▬ nostalgia

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jaeduk&persephone ✻ nostalgia

J’ai chaud, j’ai extrêmement chaud. Je ne suis pas fatiguée non plus. Je me sens même plutôt en forme, contente, pour ne pas dire hilare. Je rigole doucement en montant les marches pieds nus. Je ne réussissais pas à dormir. Les garçons eux, avaient dû vivre une journée agitée, puisqu’ils sont tombés comme des mouches. Bok n’a même pas bougé lorsque je suis sortie du lit. Les cauchemars sont revenus à moi cette nuit. Il n’y aurait pas de repos pour moi, il n’y aurait pas de calme. Tentant de ne pas faire trop de bruit, je fouille dans mon sac et attrape une petite pochette noire, m’enfermant ensuite dans la salle de bains. Deux rails. Un billet enroulé. Une inspiration. Je remets tout dans ladite pochette, ainsi que mon pass pour la chambre et la coince entre le bas de mon maillot de bain et ma peau. Il aurait été peut-être plus adéquat que je m’habille, plutôt que de sortir avec le t-shirt de Kyu Bok, qui certes couvre mon postérieur, mais qui dénude beaucoup mon épaule gauche. Il ne fait jamais froid, et les effets de la cocaïne se manifestant dans mon corps, je ne fais que continuer à aligner les pas, voyant bien où cela me mène.

M’appuyant contre un mur en riant à la vue d’une meuf se cassant la gueule dans le couloir, j’attache mes cheveux en un chignon grossier au sommet de ma tête, continuant de parcourir les couloirs. Je finis par me retrouver sur une terrasse. Mais il n’y a pas de café ici, il n’y a pas de service ici. C’est simplement une terrasse. Je suis où ? Je m’allume une clope sortie de ma pochette magique, et je finis par trouver une échelle. J’ai chaud, et dans l’immédiat je suis convaincue que plus je monte, et plus il fera frais. Soyons logique, c’est Rio de Janeiro, il fera chaud même dans une chambre mortuaire. Je manque de tomber de l’échelle à plusieurs reprises, et ça me fait marrer, à tel point qu’arrivé au sommet de l’hôtel, je m’écroule sur le toit, tenant ma cigarette entre mes doigts. Me relevant, je vois des milliers de lumières à l’horizon. Je suis sur une plateforme non surveillée on dirait. Suis-je réellement seule ? Y’a que moi qui sois tombée sur un carré de calme dans cet hôtel rempli ? « hitori ka ? dareka iru ? il y a quelqu’un ? » Je m’assois en tailleur ; posant le petit sac noir au sol. Un autre rail ?

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Sac en plastique en main, le nez coincé à l'intérieur j'observe les lumières de Rio vaciller à l'horizon. Assis au bout de l'échafaudage à une bonne hauteur, je laisse mes pieds nus tanguer dans le vide un sourire niais au lèvres. Rio. La grande Rio. Je n'ai pas encore eu le temps de croiser une une danseuse en string. Dommage.

Une inspiration profonde, une dernière pour le moment et je redresse la tête pour fixer la multitude d'étoiles dans le ciel ; j'ai presque envie de toutes les compter. Presque. Ce n'est pas l'envie qui manque mais bel et bien le temps. J'ai semé mes colocataires "brésiliens" pour venir me réfugier ici. Croiser pas mal de visages familiers aussi loin de ma patrie m'a quelque peu aigri jusqu'à ce que je décide d'acheter le stricte minimum pour me défoncer l'esprit le temps d'une soirée en solitaire. Ce soir je ne suis pas le roi de la nuit mais bel et bien le roi de mon monde. A défaut de pouvoir embarquer pas mal de dope, trop psycho sur le fait de me faire choper par les chiens douaniers, je n'avais pris qu'un peu d'herbe dans le fin fond de ma valise. J'avais pris. Je n'en ai plus, c'est pour ça que plus tôt dans la journée j'avais fait une descente dans un magasin du coin : il ne faut pas grand chose pour se défoncer facilement, les produits du quotidien sont très efficace quoiqu'on en dise. Muscade, colle à solvant et compagnie, tous ces mélanges mortels mais tellement... Fascinants.

