Mettez bout à bout un jeune homme, allongé dans son lit. Une pincée de nostalgie, et un gros amas de pensée, et vous aurez face à vous la merveilleuse soirée que je suis en train de vivre. Depuis que je suis rentré des cours, je suis allongé dans mon canapé... Qui me sert aussi de lit, étant donné que je n'ai pas beaucoup de revenus. Mais on y dort correctement, c'est ce qu'il faut. De gros soupires avaient finis par s'échapper de ma gorge. La faim ne venait pas...

Je décidais de me reprendre, et surtout, de ne pas me laisser aller à l'envie de ne rien faire. Enfin, je ne fais jamais rien, d'habitude, étant donné que je ne veux pas me permettre des sorties, pour mon budget. Mais il y a bien moyen de me détendre, et de passer la soirée à autre chose qu'à broyer du noir, non ? Partir me promener.. ? Non. Hors de question. Je suis seul, et on ne sait jamais sur qui ont peut tomber, une autre fois.

Une idée me traverse la tête ; je sais comment me passer ma folie et mon envie de broyer du noir. Je me redresse et file sous la douche. Pas besoin de gel, ou de laque ou que sais-je encore... C'est le seul artifice que j'utilise chaque jour, sinon, c'est du cent pour cent naturel héhé. Une fois sorti de la douche, je file me chercher des vêtements propres, mes cheveux secs à la vitesse de l'éclair, je passe assez rapidement un coup de brosse dessus, histoire de pas avoir l'air trop négligé. Un tee-shirt blanc, avec un col V, un jean brut slim, et des baskets blanches, je suis paré pour ma petite excursion.

[ … ] Au bout d'une dizaine de minutes de marches, quelques bus empruntés, et surtout ; une longue heure avec une musique gavante dans les oreilles, je finis par arriver à destination ; la maison de Hee Mi. Qui est-elle ? Une fille avec qui j'ai longuement fleurté en soirée, sans penser que je finirais par m'accrocher un peu à elle. Elle est sympathique, a de la discussion, est ouverte à tout en général, et... Et puis elle est cool, tout simplement. Elle m'avait déjà dis que si ça n'allait pas trop, je pourrais aller chez elle pour lui raconter mes misères ; et voilà, ce jour est arrivé. Mais elle ne sera pas déçue de me revoir, je pense.

Je frappes à sa porte, appuyé contre l'encadrement de cette dernière. J'espère qu'elle est là, sinon... Beh sinon je rentre chez moi, écoute. La porte fini par s'ouvrir, et un sourire étire mes lèvres. Je suis content de la voir là. Je me redresse et je me permet d'entrer chez elle, lui volant un baiser au passage. « Salut toi. Je peux rester ici cette nuit ? »

Cet appartement est un vrai bordel. Et pourtant je le range depuis ce matin dites-vous. Mais non, rien ne veut se remettre à sa place. En même temps si j'avais pas trouvé cet album photo de moi et de mon frère je me serai pas attardé dessus et j'aurai pas pris de retard. Mais passons. Voilà qu'il est 21 heures et l'appartement est toujours sans dessus dessous. «Aish...Allez je m'y mets... »

Je me lève donc du canapé et range rapidement mes affaires, repliant chaque vêtements mettant les sales dans mon panier à linge et les propre dans mon dressing. Je range ensuite mes chaussures dans l'ordre alphabétique de la marque. Ça ne sert strictement à rien mais au moins je peux savoir s'il me manque une paire.

Après avoir rangé toutes mes affaires je passe ensuite le balais dans chaque pièce puis l'aspirateur. Je n'ai jamais su dans quel ordre les utiliser mais je m'en fiche. Je veux que cet appartement soit resplendissant avant que j'aille dormir. J'aurai aussi pu utiliser la serpillère mais j'ai carrément la flemme, et c'est un coup à tomber par terre et me casser la cheville. Je tombe énormément. C'est comme ça. Quand j'étais au lycée, je me suis cassée la cheville après une épreuve de sprint sur 100 mètres. Et quand j'ai commencé le mannequinat je suis tombé en plein défilé à cause de talons trop haut pour moi. Bim. Encore la même cheville de cassée. Je suis assez maladroite et je suis connue pour ça mais ça n'empêche que sur les podiums et pendant mes photoshoots je fais du bon travail. D'accord ça ne se voit pas comme ça, mais je suis une personne très sérieuse quand il s'agit de bosser. Sauf bien sûr si j'ai d'autres pensées dans la tête.

