Fin des cours. Enfin. Quatre heures de philo et enchaîner sur l'étude de la musique baroque pendant tout l'après-midi c'est pas possible. Je déteste les vendredis et pourtant je ne fais que commencer ma quatrième année. A la clé : un petit mémoire. Ou deux. Un dans chaque matière. Mais soit. Me voilà donc dans le métro, écouteurs enfoncés dans les oreilles. Je sais que c'est mauvais pour mes oreilles surtout depuis que mon oreille gauche n'entends plus trop bien mais je continue. J'aime la musique. Avec ou sans son, je l'aime. Par contre ce qu'il y a de très dérangeant c'est le son dans le métro. Je hais le métro. Je hais les gens qui sont serrés comme des boites à sardine, mais heureusement pour moi je suis assis. Et je ne laisserai ma place à quiconque hormis une personne agée. Je regarde le plan de la ligne de métro lorsque ma vue est gachée par une jeune fille qui se plante devant moi. Je l'aurai reconnue entre toutes. Je pourrais faire semblant de ne pas avoir entendu ce qu'elle a dit mais depuis maintenant un an j'apprends à lire sur les lèvres et croyez moi que j'ai compris. Je soupire et retire mes écouteurs. Pourquoi cette fille est-ici ? Ne puis-je pas tout bonnement l'ignorer ? Elle est tout le temps en train de me coller.  «Ouais ! C'est cool» Dis-je en me levant. Je descendais dans seulement cinq stations mais je pourrais toujours lui faire croire que je descends à la prochaine et attendre un nouveau train sur le quai, pas vrai ?

Pitié pour que le métro se dépèche d'arriver à la prochaine station. Je veux sortir et vite. Trop de monde. Trop de bruit. Trop de elle. Cette fille. Je ne sais même plus son nom tellement elle m'importe peu. Et pourtant il faut que je me la coltine tout le temps. Je ne sais même pas d'où elle sort. Elle doit être encore au lycée vu les habits qu'elle porte et je ne comprends pas son intérêt pour moi. Elle veut qu'on soit amis ? Je deviens pas amis avec n'importe qui, moi. Mais soit. Madame me demande comment s'est passé la journée. Je déglutis et ferme les yeux un instant. Je me retiens de soupirer. Cette fille veut vraiment se faire haïr c'est pas possible. Elle comprends pas que je veux pas lui parler ? Je serai bien tenté pour lui foutre un vent mais avec tout le monde qu'il y a et vu que j'ai retiré mes écouteurs je n'ai plus le choix. Trouvons quelque chose qui lui fera fermer son clapet. « Oui elle s'est bien passée. Ou du moins elle s'était bien passée » répondis-je froidement. Au même moment, fier de ma réponse j'appuie sur le bouton de la porte lorsque le métro s'est arrêté mais la porte ne s'ouvre pas. Je regarde en face de moi. Stupéfait, je me rends compte que le métro n'est pas en face du quai mais bel et bien arrêté au milieu du tunnel. Je soupire, maudissant Dieu de ne pas m'avoir laissé une chance d'échapper à cette espèce de parasites. Le conducteur ne tarde pas à faire son annonce. Il nous demande d'attendre quelques minutes. Je souffle. Si c'est seulement quelques minutes je peux bien attendre.

Les gens autour de moi commencent à bouger. Mais surtout à râler. Je suis un râleur invétéré mais dans ma tête. Pas besoin de faire savoir à toute la populace ce que je ressens. La jeune stalkeuse elle s'empresse d'aller appuyer sur le bouton. Apparemment elle ne connait pas la définition de l'expression « être bloqué quelque part ». On ne peut pas sortir mais elle essaye quand même. C'est bien elle ça. Elle sait qu'elle ne peut pas obtenir quelque chose mais elle continue de se battre. De ce côté là on est à peu près pareil. Sauf que si une fille ne m'intéresse pas je vais pas la suivre, contrairement à elle. Mais passons. Mademoiselle, qui ne connait que moi parmi cette multitude de gens me demande si je suis certain qu'on va y rester seulement quelques minutes.  Qu'est-ce que j'en sais franchement ? Elle me prend pour un devin ou quoi ? Je soupire et hausse les épaules en guise de réponse. Je me dirige vers le siège que j'avais quitté auparavant mais bien entendu une dame a déjà pris ma place. Je jette un coup d'oeil aux habits de la lycéenne. Elle me rappelle ma soeur avec cet uniforme. Quoi qu'au Japon les uniformes sont quand même un peu plus sexy. En fait je ne connais rien d'elle. Elle, elle me connait mais je n'ai ni son age, ni son prénom en tête. Toutefois vu son visage elle à l'air jeune. Jeune et pale. Bizarre. Elle ne semble pas vraiment bien. Je la regarde discrètement quand le conducteur repasse un message qui nous annonce cette-fois ci que le trafic ne reprendra pas avant vingt minutes. Super. Je soupire. Je vais devoir me taper cette gamine pendant vingt minutes. Pourvu qu'elle ne soit pas claustrophobe sinon je me tire une balle dans la tête. «Tu as ta réponse maintenant » lui dis-je toujours aussi sèchement. Non, je l'admets, ça me fait chier de rester ici avec elle.

