant son verre d'alcool. Son dos était collé son torse, et je vous laisse deviner contre quoi son fessier se pressait donc. Le pauvre garçon était en ébullition, elle le sentait. Mais, Hea Jung était très maligne, en plus d'être belle. Elle savait se faire désirer. Et elle s'éclipsa donc de ses mains, prétextant une soif et donc un passage obligatoire par le bar.

Sauf que, sur son chemin, elle bouscula un inconnu. Rien de très grave : de toute manière, sa chemise aurait été trempée par de l'alcool tôt ou tard lors de cette soirée, voire par autre chose que de l'alcool, alors il pouvait s'estimer heureux qu'il ne s'agisse que de ça. Elle se contenta de rouler des yeux en entendant sa tirade, s'apprêtant à lui répondre qu'elle savait aussi bien porter des talons que lui savait crier contrairement à ce qu'il pouvait dire mais... Lorsqu'il releva la tête, elle ne put s'empêcher d'être étonnée. Elle le connaissait, il n'avait rien d'un inconnu. Le petit Hak Cha... Il l'avait suivie à la trace durant toutes ses années lycées. L'avait-il oubliée ? Visiblement non. « Hak Cha, tiens donc... Comme on se retrouve. » Elle lui sourit, de ce sourire dont elle seule était capable. Elle se savait irrésistible dans sa petite robe noire moulante, dans ses bas résilles, perchée sur ses talons qui lui faisaient des jambes interminables. Elle se savait irrésistible, et elle en jouait. « Excuse-moi, pour la chemise. » qu'elle lui lança tout en prenant un mouchoir et en l'essuyant un peu. « Ne t'en fais pas, la tâche devrait partir sans trop d'efforts. »

J’étais également du genre à passer beaucoup de temps en soirée. J’écumais même celles où je ne connaissais personne, bien que c’était plus marrant de faire le bordel avec des gens qu’on connait, on est d’accord. Tant qu’il y avait de la fumette à gogo, on était sûr de m’y trouver. Et puis, s’il n’y en a pas, c’est moi qui l’amène, donc, ça ne pose pas de problèmes. Ouais voilà, on ne va pas se cacher que je passe le plus clair de mon temps en soirée.  Ouais sauf que là, la soirée où je me trouvais… Commençait très mal pour moi. Déjà que la pouffiasse avec son cul de noire, ou alors c’est simplement la robe qui lui moule son postérieur d’éléphant, bousille mon instant avec Marie la Douce… Voilà que je ne peux pas faire un pas sans qu’on me fonce dessus. Et qu’on nique la seule belle chemise de mon armoire (ou pas).

Evidemment, je ne m’étais pas empêché de pousser une petite gueulante.  Sauf que , lorsque mon regard croisa celle de ladite tueuse de chemise… Mon cœur était parti loin. Des jambes avaient poussé sur cet organe et il m’avait quitté. Pour retourner dans mes souvenirs des années lycées. Hea Jung. Et moi qui pensais que je n’allais plus pouvoir la revoir. Hea Jung, la seule fille dont j’ai été réellement amoureux. Et dont j’en suis encore. La fille qui , j’espérais, tomberait folle amoureuse de moi. Ça n’est jamais arrivé. On s’est quitté, sans plus. Et la revoilà, dans ce monde hostile de la night. Je ne cessais de la fixer. Elle était comme dans mes souvenirs. Toujours aussi belle. « ç…ça fait longtemps… ». La tâche ? Qu’est-ce que je m’en fous maintenant.

Hak Cha... Elle l'avait connu au lycée. Il avait été derrière elle durant près de trois ans. A la suivre à la trace. A lui offrir des cadeaux, des sourires, à lui proposer des sorties. Il l'avait aimée, elle le savait. Peut-être même l'aimait-il toujours. Elle l'avait utilisé, oh oui, sans vergogne. Comment ne pas être tentée de le faire alors qu'il cédait à tous ces caprices ? Il ne lui avait jamais rien refusé, alors elle en avait profité. Aujourd'hui encore, il semblait ne pas pouvoir lui refuser quoi que ce soit, ou lui reprocher ses erreurs. Il avait bien crié au départ, en sentant le liquide se déverser sur sa chemise, mais le voilà qui la fixait d'un air béat désormais. Le voilà qui parlait d'une voix bien plus douce, bien moins agressive. Il ne se souciait même plus de sa chemise. Et sa réaction lui arracha un petit sourire amusé. « Ca fait longtemps oui. » qu'elle lui répondit, avant de lui adresser un clin d'oeil. « Eh bah ? T'as vu un fantôme ou quoi ? Je ne pense pas avoir changé à ce point, si ? »