Une ou deux goutte de colle à solvant au fond du sac, j'avais passé une bonne partie de la soirée le nez dans le plastique jusqu'à ce qu'un bruit attire mon attention. La colle est un bon moyen de m'adoucir, de me rendre hilare et serein même si celle-ci est bien plus dangereuse et nocive que toutes les autres sortes de drogue. A croire que je n'étais pas le seul à avoir trouvé cette échelle qui menait à ce superbe toit, sauf que moi j'avais pris le temps d'explorer un peu plus pour trouver un échafaudage sur le côté opposé à l'échelle. Il suffisait de s'approcher du rebord et de "sauter" sur la structure métallique presque invisible si on y porte pas plus attention que ça. Je décide de rester adossé à la façade lorsqu'une voix me tire à mes songes. C'est automatique, mes pieds se lèvent tous seuls quand ils reconnaissent l'intonation aussi basse soit-elle. Escaladant de nouveau le rebord, je me retrouve à mon tour sur le toit. Habitué à l'obscurité, mes yeux ne perdent pas trop de temps à retrouver ma reine.

Nonchalant, je traîne les pieds pour la rejoindre sans quitter ce sourire stupide au bout des lèvres, celui que j'ai toujours pris quand je souhaitais me faire pardonner mes infidélités en étant sous l'emprise de substances illicites. A quelques centimètres de la jeune femme, je pose une de mes mains sur son chignon avec une douceur rare tandis que l'autre tente de cacher le sac en plastique avant d'attraper l'épingle à nourrice qui me sert de boucle d'oreille. Ce n'est pas la première fois que Perséphone me voit torse nu et défoncé, elle n'en tiendra pas rigueur.

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Le petit miroir sort de la pochette pour se poser au sol, alors que je déverse lentement la poudre dessus. De la carte de l’hôtel, je dessine deux rails sur le miroir. Je m’y vois en me penchant dessus, la nuit n’est pas aussi sombre que je le pensais, et je peux m’y voir, les yeux extrêmement rouges et l’air niais ; pourtant je me trouve jolie. Le billet prend une forme de cylindre et je m’en sers pour faire disparaître un des traits de poudre au fin fond de ma narine. Quelques minutes s’écoulent, et je redresse enfin la tête, mes pupilles dilatées, ayant encore plus chaud qu’auparavant, et me sentant extrêmement hilare. Je me redresse, je ris, je ris alors que je fais quelques pas sur ce toit.

Je jure, je jure à plusieurs reprises parce que je n’ai pas mon téléphone avec moi, et que par conséquent je n’ai pas de musique non plus. Je tiens toujours ce billet enroulé entre mes doigts, alors que je chantonne, les yeux clos, et le chignon sur ma tête se défaisant un peu plus à mes petits sauts. Je manque de me rétamer, mais je réussis à reprendre mon équilibre. Mon esprit est vide de sens, il n’associe même pas les lumières à la ville. Il ne ressent plus la douleur ou la fatigue, il semble avoir oublié qu’il y a quelques minutes, ou heures, je ne sais pas, je ne sais pas combien de temps j’ai mis à venir de ma chambre, je paniquais à cause d’un cauchemar. J’aime cette drogue qui me rend libre, faussement libre, mais c’est ce que je connais de plus proche à la liberté, alors je m’y suis fait.