La jeune fille semble comprendre que je ne veux pas m'attarder avec ses questions. Plus tôt on sera sortis d'ici, mieux ce sera. Je sors mon portable comme les trois quart des gens ici présents font aussi depuis quelques minutes lorsque je me fige soudainement, en voyant la lycéenne se gifler. Je reste sur le cul. C'est quoi son problème à cette fille ? Et voilà qu'elle se met à parler toute seule. Alors comme ça elle répond au doux nom de Mee Na ? Au moins c'est toujours ça de su. Je me pose contre un des strapontins repliés et me pince l'arrête du nez, gardant les yeux fermés avant d'ouvrir un oeil en entendant les conneries que la dénommée Mee Na déblatère. « Tu veux pas juste...fermer ta gueule ? » Je la regarde intensément. «Jeune homme ! Ce n'est pas une façon de vous adresser aux jeunes femmes ! ». Je relève ma tête pour apercevoir un petit vieux. Je rêve où celui-ci vient de me donner une de morale. Dans le métro en plus ? Devant tout le monde. Quel con. Je sais que je n'aurai pas du dire ça mais j'en peux plus. On a encore vingt minutes à attendre et elle me fait déjà rudement chier. « C'est ma soeur. Alors tant qu'elle est avec moi elle est sous mon autorité» Répondis-je toujours aussi froidement au voyageur. Excuse bidon pas vrai ? Mais c'était la seule potentiellement valable. Heureusement que cette folle n'est pas ma soeur. Je serai mort à l'heure qu'il est sinon.

 J'essaye de rester calme. J'espère juste que Mee Na va se calmer. Mais non. Impossible. Cette garce s'approche du vieux et balance des insanatés me concernant. Comment ose-t-elle ? J'écarquille les yeux et me met à rire nerveusement surtout lorsqu'elle se met à pleurer. Je garde mon calme. Je garde mon calme pour ne pas la gifler. Elle mérite des claques. Oh bordel , une fois qu'on sera sorti d'ici, fille ou pas fille elle va s'en prendre une. Là tout de suite, je la hais plus que quiconque. Je suis énervé. Je suis rudement énervé. « Il vous fait des attouchements mademoiselle ? Cet homme est majeur et c'est votre frère ? Je...On va appeler la police ne vous inquiétez pas ! »  Dis un un homme trentenaire potentiellement père de famille. Attendez ils vont appeler la police alors que je n'ai rien fais ? Je vais la tuer. Je vais tous les tuer !! «N'appelez pas la police  ! J'ai jamais touché cette menteuse ! » m'exclamais-je avant de me jeter sur le portable de l'homme qui lui préfère me repousser fortement. Énervé et exténué je décide de rendre le coup d'une manière plus virile et j'assène soudainement un coup de poing à son visage. « Cette fille est une connasse ! Une sale menteuse qui sort de nulle part ! Elle fait ça pour se venger imbécile !!! »   criais-je   en Japonais avant qu'un homme ne vienne me séparer de l'autre con. C'était comme ça. Quand je m'énervais ma langue natale reprenait le dessus. «Parce qu'en plus il est Japonais ? Tous des  fils de pute ceux-là ! On aurait du lancer une troisième bombe sur leur pays ! » pesta une femme assise  pas bien loin de nous. « Les Japonais ont colonisé  notre pays ! Ma grand-mère a du faire la traînée pour cette sous race ! » rajouta-t-elle. Moi pendant ce temps là, en encaissant ce qui vient d'être dit je soupire doucement, essayant tant bien que mal de me calmer dans ce métro bondé et toujours  bloqué. J'adresse un regard à Mee Na. Un regard noir. Elle savait que tout ça était purement de sa faute.    

