Des jours qu'elle ne l'avait pas vu. Combien de temps exactement ? Elle n'avait même pas envie de savoir. Rien que l'idée qu'il ait pu l'ignorer l’écœurait. Elle l'avait harcelé de messages, aussi bien écrits que vocaux, elle l'avait cherché à l'université. Mais il semblait s'être volatilisé, le cœur de la jeune fille avec lui. Elle s'était cloîtrée dans sa chambre pendant quelques temps, ça lui semblait une éternité. Elle avait un goût amer dans la bouche en repensant à Tasyr, elle en était malade. Elle regardait tout le temps son portable, de peur de manquer, un message ou un appel. Mais elle devait s'y raisonner, s'y faire. Il ne lui répondrait pas, il ne la rappellerait pas. Elle avait été assez stupide pour le croire, pour lui faire confiance. Elle ne lui en voulait même pas, elle s'en voulait à elle. Sans lui elle se sentait défaillir, faible. Un sourire amer s'étira sur ses lèvres. Pourquoi c'était si douloureux ? Une lueur d'espoir traversa ses yeux lorsqu'elle sentit son portable vibrer, mais le nom du destinataire l'éteignit rapidement. Hansa. Elle eût presque envie de jeter son portable contre le mur en face d'elle. Mais au dernier moment elle se retînt. Hansa..elle ne lui envoyait pas souvent des messages. Elle était curieuse de savoir de quoi il s'agissait cette fois. Et puis..elle connaissait le jeune Syrien. Peut-être qu'elle savait quelque chose ? C'est finalement le cœur battant qu'elle décida d'ouvrir le message, trouvant alors le simple nom de son ami, ainsi qu'un lieu de rendez-vous et une heure précise. Elle eût un petit rire nerveux, s'empêchant de pleurer. Elle était légèrement soulagée. Il était là, quelque part. Elle allait pouvoir le voir. C'est sur ce sentiment réconfortant qu'elle s'endormit après de nombreuses nuits blanches.
Elle n'était pas à l'heure. Elle se pinça les lèvres, elle commençait à devenir anxieuse. Des milliers de questions tournaient dans sa tête, et aucune réponse. Elle avait peur de se faire repousser. Elle avait envie de rebrousser chemin. Le taxi s'arrête cependant près du jardin botanique. Elle inspira un grand coup avant de sortir du taxi, le cœur battant à tout rompre. Elle avança lentement avant d'apercevoir une silhouette plus loin, assise sur un banc. Elle voulait presque pleurer. Il tourna soudainement la tête vers elle, elle déglutit, effrayée. Mais il se contenta de murmurer son prénom et de tourner la tête vivement à l'opposé. Mais elle avait eu le temps de les voir, ses blessures, quelques bleus, pas grand-chose en apparence. Pourtant c'était déjà beaucoup trop pour la jeune fille qui se précipita vers lui et tourna de force son visage. « Tasyr...regarde moi. S'il-te-plaît. » — elle pâlit à sa vue, un trouble s'éleva dans son âme éperdue.

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Elle enleva sa main rapidement, comme brûlé à vif par les mots du jeune homme. Elle avait envie de reculer, partir en courant, mais la main du garçon sur sa joue, cette caresse furtive l'en empêcha. Elle fut presque outrée de ce geste. Elle ne savait plus vraiment. Qui était-elle ? Qui étaient-ils ? Elle doutait, elle doutait de tout. Même de lui et de son amour pour elle. Elle osait à peine respirer. Elle était effrayée. Effrayée par son visage aussi marqué, par son rejet. Son cœur d'enfant vînt alors se fissurer, doucement, mais sûrement. Ça fait mal. Elle se pinça les lèvres, ravalant les larmes qui embuèrent ses yeux. Elle ne pouvait pas pleurer, il semblait aussi perdu qu'elle, elle ne pouvait pas se montrer faible. Elle se tût, sa douleur se cacha loin au fond de son petit cœur d'enfant, elle n'existe plus. « Pourquoi ? » chuchota-t-elle tout doucement, comme s'il était un animal effrayé à apprivoiser. Un simple mot qui pourtant soulevait tant de questions. Elle repensa aux longs jours qui se sont écoulés avant de pouvoir le voir. Une éternité presque pour la jeune fille. Un sourire triste étira ses lèvres. Maintenant, il l'inquiétait à vrai dire. Que s'était-il passé pour qu'il soit dans un tel état ? Mais surtout et plus que tout, pourquoi n'était-il pas venu se réfugier chez elle ? Pourquoi chez Hansa ? Pourquoi pas elle ? Elle ne comprenait pas, elle ne voulait pas comprendre. Il aurait dû venir la voir, elle se sentait démunie face à lui. Il semblait la fuir et en même temps, cette simple caresse sur sa joue paraissait comme une demande muette pour qu'elle reste. Finalement, elle prit sa main, liant leurs doigts. « Idiot, idiot. Où étais-tu ? J'étais morte d'inquiétude.. » murmura-t-elle, dans une plainte silencieuse, dans une lamentation pacifique. Elle hoqueta doucement, retenant difficilement des sanglots. Elle n'avait pas pu. L'inquiétude, le sentiment de rejet, d'abandon, de dégoût envers elle-même, tout les sentiments qu'elle avait pu ressentir se mélangeaient, des fines perles salées roulaient sur ses joues, souillant alors ses petites joues blanches. Elle n'avait pas pu les retenir. Elle se sentait faible et honteuse. — First you made my heart beat, then you beat my heart. Even if it hurts, it's okay if it's you, because you are so special to me.