Elle porta son verre à ses lèvres, buvant sensuellement – détail très important, évidemment – quelques gorgées de ce dernier avant de le reposer sur le bar. « Je ne savais pas que tu étais aussi à cette université. T'étudies quoi ? Et puis... » Sadique ? Non, pas totalement. Mais réellement curieuse en ce qui concerne ce domaine... Parce qu'elle voulait, d'une certaine manière, savoir s'il ressentait toujours les mêmes sentiments envers elle ou non. « Les amours alors, comment ça se passe ? »

La jeune lycéenne a bien changé. En mieux. Elle est devenue encore plus jolie. Une pure beauté. Un vrai diamant. Et mon cœur qui se réanimait. Et mes yeux qui se noyaient dans son regard. Et sa bouche bien dessiné, cette bouche que j’ai rêvé tant de fois d’embrasser. Ce corps  pour lequel je me damnerais de le toucher, de faire glisser mes doigts sur sa peau de satin. Non, ce n’était pas qu’un fantasme. Hea Jung ne m’intéressait pas juste pour le cul. Hea Jung… Hea Jung c’était la rose épineuse que je m’étais risqué à cueillir des dizaines et des centaines de fois. Hea Jung, c’était tout et rien à la fois. C’était cette fille idéale. Cette déesse inaccessible. C’était mon bonheur. Et ma douleur.

« Tu es si belle… » Tellement de souvenirs, de sourires, avaient rejaillis dans mon esprit. Je ne m’arrêtais pas de la contempler alors qu’elle se mettait à boire son verre. Je l’ai aimé. Je l’aimais encore. Ça crevait les yeux. Un amour retrouvé. Je n’avais pas pu l’oublier, tâche trop difficile. J’avais eu d’autres problèmes à m’occuper. Je tentais de me retrouver une contenance. Mais devant l’objet de son amour, c’est toujours compliqué.  Tout en me commandant un verre, nous entamions une discussion. « Je suis dans la filière du commerce et toi ? » Vint la question qu’il  n’aurait pas fallu poser. « Les amours ? J’ai des plans culs par-ci par-là… mais j’y pense pas réellement. En fait… » Je buvais une petite gorgée de mon verre. «  Je suis toujours aussi amoureux de la même fille depuis des années. »

Bien des personnes avaient été intriguées dans le passé par la manière dont Hak Cha observait Hea Jung, contrairement à la principale concernée. Cette drôle de façon de la fixer du regard... Qui était bien différente des hommes qui voulaient simplement la mettre dans leur lit. Qui était bien différente de celle qui ne s'intéressaient qu'à son corps. Il s'agissait du regard d'un homme amoureux. Sincèrement, profondément amoureux. Mais, elle était trop dissipée pour le comprendre. Elle était trop dissipée, s'attachant à des choses superficielles, pour se rendre compte de sa chance. Peut-être se pensait-elle aussi incapable d'être aimée sincèrement ? Peut-être pensait-elle les autres en être incapables ? C'était une possibilité. Lorsqu'il lui dit qu'elle était belle, elle ne put que sourire. Sourire, satisfaite. Oh oui qu'elle était belle. Et elle était bien heureuse qu'il le sache. Qu'il l'avoue.

Elle se contenta de lui répondre un petit « Merci. » tout en vidant ce qu'il restait dans son verre, l'écoutant attentivement. Elle pouvait sentir son regard sur elle. Encore et encore. Et elle adorait ça. Si seulement il savait à quel point il flattait son égo. « Oh, le commerce... Moi je suis en sciences humaines. Sociologie quoi. » De nouveau, un sourire, en attendant la réponse à cette question fatidique. Et elle ne fut pas déçue de ce qu'elle entendit. Toujours amoureux de la même fille depuis des années. De la même fille... Il ne pouvait s'agir que d'elle, non ? Elle rit un peu, et d'un air malicieux, lui demanda alors, histoire de s'en assurer. « Et je la connais, cette fille ? »

Hea Jung. Ce simple prénom avait eu le don, passé et présent, de me mettre dans tous mes états. L’amour pouvait rendre fou, moi j’étais devenu complètement dingue. J’avais mis toutes mes chances de mon côté, pour l’avoir. Mais beaucoup d’hommes, beaucoup de garçons tournaient autour d’elle, tout comme cela se faisait dans le passé. Et ces hommes-là n’avaient jamais voulu la rendre heureuse. Moi si. Moi, je voulais qu’elle devienne la femme la plus heureuse du monde. J’avais bien remarqué que je perdais mon temps. J’aurais voulu lui ouvrir les yeux, lui montrer que c’était moi et pas eux mais… Hea Jung, c’était Hea Jung. Et j’ai bien peur qu’elle n’ait pas changé au niveau caractère. J’ai bien peur de perdre mon temps encore une fois. Mais je l’aime. Je l’aime véritablement comme avant.

