Depuis l'altercation avec ma mère durant laquelle j'avais appris l'existence de mon frère - ou plutôt j'avais appris que Makoto était mon frère -, tout avait été très rapidement. J'avais épluché les annonces de colocation, et avait finit par prendre contact avec un dénommé Park Dae Ho pour une colocation dans le centre. J'avais donc commencé à faire mes affaires, alors que pour une fois ma mère avait déjà de crécher à la maison. Il avait fallu que je trouve une excuse pour expliquer le fait que Shûji ne soit jamais là, et j'avais prétexté le fait qu'il était en voyage. En même temps, pensaient-ils réellement que nous vivions ensemble ? Au moins à présent elle n'en saurait plus rien, elle n'aurait plus aucun contrôle sur ma vie. C'est en pensant cela que je poussai un long soupir, tandis que je déplaçais ce qui me semblait être le trois-millième carton - pourquoi avais-je autant d'affaire. Je ne faisais pas vraiment attention à ce qu'il se passait autour de moi, autant vous dire que je sursautai quand Tao apparut devant moi. Je manquai de lâcher le carton, le rattrapant un peu maladroitement T-Tao ? Qu'est-ce que tu fais ici ? plus important encore ... Comment t'as échappé à Sébastian ? parce qu'il était clair que si mon majordome tombait sur l'intrus il l'attraperait par le col pour le foutre dehors, d'un coup de pied au cul. Finalement je reposai mon regard sur le carton, si j'avais besoin d'aide ? Mon dos me hurlait que oui, ma fierté que non, devinez qui a gagné Hum, ça ira t'inquiète. Pourquoi es-tu là ? Bon, j'allais essayé d'être gentille, ça devait être dans mes cordes ... je lui avais même souhaité son anniversaire, alors en face je pouvais au moins être courtoise.

Tao était un gamin, un vrai gamin. Mais il avait au moins le mérite d'être rusé. C'était peut-être le seul mérite qu'il avait, mais je devais le lui laisser. Je regardai autour de moi rapidement, pas de domestiques pour aller colporter à Sébastian, tant mieux. Je n'avais pas réellement envie de le jeune-homme se fasse foutre dehors. Surtout qu'il pouvait m'être utile, en témoigne son initiative de me libérer du carton. J'ai fait une chute de tension la dernière fois, parce que j'avais fait la conne la veille et rien mangé de la journée. Tandis qu'aujourd'hui, non seulement j'avais été me couché tôt la veille, mais en plus j'avais pris un petit déjeuner complet, avec jus de fruit, produit laitier et tout le bazar. En même temps j'avais demandé à Sébastian de venir me chercher la fois où j'avais eu cette fameuse chute de tension, depuis il ne me laissait plus un répit. Cet homme était un amour, vraiment. N'en déplaise à Tao. Oh... et bien, merci, c'est gentil. finalement je ne me fis pas prier et lui laissai la charge du carton C'est pour la camionnette garée derrière. Bien sûr, je n'allais pas l'envoyer seul ranger mes affaires, et je l'accompagnai donc, mais autant qu'il sache non ? Tu vas bien sinon ?

Il avait pas tord. D'autant plus qu'étant donné que tous les domestiques étaient occupés - une réception au soir apparemment, ma mère avait trouvé tous les trucs pour essayer de me retenir - j'avais dû gérer mes paquets moi-même, ce qui était pour le moins éprouvant. Il était néanmoins hors de question que je reste plus longtemps dans cette maison, pas après ce que cette vieille garce m'avait fait. Rien que d'y repenser je sentais mon coeur se serrer Yep. Je quitte la maison, et je m'installe dans le centre. Je jetai un regard à Tao, j'avais envie de lui parler mais ... oh, il n'en avait sûrement rien à foutre. Mais d'un autre côté, j'avais tellement peu de personnes à déranger avec ça. Je finis par pousser un léger soupir, il voulait m'aider non ? Il avait jamais préciser de quelle façon de toute façon Tao ... T'as déjà eu l'impression que la vie se foutait littéralement de ta gueule et qu'elle trouvait toujours un moyen de te faire tourner en bourrique ? je ne compris pas directement pourquoi il s'était accroupi, jusqu'à ce que je voie Sébastian. J'attrapai le miroir emballé, suffisamment large pour cacher Tao. Le majordome passa en m'adressant un petit regard inquiet, je le rassurai d'une signe de la main C'est bon Tao.