Il me semble entendre quelque chose. « Are ? Dare ? » Je passe une main sur mon visage, alors que je fixe l’endroit d’où il me semble entendre le son, et j’avance vers celui-ci, une tête blonde apparaissant. Je ris, je ne peux m’empêcher de rire et approcher un peu plus encore lorsque je reconnais Jae Duk. A cet instant précis je ne lui en veux pas, à cet instant précis je ne lui veux aucun mal, à cet instant précis, je suis juste heureuse d’être tombée sur lui. Je veux lui dire plein de choses, mais ma bouche refuse de coopérer. Je souris quand il s’arrête face à moi, et je tends le bras pour attraper son sachet en plastique en devinant ce que c’est. Alors je lui tends le billet qui se froisse entre mes doigts, et lui montre ma pochette au sol, un rail encore dessiné sur le miroir. « Tu m’accompagnes ? » Je m’entends parler de loin, de très loin alors que je pose mon front contre son épaule. J’ai envie de profiter de ce moment. Je ne sais pas ce qu’il sera de nous demain ; même si on est défoncés, je n’ai pas envie de le détester, fut un temps, j’ai adoré cet homme, je veux en garder un souvenir pas trop amer.

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Mon plastique qui s'envole, son rire, un billet plus qu'explicit en main, un sourire, sa tête contre mon épaule. Je n'arrive plus à me souvenir de quand nous nous sommes disputés. J'ai des parcelles d'une scène qui reviennent petit à petit, comme des flashs, je vois du sang, de la colère, beaucoup de colère, mais ce soir je n'ai pas envie d'avoir la rage. Je crois que je devrais lui en vouloir, je sais qu'il s'est passé des choses qui ne m'ont pas plu dans mon état le plus sobre. Je sais, en baissant les yeux pour regarder le billet, que le geste que je m'apprête à faire n'est plus qu'une sale habitude que j'essais de combattre. Je sais que ce petit rail sur ce miroir risquera de me faire péter les plombs, littéralement. Je sais beaucoup de choses, mais je n'ai jamais pu refuser quoique ce soit à ma reine.

Ma main qui était jusqu'à présent posé sur ses cheveux vient détacher ce petit chignon avant de faire un pas en arrière pour fixer son visage. De cette même main, j'écarte une mèche de cheveux de son visage avant que celle-ci ne prenne position sur sa joue. Elle est belle ce soir, comme elle l'a toujours été,... Mais ce soir plus que d'habitude. Je me sens triste tout à coup. Jae Duk à beau être l'homme le plus imprévisible, ne vous attendez pas à me voir pleurer ce soir : rien ni personne ne verra le roi pleurer, qu'importe les substances qu'il consomme. Je me sens juste triste, parce que demain ce sera différent. Malgré toutes ces inspirations, je ne suis pas stupide pour savoir que cette dispute qui me revient en tête était dévastatrice. Je devrais t'en vouloir... Ce soir, comme habituellement tous les soirs depuis cette dispute, mais pas ce soir. Je sens en mon for intérieur que je lui en veux beaucoup, alors avant de faire une chose stupide je lâche son visage avant d'aller me poser devant ce miroir. Obéissant le Jae Duk ? Complètement. Au moins, j'ai l'impression d'avoir été pardonné pour un crime que je n'ai, à ma connaissance, pas encore commis.

Il me faut moins d'une minute pour en finir avec ce rail. Ma tête tombe en arrière avant que je ne lâche un soupir de satisfaction. Je suis remonté comme une pile, comme je m'y attendais. Je voudrais me laisser tomber au sol pour regarder ces étoiles plus belle que d'habitude. Sans m'en rendre compte, je suis déjà debout, de nouveau face à celle qui jadis fût ma reine. Celle que j'ai essayé d'aimer. Je devrais t'en vouloir, mais pas ce soir. Le billet tombe à nos pieds lorsque j'attrape son visage entre mes mains avec une douceur rare encore une fois. Mon visage proche du sien, trop proche, je m'arrête à quelques centimètre de ses lèvres. Je meurs d'envie de l'embrasser, mais la dernière fois j'en ai payé le prix fort. J'ai beau me souvenir petit à petit de chaque instant et chaque parole, je n'arrive pas à lui en vouloir. Un jour tu me pardonneras tout ça. Tout. Mes déboires, mon comportement, ma méchanceté, mes paroles et ce baiser que je fini par lui voler, encore une fois. Je ne devrais pas faire ça... Mais... Je m'en fiche. Beaucoup de "mais"ce soir sur ce toit.