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boum, boum. C'est le cœur de la petite princesse qui se remet à battre. Il la serrait fort contre lui, elle se sentait déjà mieux. Elle frissonnait sous ses baisers. Comment cette sensation avait-elle pu autant lui manquer ? Son cœur s'affolait. Elle avait l'impression de perdre la raison. Elle se sentait encore si mal il y a quelques instants, et maintenant, elle avait l'impression d'être sereine, complètement hermétique au malheur passé. Elle se colla un peu plus contre lui, dans un geste inconscient, toute abandonnée dans le sentiment de chaleur et de réconfort qu'il lui apportait. — Et ce fut sans conscience qu'elle se laissa aller dans ses bras, pourvu qu'il y absorbât son âme et que l'existence entière y disparût.
Elle le laissa parler, elle ne comprenait pas pour quelle raison il avait voulu l'éviter. C'était tout simplement impensable aux yeux de la jeune fille qu'il le veuille, de son plein gré, mais c'était bel et bien le cas. Son cœur se déchira alors un peu plus. Elle ne se comprenait plus. Son cœur n'arrêtait pas de balancer entre deux états bien distincts, l'un d'une douceur et d'un ravissement extrême, le second ne semblait que douleur et affliction. Sa tête tournait lentement, elle ne savait plus. Elle avait besoin d'y voir clair dans son âme, et de donner audience à la foule de sentiments qui l'agitaient. Elle de détacha doucement de Tasyr, juste un peu, pour pouvoir le regarder dans les yeux. « C'est moi. C'est moi qui le voulait. Est-ce que tu vas me le reprocher ? .. » elle déposa un léger baiser dans le cou de ce dernier, comme pour lui signifier sa présence et son amour. « tu sais combien de temps ça fait ? J'ai l'impression que c'est une éternité... ». Cette période sans lui fut insoutenable, un sort de serment rompu, un amour fané. Chaque matin, elle l'espérait pour la journée, son rire sonnant continuellement dans son esprit, mais au coucher du soleil, toujours plus triste, elle désirait être au lendemain. Elle avait tant espéré. Il avait disparût.  — Elle aurait voulu ne plus vivre, ou continuellement dormir. Il était bien trop douloureux de rester dans un tel état.