Alors comme ça, je n'étais pas la seule à éprouver ce sentiment hein ? Quelque part cela me rassurait. Il fallait dire que j'avais posé la question au gaffeur de service, doublé d'un sacré connard quand il s'y mettait. Je ne trouve pas réellement surprenant qu'il ait des emmerdes. Pourtant, moi j'avais jamais rien fait pour mériter ça ... du moins je ne pensais pas. Que pouvais-je avoir fait de mal pour, à un an, me retrouver avec le mauvais parent ? Je l'ignorais, même si j'étais heureuse que Makoto n'ait pas eu à subir tout ça. Mmh ... je fus déconcentrée par le temps, mais Tao avait raison. S'il pleuvait je pouvais dire adieu à la moitié de mes affaires, et ça me tentait pas franchement T'as raison, faisons ça J'étais plutôt conciliante aujourd'hui ... Je m'attelai à la tâche en reprenant mon raisonnement Se débattre hein ? Je sais pas comment y arriver ... je poussai un long soupir, je voyais pas comment j'étais censée m'en sortir T'as déjà eu l'occasion de rencontrer ma mère, je ne sais plus ... Tao, tu allais être mon psy aujourd'hui.

L'ironie voulait que Tao soit la personne la mieux placée pour discuter, le seul qui puisse réellement comprendre mes emmerdes. Enfin, pas comprendre, plutôt imaginer. Je connaissais personne qui eut été un jour dans ma situation. Si j'avais pu, j'aurais revendu ma mère pour m'en acheter une nouvelle. Ou ne pas en racheter du tout d'ailleurs, au point où j'en étais, ça resterait une amélioration. Je réfléchis un instant au bout par lequel commencer ... C'était pas évident. Je tâchai de me souvenir de si Tao l'avait déjà vue, il me semblait que oui. En y repensant, elle l'aimait bien il me semble ... En même temps, il avait la seule chose qui intéressait ma mère chez un gendre éventuel : l'argent. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait encouragé mes fiançailles avec Shûji, qu'elle devait avoir vu une fois ou deux, de loin, avant qu'on ne se rencontre officiellement. Si j'ai des soucis ? Je sais même pas par où commencer ... Je soupirai. J'ai un frère. Bon, ça c'était dit. Un frère plus âgé, qui a grandi avec mon père que ma mère m'avait dit être mort. J'attrapai à mon tour un carton pour le mettre dans le camion, les sourcils froncés Et le pire, c'est que ce n'est qu'une vacherie parmi tant d'autre ... Tiens, t'es au courant que je suis fiancée ? Je connais à peine l' "heureux" élu Même si pour le coup, j'avais eu un gros coup de bol de tomber sur Shûji ... ça aurait pu être un fils à papa réellement désireux de m'épouser, et là j'aurais été dans la merde.

L'entendre jurer me rassura en quelque sorte. C'est comme si j'avais enfin la certitude de ne pas faire un foin de pas grand chose. Il est vrai que j'ai toujours eu tendance à relativiser, ou du moins c'était le cas avant mon accident. Je devais être en train de m'en remettre finalement, puisque c'était à nouveau ce que je faisais. Je poussai un soupir en mettant un énième carton dans le camion, tout en le regardant prendre une clope. Je détournai légèrement le regard, j'essayais d'arrêter, mais c'était loin d'être évident surtout avec les évènements qui me tombaient dessus en ce moment T'es riche, elle allait pas prendre le risque de foirer les choses entre nous ... la vérité, c'était tout ce dont j'avais besoin en ce moment. Finalement, je vins m'adosser au camion, à côté de lui, les yeux rivés au sol Je suppose que si, seulement comme il n'a pas l'intention de m'épouser, je m'accommode de la situation. Si je romps nos fiançailles, il risque de tomber sur une chieuse et ... il ne mérite pas de faire les frais de cette situation j'ignorais si Tao m'avait déjà vu aussi généreuse... Des mes souvenirs, cette partie de personnalité s'était écoulée au travers de mon sang quand je m'étais blessée, et ça me surprenait qu'elle se manifeste encore. Le fait d'être entourée peut-être, pour la première fois de ma vie. Je me demande quel autre mensonge elle a bien pu me raconter pour me garder à ses côtés. Pour faire de moi cette fille qu'elle était fière de présenter à ses associés. J'avais une chose bien précise en tête, un espoir que je n'osais pas m'avouer. Mais quelque chose surtout dont je ne pouvais pas parler, car je doutais que les gens puissent me comprendre ...