Je suis rentré tard cette nuit ou plutôt tôt ce matin. J'ai dormi chez une amie. Imaginez ce que bon vous semble, je n'en dirai pas plus. Bref, la tête dans le chou, l'esprit ailleurs, le corps mou je suis rentrée vers sept heures du matin tel une limace presque desséchée. Néanmoins, mon esprit n'était pas assez affaibli pour que je ne me rende pas compte d'une présence intruse en ce lieu qu'était mon appartement - et bien évidemment celui de mon colocataire. J'aurais pu sourire et le traiter de coquin, de sacré dragueur et de pêcher de sirènes, seulement les chaussures semblaient un peu larges et masculines pour appartenir à une demoiselle, il en était de même pour la veste. Du coup, depuis ce matin, sept heures pétantes, je me pose des questions. Je ne compte quand même pas aller réveiller Liang, qui dort sûrement avec cette personne pour satisfaire ma curiosité qui ne devrait même pas avoir lieu d'être. Les fréquentations des autres m'importe peu en général, du moins, de mes amis masculins, mais là, ça se passe sous mon toit, alors j'ai un peu peur de poser mes fesses sur le canapé même si on s'était bien promis en signant le baille qu'on ne ferait " ça" nulle part ailleurs que dans nos chambres respectives.

Enfin bref, quand je suis rentrée je suis directement allé me doucher. Je sentais le fauve, le chaud, j'étais moite et dieu que je déteste être sale. Après cela, lentement mais sûrement, j'ai rangé un peu ma chambre puis les étagères du salon. J'ai fais coulé un café et depuis, je suis assis à table, mon café devant moi ainsi qu'un croissant, et le journal en main. Soudainement, un inconnu sort de la chambre de Liang, étonné je le regarde avec de gros yeux. Vu sa dégaine et ses cheveux en bataille, le jeune homme a dû passer... une bonne nuit? Du coup ça fait tilt dans ma tête alors que le damoiseau me salut d'un signe de la tête et part. Liang est gay? Réellement? Toujours choqué, je cherche quelqu'uns de mes cours pour les relire. Quelques temps plus tard, Liang arrive et me salut, geste de la main que je lui retourne mollement. Une fois assit face à moi, je n'arrive plus à me concentrer sur mes révisions. Alors je le fixe. Son visage, ses mains, puis ses lèvres. Ont-elles touchées celles de l'autre gars? « Euh...» Okay, il n'y a qui veuille sortir de ma bouche. Je me racle la gorge et bois une gorgée de mon second café avant de me racler la gorge une nouvelle fois.« C'était qui... ce gars? » J'aurais très bien rajouter qu'en réalité je m'en fous de ses fréquentations mais que je suis curieux, parce que c'est comique comme situation mais honnêtement, vous me voyez sortir une telle phrase? « T'es gay? »

Est-ce que je suis entrain de le tuer? Bonne question quand on voit la réaction extrême qu'il a lorsque je lui demande s'il est gay. Est-ce une tare d'être homosexuel? Voilà une deuxième bonne question à laquelle je répondrai négativement. Je ne suis pas homophobe, pourquoi prend-il peur d'un coup par conséquent? Troisième bonne question. Peut-être parce qu'on en a jamais parlé. Voilà pourquoi. Suis-je bête. Après tout, ce n'est pas comme si Liang et moi parlions beaucoup. Quelques regards suffisaient parfois à savoir ce que l'autre désire comme silence, café, manger, ou l'appartement est crade faut nettoyer. Oui, fortiche, faut l'avouer. On est quand même classe comme colocataires. Ose-t-il me demander de répéter? Le veux t-il réellement d'ailleurs? Vu sa première réaction, je ne me risquerai pas à redemander s'il est gay. Il risquerait de nous faire une crise cardiaque en plein milieu du salon et sincèrement, je suis trop crevé pour me la jouer secouriste. Pourquoi nie-t-il encore? De toutes manières, j'ai déjà remarqué une trace suspecte. Je dois vraiment avoir l'air méchant en fait. Après tout, j'ai déjà reçu des remarques comme quoi mon visage faisait peur, qu'il a l'air fermé et intolérant. Mais je n'y peux rien si mon air naturel ressemble à ça, à l'intérieur c'est tout autre. Je me fiche de qui se tape qui tant qu'on touche pas à ma réserve personnel. Ca fait un peu ouga aga pipi caca dit comme ça, c'est pourtant le fond de ma pensée. « Trop ivre je veux bien le croire » rétorqué-je d'un ton moqueur et amusé. Je finis ma tasse pendant qu'il tente une fuite. Liang se tourne dos à moi, signe qu'il ne veut pas m'en parler et qu'il fuit mon regard. Mais mec, depuis que tu t'es lamentablement étouffé suite à ma question, t'es cerné. « Et ce mec quand il est ivre il se transforme en sangsue? » En d'autres termes, il est vraiment bien dessiné ton suçon, mais si tu veux le cacher, tu devrais mieux t'y prendre plutôt que de me montrer ton arrière-train. Je pose mes coudes sur la table et appuie ma tête contre mes poings. Un sourire coquin se dessine sur mes lèvres et j'ajoute, toujours sur le même ton taquin « Vous avez... baisé? » Pourquoi être choqué par ma question, il n'y a pas de subtilité futile entre mecs, sachez-le.