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Son cœur bondit dans sa poitrine, il menace d'exploser. Elle l'aime. — Les mots qu'il prononça réchauffèrent le cœur de la demoiselle qui se cachait au creux de ses bras. Il la serrait si fort qu'elle en suffoquerait presque, mais cette étreinte était bien trop douce et emplie de tendresse pour qu'elle pense ne serait-ce qu'une seconde à s'en défaire. Il l'avait retrouvé, il était là. Elle s'accrocha à lui, comme si sa vie en dépendait, elle ne pensait pas au fait qu'elle pouvait raviver la douleur de ses blessures. Ça semblait bien égoïste, mais dans la chaleur de ses bras, elle soignait son cœur écorché à vif par son absence des derniers jours. Elle semblait perdue, leur relation semblait si fragile et en même temps bien trop forte pour être détruire. Elle avait pourtant l'impression qu'un seul coup de vent pouvait tout faire voler en éclat. Elle ne savait plus trop. L'étreinte étouffante qui lui offrait lui donnait le sentiment que leur relation était inébranlable, qu'ils ne pourraient jamais être séparés. Pourtant, ça ressemblait étrangement à un mensonge face aux derniers jours écoulés. Ils étaient éphémères, au plus grand malheur de la jeune fille, qui ne savait plus si elle devait réellement croire à leur promesse d'éternité. — En tout cas, elle avait perdu la tête.  Elle ne sait plus ce qu'elle sent, ni pourquoi ; c'est de la folie pure et pourtant c'est parfaitement raisonnable.
Il la cala sur ses genoux, et elle le laissa faire, attendant tout simplement qu'il lui explique. Elle le regardait simplement, attendant. Elle avait peur de ce qu'il allait lui montrer, c'était évident. Elle aurait préféré qu'il ne soit jamais blessé. Mais c'était un fait irrémédiable, et elle n'y pouvait rien. Elle se sentait faible et impuissante face aux malheurs que devaient affronter son aîné. Les nouvelles plaies sur le torse de son ami l’écœurèrent. Non pas qu'elle était dégoûtée de lui. Elle aurait tout simplement préféré qu'il n'en ait jamais..Elle passa doucement son index sur une des plaies, effleurant simplement, de peur de lui faire mal. Elle aurait aimé qu'elle s'efface sous ses doigts, mais c'était impossible. Elle n'arrivait pas à le protéger. Son cœur se fendait dans un bruit terrifiant qui résonnait dans tout son être. Est-ce qu'il l'entendait ? « Jamais je n'aurai pu te faire ça. Tu devrais le savoir.. » Sa voix semblait se briser à chaque mot qu'elle prononçait. Comme une douleur lancinante qui la disloquait peu à peu de l'intérieur. En prononçant ces mots, elle avait pris l'une des mains du garçon et l'avait posée à l'emplacement de son cœur, comme une énième preuve, comme une énième promesse. — Mais parfois, il est plus aisé d'être mauvais avec les gens qui nous aiment, parce que leur amour sonne comme une évidence.  

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Elle n'arrivait pas à apaiser son âme meurtrie, elle était impuissante, honteuse, incapable. Elle lui avait promis, et pourtant, elle ne pouvait rien faire. Le trépas à ses yeux lui semblait trop doux, elle avait le sentiment de ne pas avoir encore assez souffert pour lui. Elle sentait qu'il faudrait souffrir, sentir que la douleur monte, qu'elle est arrivée au point où l'on ne peut plus la supporter; qu'il faudrait qu'elle s'arrête, mais qu'elle continue pourtant et monte encore, comme une voix aiguë... Elle aurait tant aimé que le noir chagrin qui consumait le garçon soit sien, et qu'il n'ait jamais à goûter son amertume. Mais elle n'y arrivait pas, il souffrait toujours, même si elle était prête à s'empoisonner avec le malheur de son aîné. Comme s'il le gardait pour lui parce qu'il ne voulait pas la souiller.. Pourquoi semblait-elle si pure à ses yeux ? Pourquoi refusait-il de partager comme ils se l'étaient promis ? Elle l'avait tout simplement vu heureux, pendant un temps, elle avait cru qu'il était parti, ce monstre qui le hantait. Mais non, il était tout simplement bien enfoui, se cachant à la vue de la jeune fille, pour ne venir le dévorer qu'au moment où elle aurait le dos tourné. Elle avait cru l'avoir chassé de son cœur, de sa tête, il avait juste guetté, en attente de son absence. Elle se sentait stupide. Finalement...elle ne pouvait rien lui donner, rien lui offrir. Elle avait rompu leur promesse toute seule avec sa faiblesse flagrante. — Cet heureux temps n'est plus. Ton âme pleure et moi je me meurs.