Il est maintenant vingt-deux heures et je suis étalée sur mon lit, habillée simplement d'un short blanc et d'un débardeur rose. Rien de plus. C'est une tenue simple et décontractée. Je prends mon portable, et regarde si j'ai des nouveaux messages. Ah tiens tiens...Jae Duk qui m'envoie des photos...Ce mec est un barge. Et encore « barge » est un euphémisme. Je lui répond rapidement, puis je regarde mes autres messages. Mon frère n'a toujours pas répondu à mon message...et...lui. Ce type à qui je pense jour et nuit...On ne s'est toujours pas envoyé de messages. Je n'ose pas. Moi qui aie de l'assurance avec les hommes je perds tout dès que je suis en sa compagnie.

Mes yeux passent de l'écran de mon portable jusqu'à la feuille accrochée sur la porte de la chambre. Dessus y est inscrit en gros « DIS LUI ». Tous les jours je vois cette feuille. Et tous les jours je pense à la même chose.  Je dois lui dire la vérité. Je sais qu'il la sait mais je veux lui dire en face. Sauf que j'ai pas les couilles. Je regrette parfois d'avoir flashé sur cet homme. Si beau...Si intelligent. Si...mâle. Il ne s'en rend pas compte mais, même s'il n'atteint pas la taille de mon frère, ses études, son physique, sa manière de me parler...Tout. Je dis bien tout me fait craquer. A croire que j'aime les machos. Et pourtant c'est pas vraiment le cas, mais c'est bien plus tentant de sortir avec un homme qui ne se laisse pas faire. J'ai souvent rencontré des hommes qui n'en voulait qu'à mes seins ou à mes fesses. Et lui...J'ai peur qu'il soit comme ça. Voilà pourquoi je ne dis rien et que je le laisse mariner. De toute manière, j'ai toujours, et je ferai toujours languir les hommes. Ça leur va si bien d'attendre quelque chose qu'ils n'auront pas. Pourvu simplement que ça ne m'arrive jamais. J'ai assez souffert avec Shûji pour ça.


Plongée dans mes pensées j'entends la porte sonner. Qui peut bien sonner à cette heure ? Oh ! Et si c'était mon frère ou lui..je crois que s'il venait sonner à ma porte tel un prince charmant je ne m'en remettrai jamais. Un frisson me parcourt pendant que je fais le chemin jusqu'à la porte d'entrée. J'ai tellement envie de le voir. Il me manque. Il me manque horriblement et tous les jours ce gars hante mes pensées.

J'ouvre la porte en oubliant de regarder dans le juda et je tombe sur Han Byeol. Je souris doucement même si je pleure de l'intérieur. Je n'ai même pas le temps de le saluer ou de lui demander ce qu'il fait là à 22h...qu'il vient m'embrasser au moment où je m'y attends le moins. Mon coeur se met à battre. J'en profite pour essuyer mes lèvres comme une enfant pendant que je referme la porte et que je le laisse s'installer. «Je sais que je t'ai dis que tu pouvais venir quand tu voulais mais...Tu m'as prise au dépourvu tu sais ? » Je ris nerveusement. Ce n'était pas lui que j'attendais. Mais je ne vais pas le virer de chez moi. Han Byeol est gentil, et même s'il est plus jeune que moi, je ne dois pas me comporter comme une salope avec lui. «Tu veux boire quelque chose ? »

Il est vrai que débarquer chez les gens sans que ceux-ci ne soient au courant est une très mauvaise chose. Je pense que j'aurais pété un scandale à la personne qui aurait osé le faire chez moi, lui aurait remonté les bretelles jusqu'à ce qu'il comprenne bien qu'on ne débarque pas comme ça chez moi... Avant de le foutre dehors. Avec un coup de pied au derch, wallah j'te jure il vol. boom

Je me tourne vers elle, en l'écoutant. Oh, je suis de trop ? C'est... Génial ! Je m'approche d'elle et lui embrasse la joue, avant de faire le célèbre cou du « Je suis désolé. » On l'a tous fait, ça. Mais je ne me pointe pas chez les gens comme ça, sauf si c'est un cas de force majeur. Et là, c'est mon moral qui va pas bien. DONC OUI, c'est un cas de force majeur.