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C’est dans des moments pareils que je me retrouve dans le déni. Déni. Négation. Refus. Je dénigre ce que j’essaie de faire pour m’en sortir, je me surprends même à penser que tout le parcours que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui est vain. Chassez le naturel, il revient au galop. Oui, peut-être que physiquement je vais mieux, moralement aussi, je ne m’occupe plus que de mes besoins, je pense à moi pour une fois avant de penser aux autres, je ne travaille plus au Lucky Luke, je soigne mon image en quelques sortes, je me centre sur mes projets. Mais. Mais. Je me sens seule. Toujours aussi seule.

Tell me why, every time I look in my eyes, all the things I’ve always hated in myself come alive ?

Et maintenant, maintenant que je suis bien loin de la sobriété, j’ai l’impression d’être à ce temps, après une dispute, après une énième engueulade, où on se posait simplement, sans demander des comptes, où on profitait l’un de l’autre, parce que, à ce moment là, à ce temps là, c’est tout ce que j’avais. Ou du moins, tout ce que je pensais avoir. Malgré les insultes, malgré les différends, il n’essayait pas de me changer, il ne me jugeait pas, il endurait, il m’endurait, comme je l’endurais. Le temps ? Je n’en ai pas la notion. C’est mon roi. Mes cheveux retombent sur mes épaules, et je reprends quelque peu conscience. J’aime son regard sur moi ce soir, c’est plaisant. Je ferme les yeux lorsque sa main se colle à ma joue, j’apprécie le contact. Je ne réponds pas, je bouge simplement la tête pour lui faire comprendre de continuer sur sa lancée de ne pas s’arrêter là. Pour ces fois où il n’était pas avec moi ; rachète-toi.

Je ne le regarde pas faire disparaître la dope, je tourne sur moi-même, les yeux clos, mes cheveux s’envolant dans tous les sens. Et ça me fait sourire. Il n’y a pas de musique au dehors, mais une mélodie sonne sans cesse dans ma tête, me donnant envie de bouger. Mon corps reprend la pause, mes yeux le regardent, portant toute l’attention qu’une défoncée peut avoir sur lui.

Et puis, mon cœur bat vite, très vite. Cette douceur-là m’avait manquée, il m’avait manqué. Ces choses que je ne dis toujours pas, parce que ce serait être stupide, parce que je ne suis pas censée être attachée à un homme qui me fait du mal. « Parce qu’il ne me mérite pas. » Si j’avais eu confiance en moi, je serais peut-être encore avec lui, à combler la place dans son lit, dans ses bras. Ses mots résonnent dans mon esprit, et… je réponds à son baiser. Cette fois n’est pas comme la dernière. Il n’y a pas de haine, pas de dégoût, pas de volonté à l’humiliation. Il n’y a rien de tout ça. Il y a ce pourquoi j’avais cru pouvoir l’aimer, ce pourquoi je me suis attachée à lui, ce pourquoi j’ai encaissé les coups et restée avec lui, malgré tout. Je réponds à son baiser, posant mes mains sur les siennes, avec délicatesse.

« Je veux tout te pardonner… tout… mais… il paraît que ça prend du temps… et… toi alors… tu comptes me… pardonner… ? » ma voix est un murmure rauque, alors que je l’embrasse à nouveau avant de me reculer. Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux, regardant ce grand homme face à moi. Je suis toute petite moi, je suis toute frêle moi. « Perséphone… revient toujours vers Hadès… » Je hausse les épaules, et j’entends le bruit du sac plastique derrière moi ; il s’est coincé ne pouvant s’envoler plus loin. Je l’attrape, manquant de tomber, et m’assois au sol, au bord de ce toit. Je veux me défoncer, encore, et finir par croire que le temps peut s’arrêter, pour de bon.