Je laisse un soupir blasé s'échapper d'entre mes lèvres, lui faisant comprendre que moi, je sais de quoi je parle et qu'il n'a pas à se cacher. Je peux le comprendre, c'est sûr. Etre gay dans un monde qui s'ouvre à peine à ça, c'est dur. D'un côté, je peux compatir, se cacher tout le temps ne doit pas être agréable, avoir peur sans cesse d'être découvert et lynché non plus. Qu'il ne s'en fasse pas, il est mon ami et rien ne sortira de ma bouche. Il est déjà dur de me faire parler alors me faire sortir les vers du nez, ça l'est encore plus. Ma tête reposée contre mes poings, mon sourire bien moqueur s'agrandit lorsque Liang se tourne enfin face à moi. Je trouve cette situation incroyablement drôle et je ne me gêne pas pour qu'il le comprenne. Quel coquin celui-là! Croyait-il qu'il pouvait me le cacher toute la vie? C'est mort! « Si quelqu'un l'apprend, ça ne sera pas de ma bouche. » Et ceci est une promesse. Je suis un homme de parole, il peut compter sur moi. Je laisse mon regard contempler cette jolie trace violacée, parfaitement tracée. Je penche ma tête et toujours moqueur mais pourtant curieux je demande. « Alors, c'est vrai qu'un mec suce mieux qu'une fille? » Ben quoi? J'ai pas le droit de savoir. Qui sait, si un jour les meufs me dégoûtent, je vire gay... J'ai du mal à me convaincre moi-même je l'avoue mais on ne peut prédire l'avenir.

Je hausse les épaules en souriant, comme lui signifiant que c'est normal que je garde le secret, qu'il est évident que je ne le trahirai pas. Finalement, je ne pense pas que Liang soit totalement gay, je l'ai déjà vu avec des filles, et il n'avait pas l'air de faire semblant. C'est bien comme il fait, il ne se fait pas chier quoi. S'il en a marre des filles, il peut aller voir les mecs et inversement. Je lui envie cela, seulement, pour ne pas changer mes propos, je ne suis toujours pas attiré par les mecs, même en enviant Liang. Je ris légèrement lorsque le chinois se plaint de sa marque. J'avoue que je n'aime pas non plus quand une fille me suçote la peau pour marquer son territoire. On n'appartient qu'à soi-même. Mais c'est marrant à faire. Puis j'assume le fait que j'ai souvent utiliser cette technique pour montrer à une fille qu'elle est à moi, ainsi, son cœur d’artichaut ne battait que pour moi et j'en faisais ce que j'en voulais. Peut-être que je mérite vraiment mon titre de connard sans coeur. « Peut-être que tu lui as vraiment plus? Je risque de le revoir du coup? »demandé-je complètement espiègle, me moquant gentiment de mon ami. Finalement, je lui pose la question que tout homme se pose quant aux homosexuels, sont-ils plus doués pour la fellation. Et sa réponse est sans appelle. Je tape doucement sur la table et soupire en jetant ma tête en arrière. « Mais c'est l'arnaque putain! Pourquoi les meufs savent pas faire ça correctement? » A vrai dire, j'en ai eu peu, des meufs qui savaient sucer, j'ai eu quelques exceptions, naturellement et tant mieux, mais je suis sûre que le pourcentage de femmes qui exerce la fellation correctement est bien plus bas que celui des hommes. Ca y est je suis jaloux, c'est trop triste d'être hétéro.