« Est-ce que je peux rester ici, cette nuit ? S'il te plaît... Je ne prends pas de place. » petite allusion, mais allons, faisons comme-ci de rien été. Je ne veux juste pas être tout seul ce soir. « Je sais que ça ne se fait pas, de débarquer à l'improviste. Mais je me sens vraiment... Patraque en ce moment. J'avais besoin de parler ou de voir quelqu'un... » je prenais un ton plus calme et plus enfant... Plus sincère aussi. Parce que je suis vraiment mal. Et en plein doute.

Mais voilà que je prends mes aises. Je m'installe sur le canapé et baille longuement. Je sais qu'elle ne me dira pas non pour dormir. Et puis, si jamais elle le fait ? Je la fais boire, la viole et fait passer tout ça pour un vilain rêve, alors que nous aurions passé une agréable nuit ensemble... Et les flics au cul aussi, génial.

« Je prendrais ce que tu as... Même un seau d'eau à boire, ça irait. » n'exagérons rien, mais je ne suis pas d'humeur à marchander de l'alcool, ou quelque chose de ce genre. Pour dire vrai, j'aurais même envie de me descendre un bon verre de limonade, bien frais. Voir même une baignade dans une grande piscine, aah... Piscine... « Dis, je me demandais, aussi ; tu penses quoi des gens un peu... Différent ? »

Oui, tu peux le dire Hee Mi. Je suis un être odieux et sans manière, qui se permet de se pointer à pas d'heure chez les jeunes filles sans défense, sans prévenir. C'te culot je vous jure. Et même si j'en étais parfaitement conscient, il n'est pas question que je change ma façon de faire. Et puis, je suis déjà là, ce serait inutile maintenant, non ?

« Mon téléphone est mort depuis quelques jours, je dois en racheter un. » Gros mensonge, il est simplement éteint dans le fond du tiroir du salon. Et hors de question que je rallume ce dernier ; je fais le mort quelques jours, le temps d'avoir la paix et de faire ce que je veux sas être épié. « Mais promis, la prochaine fois, je t'envoie une lettre ! » un large sourire étirait mes lèvres, et n'invitait pas Hee Mi a poursuivre cette conversation.

Me droguer ? Je lance un regard de travers à Hee Mi ; c'est à son tour de se moquer de moi. Un point partout. Même si je finis par rire un peu, et sourire en passant mes mains sur mon visage, frottant mes yeux par la même occasion. C'était sans doute une mauvaise idée de passer par ici pour lui en parler. Elle a beau être très gentille et tenir sa langue comme il faut, j'ai l'impression qu'elle me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes. C'est bon, j'accouche. « Euh... C'est pas moi. Moi je suis normal. Enfin, je pense l'être. » Oui, j'ai un nez, deux yeux, une bouche... Deux oreilles et pas de maladie, Seigneur merci. C'est juste ce problème avec les étrangers ; J'ai une sainte horreur d'eux. Femme ou hommes. Noirs, blancs ou métissés... Certains parlent d'une phobie, alors que moi j'aurais plus tendance à mettre ce souci dans la catégorie racisme. Je soupire un instant. « Tu penses que c'est grave de toujours cracher sa haine ? Pas forcément verbalement... Si quelqu'un nous dérange sans même qu'il n'ai eu besoin de parler ? » Je ne sais pas trop si elle m'a déjà vu allumer l'un de ces trop nombreux étrangers. Sinon, elle devrait clairement s'en rappeler.

N'ayons pas peur des mots ; le raciste. C'est comme ça qu'on me surnomme. Mais si j'avais une phobie, tout simplement ? Je serais aussi différent qu'eux, n'est-ce pas ? Je réfléchis décidément trop...