 Au moment où je m'y attends le moins, Mee Na se met à crier sur tout le monde.   Elle se rejette même la faute sur elle. Au moins elle est pas si conne que ce qu'elle prétendait. Mais soit. Elle m'a défendu ou du moins elle a défendu mon pays natal. C'est sympa de sa part mais  je ne lui pardonne pas ce qu'elle a fait. Je la hais. Je la hais de m'avoir mis une honte pareille. Je la hais  de m'avoir fait passé pour un harceleur sexuel s'attaquant à sa soeur. Je voulais juste  trouver une excuse pour pas qu'on continue de me critiquer et cette conne a tout cassé en  en rajoutant une couche. Finalement la lycéenne se barre après avoir engueulé tous les voyageurs. Elle n'a pas intérêt à m'échapper je n'en ai pas terminé avec elle. Je la suis rapidement jusqu'à un autre wagon où il y a beaucoup moins de monde puis lorsqu'elle s'assoit sur une banquette libre je  lui attrape le bras et  la gifle. Je la gifle comme si j'étais son père et qu'elle avait juste fait la pire bêtise de sa vie. Je la regarde. Sa joue est tellement rouge qu'on en voit la trace de ma main. Je regarde autour de moi pour voir si on m'a vu. On m'a vu. Une femme secoue la tête, comme si elle se sentait déçue de mon comportement. De toute façon elle ne sait pas ce qu'il s'est passé. Et croyez-moi Mee Na mérite de s'en être pris une. « Je veux plus jamais te voir. Pigé ? » dis-je à la jeune fille en uniforme assise juste devant moi.      

J'ai comme l'impression que le temps s'est arrêté depuis que le métro est bloqué dans ce putain de tunnel. J'aimerai que tout ça ne se soit jamais passé. Je me sens mal. Extrêmement mal. Je sais que je n'aurai pas du taper la jeune fille même si elle le méritait amplement. Il faut qu'elle revoit ses manières. Je ne sais pas ce qu'elle attend de moi mais elle a intérêt à se calmer. De un si elle pouvait éviter d'empiéter mon espace vital à chaque fois que je rentre de cours et que par conséquent je passe près du lycée où elle est, ça serait cool. J'ai l'impression qu'elle me stalke. Jusqu'où je n'en sais trop rien. Pourvu simplement qu'elle arrête ses bêtises car je me trouve actuellement con. Con de l'avoir frappé.

Je regarde son visage en pleurs et ne sachant trop quoi faire je me permets de poser ma main sur sa joue, essuyant ses larmes de mon pouce. «Juste...c'est quoi ton putain de problème?» dis-je avant de retirer ma main et d'ouvrir mon sac pour chercher à l'intérieur un paquet de mouchoir. Je n'aime pas voir les filles pleurer. Je les déteste quand elles pleurent pour des âneries ou pour espérer obtenir quelque chose. Mais si elles pleurent à cause de moi c'est une autre affaire et je sais qu'actuellement MeeNa pleure de douleur. Elle ne méritait finalement peut etre pas une aussi forte gifle. Aucune fille ne mérite de se faire frapper. «Je voulais pas...te...gifler mais...comprends moi »

Je l'observe. Toujours énervé. Énervé et contrarié surtout. Si j'avais pu éviter cette gifle je l'aurai fait mais je n'ai pas pu. C'était plus fort que moi. On disait qu'il ne fallait pas s'en prendre aux plus petits que soit, encore moins les filles. En soit c'était vrai, je n'aurai pas du la taper. Mais certaines choses méritent des exceptions. Finalement je reste planté là, devant la lycéenne. Elle sort son mouchoir et commence à se moucher. Bruyamment. Je grimace. Elle me dégoute. Sait-elle que c'est malpoli de se moucher devant les autres ? Peut-être est-ce une tradition japonaise....Mais soit c'est dégueulasse. Elle me regarde de nouveau, les yeux toujours gonflés à force d'avoir pleuré. Non. Elle ne comprend pas pourquoi j'ai agis comme ça. Je soupire. Elle m'exaspère. « J'ai fais ça parce que tu... » Au moment où j'allais lui expliquer, le métro fini par se débloquer et il reprend sa route jusqu'à la station suivante. Lorsque les portes s'ouvrent je me dêpeche de tirer Mee Na et la force à sortir du métro avec moi. Ce n'est pas ma sortie respective ni sûrement pas la sienne. Mais tant pis. On a besoin de s'expliquer. Ainsi avec force je la fais descendre du métro et l'oblige à aller s'asseoir sur un des sièges installés sur les quais. Je me plante de nouveau devant elle. « On prendra le prochain métro. Ne t'inquiète pas. Bref, où en étais-je...Ouais. Tu comprends pas pourquoi je t'ai foutu une claque ? C'est bien simple. J'en ai marre de toi. Je te connais pas mais tu trouves le moyen de toujours être dans les parages! Si encore tu voulais qu'on devienne amis pourquoi pas ! Certes je traine pas avec des lycéennes mais sait-on j'aurai pu faire une exception !! Mais le problème avec toi c'est pas ça ! C'est que t'es folle ! T'es une folle à lier tout comme t'as été folle de dire que je te faisais des attouchements ! Dans ton cerveau ça réfléchit pas putain ! Alors maintenant qu'on a quitté ce putain de métro tu vas m'expliquer ce que t'attends de moi !! » dis-je complètement remonté. C'est sans doute la première fois que je parle autant. Mais je suis énervé et ça a simplement explosé.