Je n’ai jamais ressentis autant de choses pour une femme. Oh, des plans culs j’en ai eu, comme je viens de lui confier, mais l’amour avec un grand A… C’est juste avec elle. Elle est mon tout, et je ne sais pas si je dois répondre à sa question. J’ai envie d’y aller cash. Mais quelque chose me dit que ce n’est pas une bonne idée. Je buvais encore une grande gorgée de ma boisson, puis, je plantais de nouveau mon regard dans le sien. Du courage, il allait m’en falloir maintenant. « C’est toi que j’aime depuis le début. » Les mots sortaient, sans que je ne puisse saisir leur sens. Mes yeux brillaient. Je lui avais dit sincèrement, après tant d’année.

Le tsebe avaient les yeux qui brillaient. Il la détaillait du regard, et elle le sentait. Il n'avait visiblement pas tant changé. La situation l'amusait, oh oui qu'elle l'amusait. En fin de compte, elle était plutôt contente de l'avoir recroisé, en fait. Il lui avait été si utile dans le passé... Utile, oui. Quel méchanceté, de parler de quelqu'un ainsi, non ? Mais, c'était le premier adjectif qui lui venait en tête lorsqu'elle pensait à lui. Il lui avait toujours rendu tout un tas de service, sans la moindre contrepartie, à croire qu'il n'attendait rien d'elle mais lui donnait tout. Alors évidemment qu'elle était ravie de le retrouver ! Enfin, restait à savoir s'il l'aimait encore ou non. Aimer... D'ailleurs, l'aimait-il réellement ? Aimait-il uniquement son physique, comme tous les autres ? Elle penchait plutôt pour la seconde possibilité. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, dans le domaine de l'amour, et surtout la connaissant, Hea Jung était plutôt pessimiste. Elle peinait à croire qu'on puisse s'intéresser à elle pour autre chose que sa plastique. Et ne se doutait donc pas que Hak Cha, lui, l'aimait sincèrement, en dehors de son physique.

En lui demandant si elle connaissait cette fille, elle ne s'était pas attendue à une réponse aussi franche. Aussi direct. Car après un moment d'hésitation, il lui dit de but en blanc que la fille était elle. Qu'il l'aimait elle, depuis tout ce temps. Il ne lui avait jamais ainsi avoué dans le passé. Et cette fois-ci, malgré son aisance naturelle pour le langue, elle ne sut quoi le lui dire. « Ecoute... » Elle s'approcha de lui, prenant son visage entre ses mains et... Se penchant vers lui, elle l'embrassa. Longuement. Lentement. Avant de se reculer, lui adressant un simple sourire. « Bonne fin de soirée. » Oui, ce baiser était sa seule réaction et sa seule réponse. Avant qu'elle ne reparte, un verre dans la main, en direction de sa conquête du soir.

Une rose épineuse que je m’étais risqué à cueillir pour juste avoir le droit de me piquer de nombreuses fois sur ses aiguilles tranchantes. Ce lyrisme résumait bien la situation que j’entretenais avec Hea Jung. Quelque chose d’impossible à avoir. Avec le temps, j’aurais pu me faire une raison, mais l’amour est définitivement au-delà de tout, si ce n’est de la mort. Alors tout ce que j’ai pu faire, c’était de taire mes sentiments et d’attendre que le temps nous réunit de nouveau, bien que je n’y croyais pas tellement au final.  J’ai été jaloux des garçons qui la côtoyaient, oh oui, j’ai été jaloux de nombreuses fois. Mais en même temps, je ne l’enviais pas : Dans le regard de chacun de ces hommes, nulle flamme amoureuse. Juste une lueur carnassière, une envie de la dévorer toute crue. Juste le cul. Juste son corps parfait et son argent. Plusieurs fois je m’étais déjà imaginé lui dire. « Ces hommes-là ne sont pas pour toi. Ils ne veulent pas ton bien. Viens. » Et lui tendre la main qu’elle attraperait. Je n’en ai jamais eu le courage.