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Un baiser. simple euphorie du moment. Le temps s'arrête. Ce soir, il n'y a qu'elle et moi, un souvenir du passé qui reprend vie le temps d'un court moment. Demain sera un tout autre jour, je retournerais voguer à mes occupations à Rio et Perséphone en fera de même. Nous prendrons soin de nous éviter afin de ne pas nous déchirer de nouveau.

Elle veut me pardonner. Pourquoi ? Je ne veux pas qu'on me pardonne ces erreurs, ces actes qui font de moi cet être que beaucoup révulse. Je ne veux pas que Perséphone me pardonne, ce serait trop simple. Ce serait oublier toutes ces choses, toutes ces conséquences qui sont encore en jeu aujourd'hui, toutes ces choses et actions planifié. Je ne peux pas. Je ne veux pas faire machine arrière et je ne le ferais jamais. Son visage aussi proche du mien, je plisse les lèvres. S'il est question de pardon, alors je n'y arriverais pas. Elle m'embrasse de nouveau, et son baiser me rappelle étrangement cette douleur ressenti lorsqu'elle m'a entaillé la joue sous la frénésie. Je ne peux pas. Je murmure aussi, sincère comme je l'ai rarement été. Il suffirait de lui dire oui, je te pardonne, qu'elle revienne chez les verts, que le cirque infernal reprenne... Qu'on soit tous les deux malheureux, qu'on recommence à se déchirer. Bien qu'elle se soit éloigné, mes yeux ne la quitte pas. Je revois la femme que je pense avoir aimé. Je pense, je n'en suis pas vraiment sûr. Qu'est-ce que l'amour en réalité ? Une forme de possession ? Elle était mienne pendant un moment, alors ... Pourquoi je ne sais pas ? Mes mains désormais libre passent l'une après l'autre sur cette cicatrice, ce cadeau d'adieu. Si je lui pardonne ce soir... Ce serait beaucoup trop simple.

Sa dernière remarque fait l'effet aimant, je me rapproche d'elle en quelques pas alors qu'elle me tourne le dos pour prendre en main le sac avant de s'assoir. Mes genoux plient derrière elle, me forçant à m'agenouiller derrière elle. Je devrais quitter ce toit, la laisser voguer à ses occupations et retourner aux miennes, mais je ne peux penser qu'à elle, rien qu'à cette reine. Et tu ne pourras pas me pardonner. Tu m'en voudras encore un moment, un peu plus chaque jour. Parce que je ne suis pas un saint, je refuse d'être sage et rangé. Glissant mes bras autour de sa taille, je pose mon menton sur son épaule pour fixer la ville s'animer au loin.
Si Perséphone revient toujours vers Hadès, alors lui-même a du mal à s'en détacher.

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Je veux pardonner, je veux en arriver là, parce que j’ai déjà assez de rancœur en moi. Il y a assez de haine pour m’habiter, sans lui, alors pourquoi continuer à haïr des personnes qui en soit, ne m’ont pas fait réellement mal ? Parfois, je lis dans le visage des gens qu’ils sont sereins, qu’ils sont bien avec leur vie, qu’ils ont trouvé le bon équilibre, et c’est ce que je veux pour moi, pour ma vie. Je souhaite sincèrement que la balance cesse de pencher aussi violemment du côté sombre pour me laisser respirer, sans avoir la poitrine lourde.

Alors oui, je sais qu’un jour je lui pardonnerai. Suis-je folle de penser, que lorsqu’il perd le contrôle, qu’il devient violent, que ce regard noir prend place sur son visage, il me rappelle Sôji ? Certainement. Ceci est quelque chose que je n’ai jamais confié à Shûji, par peur de me faire réprimander. Des fois, je me marre à penser que c’est exactement cet étrange équilibre dont je suis en quête ; quelqu’un de dur, d’intimidant, de déraillé, et pourtant, quelqu’un qui saurait prendre soin de moi, qui me mettrait sur une sorte de piédestal. Le prince charmant des contes n’existe pas, et puis, ce n’est pas celui qu’il me faut. Aucun mot ne sort de ma bouche. Il ne peut pas. Ou il ne veut pas ? Je hausse les épaules. Qu’il me pardonne ou pas, je vais continuer sur la lancée dans laquelle je me suis engagée. Je ne sais pas où je vais, mais, il n’y a plus personne pour s’approprier mes envies ou mes décisions.