Les baisers qu'il déposa sur tout son visage lui arrachèrent un doux rire et se mêlait à ses larmes, un léger frisson la parcourait. Elle avait toujours résumé le bonheur à ça. À l'état de plénitude et de satisfaction qu'elle ressentait et qui la traversait toute entière lorsqu'ils étaient tout les deux. Mais n'était-ce pas finalement un joli mensonge ? Comme s'il n'avait jamais été heureux à ses côtés et qu'elle n'avait fait qu'être heureuse pour deux, occultant totalement la souffrance qui s'était depuis bien longtemps emparée du garçon. Monstre d'égoïsme qu'elle était. Enfermée dans son monde sans malheur, elle en avait effacé celui pourtant évident du jeune homme, elle n'en prenait qu'à peine conscience, se rendant à présent compte que la seule arme dont elle était dotée n'était qu'une simple couronne en papier, la princesse en elle mourrait peu à peu. L'évidence était là, devant ses yeux qui refusaient de s'ouvrir. Bientôt destituée de son trône, elle luttait pour garder son petit royaume de bonheur autour d'elle, mais son château s’effondrait si facilement, comme s'il n'était constitué que de cartes, et ces dernières s'envolaient une à une, soufflées par le monstre de Tasyr. « j'ai menti. » souffla-t-elle honteuse, détournant le regard. Elle aurait préféré qu'il ne pose pas la question, parce qu'elle avait peur de voir la déception dans son regard. Ce ne fut qu'un souffle tant elle avait honte. Le mensonge n'est pas digne d'une princesse, ni d'un ange. Elle lâcha lentement sa main, se sentant soudainement indigne de lui et ses gestes emprunts de douceur envers elle. Elle avait peur de son propre mensonge, preuve que son royaume, que son petit monde se disloquait. Elle perdait de sa pureté. — my crown and my wings are only white paper.

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Son âme détrempée et noyée dans l'affliction recouvre étrangement toute sa blancheur. — Il ne la jugea pas coupable d'un quelconque crime, il ne lui reprocha pas son mensonge. Il était là, et il effaçait ses larmes sur ses joues blanches de ses mains chaudes. Il y avait tant de douceurs dans ses gestes, comme s'il ne permettait pas à la jeune fille de douter de lui, d'eux. Un léger sourire étira ses lèvres et égaya son visage. Elle le savait, tout au fond d'elle, qu'un jour ils seraient séparés, qu'ils n'arriveraient peut-être pas à se retrouver, son cœur en était déjà brisé, mais là, toute de suite, maintenant, elle avait juste envie de sourire, de profiter du moment, de cet instant éphémère qui ne serait qu'un souvenir. Il venait d'effacer à l'aide de ses mains, ses larmes, mais aussi ses fautes, son mensonge, tout ce qui lui faisait peur. Elle voulait se noyer en lui, oublier ses peurs, et son propre monstre, qu'il soit engloutit par la chaleur que lui offrait son ami, mais elle ne pouvait pas, ils ne pouvaient pas. Son petit cœur d'enfant lui prédisait déjà leur fin telle une sentence irrévocable. L'éternité qu'ils s'étaient promis se trouvant écourté. Leur éternité était éphémère. — En même temps, il nous est impossible de vivre l'un sans l'autre.
Elle sentit ses mains glisser, finissant sur sa taille, et elle en frissonna légèrement. Ses gestes étaient d'une douceur incomparable, apaisant le cœur de la jeune fille, pourtant, elle y ressentait une douleur et une colère indéniable, qu'elle n'arrivait pas à adoucir. Son âme meurtrie. Elle avait l'impression qu'à chacun de ses gestes, de ses mots, son âme était encore plus blessée, que sa douceur se faisait meurtrière. Elle ne pouvait rien faire, même si elle le sentait dégringoler.  Elle s’annihilerait de son malheur, elle s'étoufferait avec sa souffrance s'il le fallait. Elle ne pouvait pas le laisser tomber, son cœur en serait brisé, son âme outragée. Sinon ils tomberaient ensemble. C'était une évidence.
Elle sourit, et l'aida à remettre son haut avec douceur. « Tiens toi à moi, je t'aiderai »  souffla-t-elle, dans un sourire, des mots qui pouvaient sembler si dérisoire mais qui contenaient à eux seuls, tout un monde, toute une promesse, tout un serment. Celui qu'elle lui avait fait, et qu'elle renouvelait continuellement, de peur qu'il ne lui échappe.
Elle attendit qu'il se mette debout avant d'attraper son petit doigt avec le sien et de les lier, commençant doucement à marcher, elle le serrait fortement, son pressentiment était féroce et s'insinuait en elle, fourbe et perfide. Elle allait le perdre, son cœur d'enfant se brisait dans un tintement répété, dans une lamentation pacifique. Elle ne voulait pas le quitter, de peur qu'il ne disparaisse encore. Elle se rendait ainsi compte combien 'toujours' n'était qu'en fait une 'unique seconde'. — Les gens qu'on aime sont pareils à l'horizon qui se dérobe quand on avance et qui recule quand on approche.  

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