Et maintenant qu’on s’était retrouvé, je lui avais dit. Un « je t’aime » dissimulé en une belle phrase.  Mes yeux pétillaient, les mots s’étaient évadés de leur plein gré pour atterrir dans son oreille. Hea Jung , ma belle semblait alors déstabilisée. Pourtant, elle a dû en entendre des déclarations de ce genre non ? Alors pourquoi sentais-je que ses défenses tombaient ? Et soudainement, quelque chose que je n’attendais plus, se produisit. Ses doigts agrippaient fébrilement mon menton. Et, ses lippes délicieuses se posaient sur les miennes. Un baiser voluptueux, lent, long. Un baiser qui réveillait les papillons dans mon ventre, qui enflammait mes pommettes.  Et aussi soudainement que ça avait commencé, cela s’arrêtait. Un dernier battement de cil. Un dernier regard. « Hea Jung… » Et elle partait, me laissant pantois, sans plus comprendre de mon dessein.

Elle en avait entendu d'autres des déclarations du genre, c'est vrai. Bien des jeunes hommes lui avaient dit qu'ils l'aimaient. Elle y était habituée. Simplement, Hak Cha était tout de même sensiblement différent des autres, dans le sens où il avait toujours été aux petits soins pour elle, pendant des années et des années, mais sans jamais lui dire. Et voilà qu'il lui dévoilait soudainement, de but en blanc, qu'il l'aimait, même si évident elle s'en doutait. C'était juste... Etrange. Et, pour rendre la situation encore plus compliquée et hallucinante qu'elle ne l'était déjà, Hea Jung, ne sachant quoi lui répondre, s'était contentée de se pencher vers lui et de l'embrasser. Longuement. Tendrement. Avant de se reculer, de lui souhaiter une bonne soirée, et de partir comme si de rien n'était. Un baiser, un regard, et là voilà qui disparaissait déjà parmi la foule. Puis, tout naturellement elle retourna près de sa conquête du soir, pressant son corps contre le sien, partageant quelques verres avec lui... Ainsi que son lit pour la nuit.

Les jours qui suivirent, elle ne croisa plus Hak Cha. Et, comme toujours, elle était déjà passée à autre chose. Fêtes, soirées... Bref, elle fut de nouveau prise dans sa routine habituelle. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire, si la vie de Hea Jung paraissait simple et parfaite au premier abord, elle était loin de l'être. Hea Jung mentait sur tout. Pratiquement tout. De sa richesse à sa famille. Elle disait qu'elle avait beaucoup, or elle n'avait rien. Et voilà qu'avant une soirée, elle n'avait personne pour l'y emmener. Y aller à pieds ? Hors de question ! Y aller en vélo ? Pire. Métro ? Pas possible non plus. Il fallait qu'elle y aille au sein d'une belle voiture. … Attendez, Hak Cha en avait une, non ? Il ne lui refuserait tout de même pas une petite course, non ? « Allo ? Hak Cha... C'est Hea Jung... J'ai besoin de toi, vraiment besoin de toi là... » Qu'elle lui lança de sa voix intentionnellement mielleuse et pleine de détresse. Eh oui, la fin justifie les moyens pour la coréenne.

C’était la première fois que je lui disais réellement tout ce que je ressentais pour elle. La première fois que j’ouvrais mon cœur, que je lui révélais toute l’étendue de mon amour. Même si je n’ai pas encore réussi à réellement lui dire « je t’aime », j’ai déjà fait un grand pas dans ma vie amoureuse. Parce que, si vous voulez, c’est plutôt aux boobs des autres filles que je dirais je t’aime. Là, avec Hea Jung, c’était différent. Tout était différent. Je suis condamné à me languir pour elle. Je sais que je peux rêver pour qu’elle partage mes sentiments. On me l’a déjà dit de nombreuses fois que ce n’était pas une fille pour moi. Que je visais trop haut. Alors je n’y croyais plus. Et puis, lorsque ses lèvres ont frôlé les miennes. Lorsque nos lippes ont fait connaissance. Lorsque j’ai fermé les yeux.  J’ai ressentis tout ce que j’avais tenté d’enfouir au plus profond de mon être. Mais toute bonne chose a une fin. Et l’échange s’est rompu. Elle s’est évanouie dans la nuit, comme elle était revenue.