Mes doigts jouent avec le sac, l’approchant de mon nez. L’odeur s’en est adoucie, mais elle est encore là. Je sens ses bras autour de moi, m’attirant contre son torse. Ma main se lève, ma main droite, et, j’ignore pourquoi, cette main tremble alors qu’elle recule pour se poser contre la joue de Jae Duk. « Je suis épuisée, je suis fatiguée de t’en vouloir. On peut pas me laisser tranquille putain ?! Je ris nerveusement, alors que je tape du pied par terre. Je viens de crier et j’ai envie de continuer. On peut pas me laisser tranquille. Je ne le serai jamais en fait. Allongeant la jambe, je réussis à trainer ma pochette vers moi, le miroir tiré avec celui-ci. Je passe frénétiquement mes mains dans mes cheveux alors que je me penche en avant, ma chevelure blonde couvrant mon visage. Demeurant ainsi un moment je fixe le sol, je fixe la noirceur, je ne fixe rien. « Ma vie est un échec. Et je le penserai jusqu’au jour où je mourrais. » encore un rire traverse mes lèvres alors que je sors le sachet de poudre. Ce n’était pas un tunnel ce trou dans lequel je me suis engagée, puisque je n’en vois pas la lumière à l’autre bout.

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Ce n'est pas une question de tendresse ou autre. Ce n'est qu'une sale habitude que j'ai du mal à perdre face à la demoiselle. Elle m'attire comme un aimant, parfois on se repousse, mais que je le veuille ou non nous finirons toujours par revenir l'un vers l'autre. Je voudrais faire des tas de choses, un nombre incalculable de choses sous l'effet stimulant de la cocaïne, mais j'ai peur d'en faire trop. Je voudrais la serrer un peu plus contre moi, me dire qu'une part d'elle m'appartient toujours mais c'est faux. Notre histoire n'est qu'une douce connerie, un mensonge, une simple façade aussi artificielle que celle de l'hôtel où on crèche.
Si Perséphone est épuisée, moi au contraire je me sens vivant, un peu plus chaque jour. Peut-être grâce à elle, peut-être grâce au fait qu'elle s'est tiré du jour au lendemain, qu'elle m'a rendu enragé en quelques minutes,... On ne peut pas te laisser tranquille. Tu es la source de tout. Et ce n'est pas forcément négatif venant de ma part à cet instant. La nippone a toujours connu ma nature sadique et destructive. Perséphone connait Hadès et sait à quel point il veut faire du monde un enfer. Il ne lui fallait qu'une muse pour réussir.
Alors que son corps s'éloigne de mon emprise alors qu'elle se penche en avant, je déroule mes bras pour venir m'assoir à côté d'elle. Je fixe les environs, avec ces idées qui ne me quittent pas.
Si la vie de Perséphone est un échec, elle se trompe totalement. Sa remarque me fait rire. Au début, ce n'est qu'un petit grognement, trahi par le mouvement de mes épaules... Et puis plus les secondes passent, plus je suis hilare. Quelle douce blague. Il me faut deux bonnes minutes pour réussir à me calmer alors qu'elle s'occupe de sa coke encore une fois. La paume de ma main gauche s'abat sur son épaule, un geste d'affection que je n'ai qu'avec les garçons en temps normal : Ethan, Kan, Rae Won et j'en passe... Peut-être que ce soir, Perséphone est un bro. Je ricane de nouveau. Un échec ? Une fille qui se trimballe avec un garde du corps est loin d'être un échec. Je me souviens de ce type qui est intervenu le jour de cette dispute. La nippone a une importance particulière dans le monde d'aujourd'hui. JE pivote mes jambes pour m'allonger, posant ma tête du côté de ses jambes sans me soucier du vide. Mon regard fixe désormais les étoiles. T'as ta place dans ce monde, Queenie. Du moins, dans mon monde, tu joues un rôle particulier. Et dieu sait qu'elle est courageuse de jouer sur ce terrain de jeu.
Ce soir, je me sens étrangement bien.