Je ris de plus belle quand je vois et entend Liang râler sur le fait qu'il ne se voit pas sortir avec un homme. Mon côté hétéro le comprends, mais ça, c'est tout à fait normal. Seulement, le fait de savoir cela me rend perplexe. Je n'ai pas le temps de lui poser la question qui me trotte méchamment dans la tête qu'il me rétorque que les femmes peuvent très bien ne pas être satisfaite de nous. J'allais rétorquer qu'elles ne nous réclameraient pas autant si c'était le cas mais je me trompe. En effet, dans ce cas là, même si elles sucent mal, nous les hommes, on ne les réclameraient pas non plus. Du coup, je me dis qu'on est putain de chiant nous les humains. Je médite alors quelques instants avant d'offrir un sourire plus que fier à mon colocataire, tout en triturant ma tasse du bout des doigts. « En tout cas, je n'ai pas eu de mauvais retour pour ma part. » Si j'avais été dans un dessin animé, sûrement que comme le grand méchant qui vient de finir l'élaboration de son plan maléfique, j'aurais fini par rire d'un air machiavélique. Mais bon, je suis Aoki Makoto, ne l'oublions pas, par conséquent, ça n'arrivera pas même si je pète d'orgueil. Enfin, la question qui me perturbait l'esprit auparavant me revient en tête. J'hésite quelques secondes avant de finalement me lancer. « T'assumes pas? » Je me frappe mentalement, parfois je me hais d'être aussi démuni de tact. J'espère ne pas l'avoir froissé... Je tente alors de me rattraper. « J'veux dire, si ça te gêne d'en parler, on peut arrêter là. »

Alors qu'on débat sur le fait qu'une grande partie des femmes ne savent pas sucer, mon esprit s'emballe et commence à me lancer un film où Hee Mi s'apprête à me faire une fellation. Ca en devient vraiment chiant d'être obsédé par cette fille. J'espère pour elle qu'elle sait bien s'y faire. Je souris à sa remarque avant de réfléchir aux paroles suivantes. C'est vrai qu'être homo est dur à vivre. Et c'est une chose qui m'énerve. Avec toute cette bromance qu'on voit chez ses boysbands, tous ces acteurs qui s'amusent à faire crier les filles en s'embrassant sur la joue, sur la bouche, ces rockeurs qui s'amusent à jouer sur l’ambiguïté de leur orientation sexuelle. Avec tout cela, on n'accepte toujours pas le fait qu'être homosexuel ou bien bi soit naturel. Je me dis chanceux d'être hétéro, je n'ai au moins pas ça sur la conscience mais je plains Liang, ça ne doit vraiment pas être facile à lire. « Tu t'en sors bien. » Bien oui, personne, je pense, ne se douterait que Liang soit bi. Il a des manières d'hétéro et il drague de la meuf sans problème donc voilà. Il hocha la tête. « Je vois mal un mec faire la lessive et préparer les repas... » Donc oui, je comprends, tel un macho, qu'il préfère les femmes. Ouaip.

HS:

Et bim dans ma face. C'est vrai, je ne l'ai découvert qu'aujourd'hui. Mais il faut avouer que je m'intéresse peu aux affaires des autres - contrairement à Su Ah. Je ne suis pas un fouineur et encore moins un harceleur. Tout le monde hormis Seong Hee et Hee Mi fait ce qu'il veut de son corps et de sa vie. Je crois que j'ai assez de soucis dans ma propre vie pour me préoccuper de celle des autres. Enfin, c'est relatif. Si un de mes amis a besoin de moi, je vais l'aider sans tarder. J'ai beau être un taciturne quelque peu solitaire, j'ai quand même besoin d'amis et de les savoir heureux. Je me lève et me resserre un peu de café avant de me rasseoir tranquillement sur ma chaise. « C'est vrai. » Je me mets soudainement à rire d'un ton léger lorsque Liang me déclare qu'il fait la vaisselle et la popote depuis des années. J'avais omis cela parce qu'en fait, c'est tellement évident à mes yeux, tellement naturel de le voir préparer à bouffer le soir que j'ai totalement zappé. « L'exception qui confirme la règle. » déclare-je afin de me rattraper. Je lève ma tasse à mes lèvres et commence à boire de mon café. Mon sourcil se lève lorsqu'il commence à me poser une question. En entendant le prénom de Hee Mi, j'avale de travers le liquide chaud, pose sens aucun tact la tasse sur la table et commence à tousser. A l'enfoiré, il aurait pu attendre que j'ai fini de boire avant de parler de cette envoûteuse. Je me calme enfin et tilte. Pas trop content, je me demande quelle relation ils entretiennent tous les deux. « Tu la connais? Et où tu veux en venir concrètement? » Je le dévisage, tentant de décrypter quelque chose mais soit, mon taux de perspicacité à dû être atteint quand j'ai découvert l'orientation de Liang, désormais, la jauge doit se remplir à nouveau. Entre temps, je dois me démerder comme je peux.