Les jours qui ont suivi, elle n’est pas sortie dans mon esprit. J’y ai pensé, et repensé encore. J’ai fait un rêve, où nos corps flambaient dans une union charnelle. Je suis passé plusieurs fois devant la fraté des Jeo, pour tenter de la revoir. Je n’ai pas osé. Je m’en suis mordu les doigts. Et puis il y a eu ce coup de fil, inespéré. Bon j’dois avouer que sur le coup, il m’a un peu dérangé. J’étais en pleine séance intime avec Ginette, si vous voyez où je veux en venir. Mais j’étais heureux et inquiet en même temps d’entendre sa voix au téléphone. Elle semblait vraiment désespérée. « Hea Jung… tu sais bien que je ferais tout pour toi. » M’essuyant les mains, et je vous épargne le reste, j’attendais impatiemment la suite. Mon cœur battait à toute vitesse. Peut-être aurais-je une occasion de la revoir…

Elle était diabolique. Elle était méchante, et cruelle. Elle connaissait désormais ses sentiments pour elle, et elle en jouait. Quelle vilaine fille, n'est-ce pas ? Elle ne se rendait pas même du mal qu'elle lui faisait, à vrai dire. Oui, elle ne s'en rendait pas compte, car bien trop occupée à penser... A elle-même. A sa petite personne, à sa petite vie, à son petit confort... Si occupée qu'elle en oubliait le monde et le reste. Il y avait cette soirée, il y avait elle dans sa magnifique robe noire, moulant son corps de déesse... Il y avait ses escarpins, qui l'empêcheraient de marcher correctement d'ici jusqu'à sa destination et puis... Il n'y avait pas la voiture. Il manquait la voiture. Mais son petit doigt lui disait qu'elle pouvait compter sur une certaine personne pour palier à ça.

Un coup de fil, et l'affaire était réglée. Dès lors qu'elle entendit la voix de Hak Cha, sa réponse, elle sut que c'était dans la poche. Quelle bonne comédienne ! Il lui disait qu'il ferait tout pour elle... Bon à savoir, sûrement qu'elle ne manquerait pas de s'en souvenir pour les fois à venir. Hea Jung était chanceuse, d'avoir une telle personne à ses côtés, prête à se damner pour elle... Mais elle ne s'en rendait pas compte. Elle ne s'en rendait pas compte pour le moment. Insouciante, elle poursuivit donc son petit jeu d'actrice « Dis... Ca te dérangerait de venir me chercher devant la fraté des Jeo ? J'ai vraiment besoin de toi... Il y a une soirée très importante, je dois y être à tout pris mais il n'y a personne pour m'y emmener... Est-ce que je peux compter sur toi, dis ? » Elle attendit qu'il réponde avant de reprendre « Bon, je t'attends devant la grande porte... Ne tarde pas trop ! » Et là voilà qui raccrochait. L'affaire était réglée.

J’en étais amoureux, j’en étais dingue, j’en étais fou. Bordel de merde, Hea Jung c’était ma vie, mon tout, ma passion. Je n’en pouvais plus. Have got you under my skin comme dirait les DBSK. J’pourrais jusqu’à donner ma vie pour elle. Tout arrêter, devenir quelqu’un d’autre pour lui plaire. Un de ses fils de riche qui ne voit que par sa fortune, y’a pas d’amour putain. J’ai tellement de choses à lui dire, tellement de choses à lui donner, tellement d’amour à lui offrir. J’irais jusqu’à m’ouvrir les veines et pisser le sang pour elle, si elle me le demandait. J’irais jusqu’à crever pour elle. Parfois, ma vie est insoutenable quand elle n’est pas là. Alors je la rêve, sous d’autres facettes, et je nous vois heureux. Je vois un sourire sur ses lèvres. Les épines de la rose qui tombe. Et je vois une petite princesse entre notre couple. Et je vois une alliance à son doigt. C’est comme ça que je vois ma vie future, la version parfaite.

Mon portable tremble dans ma main. Ma main qui tremble. Je l’entends, elle a l’air désespérée, j’essaie de la calmer. Une phrase suffit, une phrase qui voulait tout dire. Je l’aime, Ô dieu que je l’aime. Je suis fou d’elle. Elle parle, je bois ses paroles. Mon cœur s’emballe. Je transpire, elle demande. Une voiture, c’est son besoin. Je me souviens que je suis suspendu de permis. « Tu peux compter sur moi, vraiment. » Tant pis pour le permis, j’avais une occasion de la voir. L’amour nous fait faire n’importe quoi.

Bien habillé, 5 à 10 minutes après, j’arrivais avec ma voiture, une voiture qui ne se voulait pas voyante mais qui avait sa fantaisie, devant la fraté des jaunes. Et je la voyais, dans sa robe qui faisait ressortir toute sa beauté, je lui faisais signe. Qu’est-ce qu’elle était jolie. Enfin, elle arriva en trottinant sur ses talons. Je me permettais un petit commentaire au moment où elle entrait dans la voiture. « Tu es vraiment magnifique Hea Jung » Elle a toujours été magnifique, quoiqu’elle fasse.