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La source de tout. Je ne pense pas la même chose. Moi j’agis en fonction des évènements qui surgissent, en fonction du comportement des gens, en fonction de ce que je vois et subis. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne jette pas la première pierre. Je préfère rester ainsi, penchée en avant, parce que je me suis mise à pleurer, et je ne sais pas pourquoi. Je suis perchée. Totalement perchée, et je ne vais rien arranger à mon cas. Je veux qu’on me foute la paix. Il faut que j’en parle avec quelqu’un qui connaît le sujet, mais qui n’en est pas au cœur. Les perles salées coulent sur mes joues, mais je garde silence et concentration en redessinant des rails de poudre. J’en fais disparaitre une, penchant la tête en arrière, passant ma main sous mon nez pour effacer toute trace, et essuyer mes joues aussi. Je pose ma tête contre son épaule, et en question de secondes, je ris aussi. Mais pourquoi est-ce que l’on rit ? Ah, pour ça, d’accord. C’est drôle, il ne se rend pas compte de ce qu’il dit, et je ne m’en rends pas compte non plus. « Il se trimballe… avec moi pour m’éviter… de mourir, je doute… que ce soit une bonne chose… je ne suis même pas bonne à mourir… cet enfoiré de Kazuya m’en a jamais… laissé l’occasion… toujours là pour jouer les héros… » Je prends une cigarette dans ma pochette, et il me faut trois tentatives pour réussir à l’allumer.

Je lève la tête en relâchant ma fumée, et ma main libre vient se glisser dans les cheveux du jeune homme. « Et c’est quoi ce rôle ? être… une princesse n’a rien… de beau comme dans les contes de… fée, moi je veux… juste être quelqu’un de banal… » Je tire à nouveau sur ma cigarette, riant nerveuse. Oui, ce ne sont que des émotions saccadées qui me traversent et me guident. J’ai envie de faire tout plein de choses, de crier encore et encore sur ce putain de toit. Je joue avec ses cheveux de mes doigts, avant de laisser divaguer ma main jusque son torse. « J’aimerais être importante pour quelqu’un… Je ne rêve ni de grandeur… ni de richesse… ni de ces trucs là moi… je rêve juste d’être vitale pour quelqu’un… comme quelqu’un l’a été pour moi… » Je place ma cigarette entre ses lèvres et soupire, fermant les yeux. Tant de choses à dire, et si peu de temps pour ce faire. « Jae... quel est ton rêve? »