Effectivement, Liang était bien l’exception qui confirmait la règle. On lui disait souvent qu’il était bon à marier. Cela lui faisait plaisir même s’il espérait trouver une petite femme capable elle aussi de cuisiner des bons petits plats. Il se voyait rentrer du boulot et découvrir un bon repas tout prêt fait par son épouse. Alors il voulait bien être l’homme parfait mais il y avait des limites. Liang décida de changer de sujet pour en aborder un beaucoup plus sensible si on en jugeait par la réaction de Makoto plutôt violente. Lui aussi était à deux doigts de s’étouffer. Il ne put s’empêcher de se dire : chacun son tour mon vieux. Et afficha par conséquent un petit sourire moqueur. En tout cas elle devait beaucoup lui plaire pour qu’il réagisse de façon aussi excessive. « Je la connais plutôt bien oui. » Il laissa planer le mystère juste pour le faire paniquer un peu plus. Il allait jouer un peu avec lui. Rien  de bien méchant. Juste comme un mec pourrait se foutre de son pote. « On se voit de temps en temps. » Ajouta-t-il dans l’espoir de créer une autre réaction aussi importante que la précédente. Il comptait le taquiner un peu là-dessus. Il ignorait s’il ressentait quelque chose pour elle mais il était clair qu’Hee Mi craquait totalement pour lui. « Je crois que tu lui plais bien, non ? » Il n’avait sans doute pas besoin qu’il lui dise. Makoto faisait partie de la catégorie des séducteurs alors il s’en était surement rendu compte depuis un bon bout de temps mais Liang cherchait indirectement à savoir ce qu’il ressentait réellement et pour ça rien de mieux que de le tester un peu.  

Toute cette conversion prend une tournure qui ne me plait pas. En effet, c'est moi qui doit le charrier et non l'inverse. Le découvreur est découvert et dieu que ça m'agace d'être le perdant de la partie. Je lui ferai bouffer son sourire. N'y voyez pas de colère, je suis juste mauvais perdant. Et je ne vois aucun problème à prendre notre discussion pour un jeu, pour le moins du monde je me sens puéril. Je n'aime pas ses réponses. Il la connait plutôt bien. Cela veut dire quoi exactement. Ils sont amis? Connaissances? Amis depuis l'enfance? Plus qu'amis? C'est quand il me dit qu'il la fréquente souvent que mes sourcils se fronces machinalement et que je sens une légère pointe de jalousie s'étaler dans mon sang. « Tu te la fais? » Sérieusement, si c'est vraiment le cas, je ne pourrai plus m'approcher Hee Mi. Non parce qu'elle me dégoûte, finalement elle fait ce qu'elle veut avec son cul - même si cela ne me rend pas fou de joie - mais parce que je touche pas aux nanas des potes. Cependant, sa question m'adoucit quelque peu et un sourire presque fier se dessine sur mes lèvres. Je suis heureux d'entendre ça, même si je le savais déjà. « Vu ma beauté, c'est compréhensible! » répondé-je dans un ton à la fois sérieux et amusé. Parfois je me blase moi-même. « Pourquoi toutes ces questions? T'as des vues sur elle? » Je soupire et finie mon café tranquillement. « Chasse gardée, désolé mec.» dis-je tel un prédateur qui veut garder sa proie pour lui tout seul.