1ER AVRIL 1992 - NE SOUS L’AILE DE DIEU, SAINT PERE. Une nouvelle naissance au compteur de Maman Yi. Après une fille, Jeona, c’est Jegal que la famille a aimé. Et tous ceux qui lui ont souhaité une vie heureuse avec ses géniteurs se sont bien trompés. Comme si Monsieur Yi, un si haut gradé au sein du gouvernement coréen, pouvait se contenter d’une seule famille. Gratte-toi le cul pour voir si ça fait griller le poulet tout seul ?
MARS 1995 - LA BIENVENUE PETIOT. Qui croirait aujourd’hui qu’à son entrée à la maternelle, le petit Jegal n’était qu’un enfant comme un autre ? Un peu perturbateur tout en étant sage. Il tire la langue, dit des gros mots, mais se fait si vite pardonner ses maladresses d’enfant. Une tendance certaine aux coups de pied inoffensifs sans comprendre le mal qu’il peut faire. Ah bah, non, le saint d’aujourd’hui en est loin.
AOÛT 1997 - LE DEBUT D’UN COMBAT, L’INCOMPREHENSION. Papa disparaît du jour au lendemain. Et même s’il n’était pas toujours à la maison, Jegal admirait son géniteur. Perdu, comme dans un épais brouillard, l’enfant ne comprend pas. Forcément. On ne dit pas à un « bébé » de cinq ans à peine que Papa voyait une autre femme, qu’il a d’ailleurs eu deux autres enfants avec cette dernière, et que la raison principale de tous ses voyages en Chine n’étaient pas le boulot mais bien sa double-vie. Bah non, ce serait bien con. Mais, avec tout ça, il est passé où, le modèle de testostérone ?
SEPTEMBRE 1997 - UNE ARRIVEE INATTENDUE, COLOCATION A JAMAIS. La rancœur est vive au sein du foyer. Jegal se contente certes de pleurer la disparition de son père, mais sa mère n’en fait pas de même. Non, un mois à peine après la fuite du ministre, une femme accompagnée de ses deux enfants fait son entrée dans la maison que Jeona et Jegal partageaient jusqu’alors avec leurs parents. Le Yi les fixe, les dévisage, et se cache derrière les jambes de sa mère. C’est qui, ces filles ?
MARS 1998 - VERITABLE COALITION, LA GUERRE A ECLATE. Le môme court après Nuo dans le jardin, un œil sur la cadette de la famille, Yue. A six ans, Jegal a beau s’être lié aux deux fillettes qui ont débarqué au sein de son foyer, il espère toujours, dans son coin, le retour de son père. Alors il cache sa peine d’enfant, garde ses petits secrets, et devient le gamin bizarre de la cour de récré, fraîchement arrivé en primaire. Les autres gamins le scrutent, le touchent, mais n’arrivent pas à le faire parler la première fois. Il se contente de cligner des yeux rapidement, espérant bientôt pouvoir retrouver son aînée à laquelle il est tant attaché. Et pendant ce temps, les deux mères se battent contre un ministre entêté dans le but de le faire casquer.
JANVIER 2000 - LE DEMENAGEMENT, LA PERTE TOTALE DES REPERES. Moins de trois ans après la fuite de son père du foyer conjugal, les deux mères qui jusqu’alors vivaient ensemble sont tombées amoureuses. Delà, pour repartir ensemble d’un bon pied et améliorer la vie des bambins, la famille alors composée de cinq filles et un unique garçon, Jegal, s’installe dans une nouvelle villa à Suwon. Et quand on sait que jusqu’à présent la famille ne roulait pas sur l’or – sans pour autant être en difficulté extrême –, on comprend vite qu’il y a anguille sous roche et que leur fortune leur est tombée toute prête dans les poches…
MARS 2003 - L’ATTACHEMENT A LA RELIGION. En grandissant, tout enfant a besoin d’avoir un modèle auquel s’accrocher. Un modèle de vie à suivre, quelqu’un en qui croire et sur qui on sait qu’on pourra s’appuyer quoiqu’il puisse arriver. Si cette année a sonné son arrivée au collège, il ne fallut pas longtemps au Yi pour découvrir la religion, Dieu, Jésus, et tous ses prophètes. Pour Jegal, le temps passant, il était certain que Dieu était l’homme à suivre, et non l’homme à abattre. Par contre, son père constitue bien ce dernier. Parce que oui, à onze ans, on commence à être capable de comprendre certaines choses… Alors ses mères ont décidé de tenter une explication approximative du pourquoi du comment de la disparition de Papa Yi. Et là, on le hait. Mais on l’aime aussi pour nous avoir apporté une si belle famille.