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Empêcher les gens de mourir, en voilà une bonne idée. si seulement je pouvais avoir un garde du corps moi aussi, quelle douce blague. On va tous mourir à un moment ou un autre, alors pourquoi retarder l'inévitable. J'ai peur de mourir jeune certes, mais je suis bien conscient qu'à un moment ou un autre je vais devoir rendre le tablier, que ça me plaise ou non. Je préfère ne rien dire à ce sujet. Je préfère ignorer la remarque de Perséphone sur cet homme qu'elle nomme Kazuya. Je ne veux pas paraître jaloux en lui indiquant que personne ne doit l'empêcher de vivre sa vie si certaines de ses actions peuvent la mettre en danger, ça sous-entendrait que j'aurais préféré crever sous sa lame ce fameux jour. Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne sais plus trop ce que je veux faire et dire à cet instant. Ma reine semble bien triste à cet instant. Je relève une de mes mains pour poser la paume de cette sur la cuisse de Perséphone.
On était bien comme ça avant. Avant que tout ne parte en cacahuète. Avant que tout ne vole en éclat. On était bien, bien que nous fûmes malheureux. Parce que dans chaque part d'ombre, il reste une petite lueur, cette petite lumière d'espoir qui prouve que même en moi, il reste une part d'humanité. Je me tait jusqu'à ce que sa main s'aventure sur mon torse. Difficile à croire que ces derniers mois, nous étions sur le point de nous entre-tuer mutuellement.... Comme d’habitude finalement. Perséphone... La banalité, ce n'est pas pour les gens comme nous. La banalité, cette utopie, ce mensonge et cet ennuie. Si Perséphone souhaite être importante pour quelqu'un, alors elle n'a pas compris ce que je sous-entendait tout à l'heure. Attrapant la cigarette qu'elle m'offre entre mes doigts, je quitte sa cuisse et ma position pour m’asseoir en tailleur et la fixer avec insistance. qui a bien put lui être vital ? Moi ? Quelle drôle de blague, je ne veux pas y croire. Tu es importante. Plus que tu peux l'imaginer. J'ai peut-être pas été le meilleur pour te prouver le contraire, mais souvient toi de ce que je te dirais ce soir, parce que demain je serais moins lucide. Lucide. Il faut y voir clair dans tout ça. Je tire longuement sur la cigarette avant de lui rendre cette dernière, puis ma paume vient de nouveau se déposer sur la joue de la princesse nippone. Je n'ai pas de rêve. Je veux juste... Vivre sans regrets. Me lever un jour et me dire que j'aurais préféré faire autrement... Jamais de la vie. Tant pis si ce sont des appréhensions, je préfère ne pas regretter de ne pas avoir fait quelque chose. Et c'est justement ce qu'il se passe ce soir. Demain, même si je serais un peu grognon, je ne regretterais pas d'être resté sur ce toit en bonne compagnie,... Même si je la détesterais de nouveau.

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Je me cale dans ses bras, après tout ce qu’il vient de dire, je me cale juste dans ses bras, fermant les yeux. La banalité n’est pas pour nous, mais je ne suis pas faite pour autant de remue menage, je ne suis pas faite pour bouger sans cesse, je ne suis pas faite pour supporter les problèmes et les nouvelles histoires qui se balancent sur moi, sur nous. Je n’ai pas son endurance, je n’ai pas sa force. Je ne peux pas risquer d’être détruite encore une fois et pourtant, j’ai bien l’impression qu’on me réduit doucement en miettes. J’ai accepté de déménager à Suwon afin de me fondre dans la masse. Mais Jae Duk a raison ; ce n’est pas pour nous. J’ouvre un œil, j’aime bien avoir ma joue posée contre son torse nu. Comme avant. « Tu es le seul qui ait… essayé de me prouver quoi que ce soit… comme Sôji… c’pour ça que je suis restée avec toi… que je suis bien avec toi… parce que… » Parce que tu es différent de mon frère, mais au moins, comme lui, tu fais ce que tu dis, et tu restes fidèle à toi-même. Je plante alors mes ongles dans sa peau, contre son pectoral. « Je veux que tu sois uniquement à moi. » C’est tout ce que je voulais quand j’étais sa reine, je ne demandais pas plus que ça, mais, je ne sais pas pourquoi je dis ça maintenant, comme ça.

Et puis, rien n’a vraiment de sens. N’est-ce pas ? Ni lui, ni moi, ni rien n’a de sens ou de rationalité. Je me recroqueville, je me serre contre lui, j’ai envie de finir mal, très mal, j’ai envie de ne pas m’en souvenir demain, parce que si je m’en souviens, je voudrais le revivre. Jusque là je trouve tout plaisant, je trouve tout bien. « Tu n’as plus de colle ? »

J’ai froid, maintenant j’ai froid encore. Et j’ai envie de me défoncer. J’ai mal, j’ai mal partout en moi, j’ai mal aux bras, comme aux jambes, comme au cœur. J’en ai marre. En fait c’est le cumul de toutes ces choses que je ne sais pas gérer et que l’on m’a pas appris à gérer qui m’a rattrapé et m’a écrasé. « Quand je serai Reine… personne ne me manquera plus de respect… »

Je veux encore délirer, en restant dans ses bras.

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